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Au Sahel central, l’aide humanitaire dans un contexte hors du commun

Publié le mardi 16 avril 2024

Inédite par la rapidité de sa détérioration et par sa vitesse de propagation, la situation du Sahel central (Mali, Burkina Faso et Niger) condense les grandes crises contemporaines. L’action humanitaire, mise en œuvre par des équipes nationales ou de la sous-région, est entravée par des questions de sécurité complexes. Dans cette région plus qu’ailleurs, SOLIDARITÉS INTERNATIONAL confirme son identité d’acteur frontliner – au plus près des lignes de front – là où les besoins humanitaires sont les plus criants.

Au Sahel central, les conflits violents et constants sont la cause première de la crise humanitaire qui touche 17 millions de personnes aujourd’hui. Les lignes de front se déplacent au gré des changements d’allégeance, des fortunes et infortunes des différents groupes armés, plongeant des régions entières dans l’insécurité et jetant les populations sur les routes pour fuir les combats.

La situation humanitaire est fortement dégradée d’autant plus que ces conflits prennent place dans des régions déjà très fragilisées par l’isolement géographique et l’absence de services publics. En 2023, 8 824 écoles ont ainsi fermé dans les trois pays du Sahel central. L’accès à l’eau est trop rare, les forages manquent. L’insécurité alimentaire et nutritionnelle est chronique au Sahel, et elle est aggravée par les inondations et sécheresses dont la sévérité et la fréquence augmentent avec le dérèglement climatique.

Le tableau peut paraître sombre, il n’en reste pas moins réel. Pour aider les populations à se relever, nos équipes font face à des défis particulièrement prégnants.

Travailler dans des conditions extrêmes de sécurité

Dans la zone des trois frontières, le Liptako-Gourma, les conditions de sécurité sont délétères, volatiles. Porter assistance aux personnes au plus près des lignes de front fait partie de la mission de notre ONG. Aussi, malgré les difficultés nos équipes s’emploient à maintenir les opérations et ouvrent des bases dans les régions les plus reculées, les plus difficiles. Il faut sans cesse négocier avec les militaires et les divers groupes armés pour réussir à accéder aux populations. Certaines bases ne sont plus accessibles par la route. Trop de risques d’attaque ou d’engins explosifs sur les axes routiers. Dans ces situations, les équipes accèdent aux bases par les vols du Service aérien humanitaire des Nations unies. Si les humanitaires ne sont pas directement ciblés, ils peuvent être des victimes collatérales. Chaque risque est donc analysé pour faire les bons choix, décider d’évacuer le cas échéant, ou de se confiner. Presque 400 salariés de SOLIDARITÉS INTERNATIONAL sont actuellement présents au Sahel central, dont 93 % sont originaires du Sahel et l’immense majorité sont des équipes recrutées localement. La plupart des salariés apportent donc une assistance humanitaire tout en étant eux-mêmes affectés par l’insécurité croissante et la dégradation générale du contexte humanitaire au Sahel.

Djibo, ville-emblème des blocus

C’est la situation que connaissent nos équipes au Burkina Faso depuis quelques mois. Dans ce pays, plus d’une trentaine de villes subissent un blocus. À l’heure où nous écrivons ces lignes, il est impossible d’entrer ni de sortir de Djibo au nord du pays. Les commerces ne sont plus achalandés, le réseau d’eau est attaqué pour asphyxier cette agglomération de 300 000 habitants, dont la moitié sont des enfants, et qui accueille de nombreux réfugiés d’autres régions du pays. En 2022, une évaluation avait déterminé que 35 à 85 % de la ration quotidienne des habitants était constituée de feuilles sauvages, les agriculteurs n’ayant plus accès à leurs champs en périphérie de la ville. La quantité d’eau disponible a atteint trois litres par jour et par personne pendant des semaines, ce qui est moitié moins que le minimum vital. Une vingtaine de salariés de SOLIDARITÉS INTERNATIONAL y continuent le travail quand cela est possible, mais quand le niveau d’alerte est maximal, un confinement s’applique. L’équipe s’astreint alors à un protocole de sécurité adapté, et nous lui envoyons des vivres dès que les vols humanitaires le permettent. On évacue quand cela est possible ceux qui ne résident pas dans la ville. Les collaborateurs locaux restent souvent dans leur famille, mais il est arrivé que certains demandent à être évacués également, comme ce fut le cas à plusieurs reprises à Ouagadougou. Tous ont la possibilité de recevoir une aide psychologique s’ils le souhaitent.

Malgré ces conditions de travail hors du commun, grâce aux équipes du Sahel, SOLIDARITÉS INTERNATIONAL reste en capacité d’agir avec efficacité. Nous donnons accès à une eau propre et saine, nous construisons des forages, nous fournissons une aide alimentaire, nous distribuons de l’eau et construisons des abris. Nous aidons également les populations à développer leurs moyens d’existence en distribuant des outils, des intrants, ou en proposant des formations. La continuité de nos actions dans ces zones parmi les plus difficiles est une fierté. Elle est rendue possible par les équipes, les partenaires, les bailleurs, et par les donateurs. En 2023, grâce à l’engagement de tous, environ 1,7 million de personnes¹ ont pu recevoir l’assistance de SOLIDARITÉS INTERNATIONAL.

¹À l’heure où nous écrivons ces lignes, les données des programmes ne sont pas encore clôturées

Photo : © Almoudou Mahamane BANGOU / SOLIDARITÉS INTERNATIONAL

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