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Sahel : une crise alimentaire et nutritionnelle qui ne cesse de prendre de l’ampleur

Publié le mardi 20 septembre 2022

Déjà confrontée à une grande fragilité, la région est, au-delà de ses difficultés structurelles, impactée par une actualité internationale aggravant sa situation. Les besoins d’assistance y sont croissants.

27,3 millions : c’est le nombre de personnes ayant besoin d’une assistance alimentaire d’urgence au Sahel et en Afrique de l’Ouest. Un chiffre qui pourrait grimper à 38,3 millions si des mesures ne sont pas prises pour soutenir les pays concernés. Burkina Faso, Mali, Niger, Nigéria : l’insécurité, jusqu’ici localisée dans les zones du bassin du Lac Tchad, du Liptako Gourma et du nord Mali, s’étend et a déjà occasionné le déplacement de 5 millions de personnes. Le niveau de prix exceptionnellement élevé de certaines denrées, conjugué à des revenus encore largement affectés par la crise sanitaire, contribuent eux aussi à amplifier une urgence alimentaire et nutritionnelle qui touche également des pays comme la Mauritanie, la Sierra Léone, le Libéria, le Togo, ou encore le Bénin.

Autre cause qui exacerbe cette crise majeure : les effets du dérèglement climatique. “L’insuffisance des pluies empêche les herbes d’atteindre leur maturité. Cela cause la maladie voire la mort de certains de nos animaux. Cette réduction du bétail engendre notamment la cherté de la viande sur les marchés”, témoigne un habitant de Titao, au nord du Burkina Faso.
Même constat sur le secteur 8 de Djibo (province de Soum au Burkina Faso), où un agriculteur confirme que les déficits pluviométriques et la mauvaise répartition spatiotemporelle des pluies frappent de plein fouet les populations locales : “certaines familles n’ont rien récolté. La famine est déjà là et, sans l’aide des ONG ou du gouvernement, les ménages ne pourront pas le supporter”.

Les conséquences chiffrées sur les rendements agricoles 2021-22 au Sahel ? Une baisse de production céréalière de 10 % au Burkina Faso, 15 % au Mali, ou encore 37 % au Niger… Dans la région, la sécheresse va désormais de pair avec des épisodes de pluies à la fois diluviennes et dévastatrices, ayant elles aussi des répercussions sur les moyens de subsistance des populations. Un cercle vicieux qui, faute de terre capable d’absorber la montée des eaux, avait par exemple provoqué de nombreuses inondations au Mali et au Niger en 2019.

Le conflit en Ukraine, un nouveau drame pour le Sahel

Un drame peut en cacher d’autres : la crise russo-ukrainienne raisonne également au Sahel. Places fortes du marché mondial de céréales et d’oléagineux, les deux pays voient en effet leurs exportations s’étioler depuis le début du conflit, en février dernier. À ces problèmes d’approvisionnement en ressources essentielles qui tendent à s’installer sur la durée, la flambée des prix de l’énergie (et donc l’inflation des coûts de transports qui va avec) génère elle aussi une tension sur les tarifs des denrées de bases…

Dans cette même lignée, la Communauté Économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) estime que la région va devoir faire face à un déficit d’engrais allant de 1,2 à 1,5 tonnes, soit 10 à 20 tonnes de céréales en moins. Traduction : à l’heure où des pays comme le Burkina Faso, le Mali et le Nigéria affichent une forte dépendance vis-à-vis des engrais (respectivement 35 %, 22 % et 18 % de leur production), le Sahel pourrait connaître une chute de sa production céréalière d’environ 25 % par rapport à celle enregistrée en 2021 (73 millions de tonnes), et de 20 % sur la production agricole globale sur la moyenne établie entre 2017 et 2020. Avec seulement 46 % des besoins en engrais couverts au 30 avril 2022, cette pénurie menace, à très court terme, d’intensifier la situation de crise au Mali, au Burkina Faso, mais aussi au Ghana. Là encore, les prix ne cessent d’exploser : la tonne d’urée coûte aujourd’hui 800 $ (cet engrais agricole était vendu 300 $ entre 2016 et 2020), l’indice FAO des prix alimentaires est en hausse de 12,6 % entre février et mars (son plus haut niveau depuis sa création en 1990), +33 à 70 % sur les céréales, notamment le maïs…

Une maman malienne mesure le périmètre brachial de son enfant.
Cette mesure est un des principaux outils utilisés afin de dépister les cas de malnutrition chez les enfants.

Solidarités International sur tous les fronts

Réponses en urgence aux déplacements de populations ou aux crises climatiques extrêmes, renforcement de l’accès à l’eau et à l’alimentation au Mali, maintien des infrastructures en eau et protection des moyens d’existence au Burkina Faso, transferts monétaires pour les familles avec enfants en situation de malnutrition au Cameroun, installation de points de stockage d’eau potable dans les centres de santé au Niger, protection sociale et préparation aux catastrophes naturelles au Tchad, projets dans les secteurs de l’eau, l’assainissement et l’hygiène ainsi que la sécurité alimentaire au Nigeria (…) : les équipes de SOLIDARITÉS INTERNATIONAL multiplient leurs actions de terrain pour faire face à la crise alimentaire et nutritionnelle qui sévit au Sahel. Productrice agricole dans la commune de Djankoss (Mali), Aminata Sanofo a quitté son village d’origine il y a quelques mois pour s’installer à Doundédaga, dans le cercle de Tominian. Dès son arrivée, cette veuve de 51 ans et ses quatre enfants à charge ont pu bénéficier du soutien de SOLIDARITÉS INTERNATIONAL : “vêtements pour mes enfants, achat de nourriture et d’une chèvre que j’élève : tout cela m’a permis de répondre à des besoins essentiels et d’améliorer ma situation, même si des besoins demeurent”.

À quelques centaines de kilomètres de là, du côté de Timassa, Fatou Djibo qui est relais communautaire, a été formée par SOLIDARITÉS INTERNATIONAL, et le centre de santé de référence, aux bonnes pratiques nutritionnelles ainsi qu’à la préparation de la bouillie infantile enrichie. Un savoir-faire que l’agro-éleveuse de 48 ans transmet lors de séances de sensibilisation de masse, durant lesquelles le dépistage de la malnutrition chez les enfants de 0 à 59 mois et le référencement des enfants malnutris est systématique. “Sans oublier le sujet de l’allaitement exclusif”, conclut-elle . Au Mali, plus de 86 000 personnes ont déjà pu bénéficier de l’aide apportée par SOLIDARITÉS INTERNATIONAL depuis 2012. Un chiffre qui illustre l’instabilité d’une région plus que jamais en proie à la crise alimentaire
et nutritionnelle qui touche des millions de personnes au Sahel.

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