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‘’Nous avons fui Idlib’’

Publié le mardi 27 mars 2018

Dans le nord de la Syrie, la région d’Idlib est frappée, depuis fin décembre, par d’incessants bombardements. Après un mois passé sous les bombes, 200 familles de la ville de Jarjanaz ont dû fuir leur village, réduit en ruines. Marwa et Hassan racontent l’histoire de leur famille.

 

Je revenais du ‘‘Souk » avec mes deux fils. Dès mon arrivée, les hélicoptères ont commencé à bombarder le village. C’est la dernière fois que j’ai vu ma maison, et la dernière fois que je suis entré dans le village . » Hassan, père de famille

 

« Les bombardements ont commencé sans avertissement, explique Hassan, et la plupart des familles se sont échappées du village avec rien d’autre que leurs vêtements sur le dos. Pendant les dix jours suivants, ils sont restés autour du village, dans les champs. Certaines familles ont construit des tentes de fortune, d’autres ont cherché refuge dans des abris souterrains qu’elles avaient creusés il y a plusieurs mois. « Juste au cas où ». De nombreuses familles dormaient à ciel ouvert, à la merci du froid glacial. Ils n’ont rien mangé ou bu pendant plusieurs jours.

Il était impossible de retourner au village lorsque les raids aériens se sont arrêtés, à cause des bombes non détonées et des avions itinérants qui visaient les champs entourant les villages ainsi que tout ce qui bougeait. Des hommes se sont faufilés au milieu de la nuit dans les villages les plus proches qui n’avaient pas encore été frappés, à des dizaines de kilomètres de distance pour essayer d’acheter de la nourriture ou de l’obtenir par charité.

Nous avons essayé autant que possible de rester près de notre village, mais c’était insupportable. Nous avons dû partir. »

Quel autre choix ?

En Syrie, nous avons deux options. Soit nous allons dans les zones tenues par le gouvernement et nous risquons alors que nos maris et nos garçons soient forcés de servir dans l’armée, soit nous allons dans les zones tenues par les rebelles et risquons d’être bombardés à nouveau tôt ou tard ».  Marwa, mère de 5 filles

 

Dans un premier temps, Hassan a pu envoyer sa femme dans un village près de la frontière syro-turque, tandis qu’il louait une maison dans un village situé à 100 kilomètres de Jarjanaz.

« Quand ils savent que tu es déplacé, le loyer augmente. Je payais 100 dollars, mes parents en payaient 200, d’autres payaient 250. Les propriétaires commencent même à demander des avances de paiements. Je n’avais aucune possibilité d’emploi. Le coût de la vie a fortement augmenté, et avec le risque constant de nouveaux bombardements de villages, les familles qui ont jusqu’ici réussi à économiser de l’argent se retrouveront bientôt avec peu d’options : être ruiné, se livrer à des activités illégales, participer à la guerre ou utiliser l’argent qu’il leur reste pour quitter le pays. Ceux qui n’avaient pas d’argent dorment maintenant dans la rue et mendient pour obtenir de la nourriture. »

Le trajet jusqu’au Liban

 

Marwa, elle, a mis 3 jours en voiture pour atteindre la frontière libanaise. Elle a dû passer par d’innombrables points de contrôle de l’armée.

« Sans le recours à un contrebandier, il aurait été impossible d’arriver vivants. Il nous a d’abord demandé 1 000 dollars, puis 2 000. Au milieu de la route, face à cet homme armé, impossible de négocier. Nous avons payé ce qu’il demandait. Mon fils de 2 ans pleurait fort. Le contrebandier a pointé une arme sur sa tête et a menacé de lui tirer dessus s’il ne s’arrêtait pas. Je ne pouvais rien faire d’autre que le supplier. Ce fut le moment le plus difficile de toute ma vie »

Hassan, Marwa et ceux qui pouvaient se permettre de fuir la Syrie vers le Liban sont maintenant hébergés temporairement dans les abris de leurs proches et de connaissances. Pour l’instant, ils vivent de la charité de leurs voisins et de l’aide apportée par les ONG.

 

Au moins, mes enfants sont en sécurité. C’est tout ce qui m’importe maintenant. Tout le reste est supportable. » Hassan

  • 5,6 millions d'habitants
  • 112ème sur 191 pays pour l'Indice de Développement Humain
  • 122 148 personnes secourues
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Hassan et sa famille, quatre jours après leur arrivée au Liban.

Pour soulager les souffrances de ceux qui parviennent à trouver refuge au Liban, SOLIDARITÉS INTERNATIONAL travaille aux côtés de leurs communautés d’accueil pour améliorer les conditions de  vie des plus vulnérables, en sécurisant leur logement et en leur donnant accès à l’eau potable. Nos équipes réhabilitent et construisent des infrastructures d’eau et d’assainissement, et installent des réseaux de distribution d’eau. Pour minimiser les risques de crise sanitaire, elles mènent des campagnes de sensibilisation.

Les réfugiés et les communautés d’accueil travaillent ensemble, contribuant ainsi à renforcer la cohésion sociale. Pour soulager la pression sur les ressources hydriques et alimentaires, SOLIDARITÉS INTERNATIONAL propose également des programmes de formation axés sur les nouvelles techniques agricoles, en particulier l’agriculture urbaine.

Pour donner aux gens la liberté de choisir comment ils dépensent leur argent, Solidarités International distribue enfin de l’argent liquide aux familles réfugiées. Une aide financière qui leur permet de prendre le contrôle de leur vie. Question de dignité.

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