21 MAI 2024
À Deir el-Balah, délivrer l’aide malgré les contraintes
Au centre de la bande de Gaza, dans la localité de Deir el-Balah, SOLIDARITÉS INTERNATIONAL a installé une première station de désalinisation d’eau qui permet aux personnes d’accéder en autonomie à de l’eau potable. En parallèle, l’acheminement de l’aide humanitaire, déjà strictement limité depuis le début du conflit, est devenu mission quasi impossible après la prise de contrôle de Rafah par l’armée israélienne le mardi 7 mai. Cet événement, et les combats qui se poursuivent, ont encore aggravé la précarité des Palestiniens de Gaza, contraints à fuir une nouvelle fois.
Sept mois après le début de la guerre à Gaza, la situation humanitaire dans l’enclave est catastrophique. Plus de 35 000 civils ont perdu la vie sous les bombardements massifs et au moins 78 000 ont été blessés¹. Pour survivre, 1,7 million de Palestiniens ont été contraints de fuir leurs habitations détruites, drame auquel s’est rapidement ajouté le manque de nourriture et d’eau. “Quand on emprunte la route côtière qui relie Rafah à Deir el–Balah, c’est un choc de voir sur la plage cette étendue de tentes et d’abris de fortune faits de bouts de bois et de bâches” confie Anne-Sophie Morel, coordinatrice terrain pour SOLIDARITÉS INTERNATIONAL à Gaza.
Palestine, bande de Gaza
Contexte et action- 2,3 millions d'habitants
- 111ème sur 191 pays pour l'Indice de Développement Humain
- 18 667 personnes bénéficiaires
Après une distribution de bouteilles d’eau à Deir el-Balah, notre ONG, qui intervient à Gaza en soutien aux personnes déplacées, a organisé une distribution alimentaire et mis en place un acheminement continu d’eau par camion dans un site de personnes déplacées. Plus récemment encore, nos équipes ont installé près de l’hôpital Al-Aqsa une première station de désalinisation d’eau. L’eau traitée alimente six robinets qui permettent aux Gazaouis d’accéder à de l’eau potable. Une intervention essentielle alors que les conditions d’accès à l’eau, à l’assainissement et à l’hygiène sont plus que critiques dans l’enclave et exposent les Gazaouis aux épidémies. “Entre les fuites d’eau, les déchets et les problèmes de canalisation considérables, les sols sont en train de devenir de terribles nids à bactéries, d’autant plus que les températures vont commencer à augmenter”, alerte Anne-Sophie Morel.
Au nord de l’enclave, la situation est des plus alarmantes. Nos équipes sur place et leurs partenaires locaux poursuivent leurs efforts pour accéder aux 300 000 Palestiniens qui essaient de survivre dans ce qui n’est plus qu’un champ de ruines. Mais l’acheminement de l’aide humanitaire, déjà strictement limité depuis le début du conflit, est devenu mission quasi impossible depuis le mardi 7 mai, lorsque les forces israéliennes ont pris le contrôle du point de passage de Rafah. Ce dernier étant désormais fermé, les très rares convois autorisés dans le sud ne peuvent plus entrer que par Kerem Shalom. À cela s’ajoutent les pénuries d’essence qui empêchent le transport de l’aide vers l’intérieur de l’enclave, où les déplacements forcés se poursuivent au gré des évolutions militaires. En une semaine, plus de 360 000 personnes ont été contraintes d’abandonner les abris de fortune qu’elles avaient établis dans l’urgence à Rafah². Des déplacements multiples qui aggravent chaque fois la situation humanitaire.
¹ Le Monde
² Au 13 mai, près de 360 000 personnes ont fui Rafah, dans le sud de Gaza, selon l’UNRWA | ONU Info
12 avril 2024
A Gaza Nord, une seule tomate coûte 5 dollars
De retour de mission, Rolland Gueneau, directeur des opérations à Gaza pour SOLIDARITÉS INTERNATIONAL, témoigne des conditions de survie des Palestinien·ne·s de la bande de Gaza dans un environnement extrêmement précaire et insalubre. La majeure partie de l’aide humanitaire est bloquée aux frontières. Pourtant, sans eau, ni nourriture, ni assainissement, les Gazaouis en ont un besoin vital.
12 mars 2024
Depuis le 21 février dernier, l’équipe d’urgence de SOLIDARITÉS INTERNATIONAL est présente à Gaza pour évaluer les besoins des personnes déplacées par le conflit et pour préparer, en lien avec des partenaires locaux, une réponse humanitaire adaptée.
« Il est impératif que l’aide humanitaire soit apportée immédiatement et de manière permanente dans la bande de Gaza », alerte Philippe Bonnet, Directeur des urgences chez SOLIDARITÉS INTERNATIONAL.
Car sur place, les besoins sont importants. 1,7 million de Gazaouis ont été contraints au déplacement vers les Gouvernorats du Sud¹. Ce sont autant de personnes aujourd’hui hébergées dans des abris d’urgence, ou dans des sites informels sous des abris de fortune fabriqués à partir de matériaux récupérés ici et là. Dans les Gouvernorats du Centre et du Nord, la situation devient tout aussi critique. Les Gazaouis se déplacent en nombre vers le centre, cette zone intermédiaire où se côtoient désormais les habitants restés sur place, les personnes déplacées du Nord et les retournés qui ont quitté Rafah, dans la crainte de la nouvelle offensive que beaucoup redoutent sur cette zone. Au Nord, ce sont les difficultés, actuelles et futures, pour accéder aux résidents qui inquiètent.
Au regard de cette situation, SOLIDARITÉS INTERNATIONAL souhaite intervenir dans l’ensemble du territoire pour couvrir les besoins de tous les Gazaouis, qui manquent surtout cruellement d’eau potable. Certains n’ont accès qu’à deux litres d’eau par jour et par personne en moyenne, quand il en faut minimum 7,5 litres pour survivre². Beaucoup sont donc contraints de se tourner vers des sources d’eau insalubre, une situation qui fait craindre la propagation d’épidémies. Dans les faits, cette crainte est déjà une réalité : plus de 236 000 cas de diarrhée aiguë ont été enregistrés, auxquels s’ajoutent plus de 9 900 cas de jaunisse aiguë, parmi lesquels des cas d’hépatite A³.
« Cette préoccupation est d’autant plus grande lorsque l’on sait que dans les nombreux sites de personnes déplacées dans les gouvernorats du Sud, un nombre extrêmement limité de latrines et de douches sont fonctionnelles, poussant les habitants à des pratiques augmentant le risque sanitaire », constate Philippe Bonnet.
Constat qui ne s’arrête pas là, avec notamment des besoins importants en produits d’hygiène essentiels, notamment pour les personnes les plus à risque : les personnes âgées, les femmes et les enfants. Pour faire face à la pénurie d’eau potable, SOLIDARITÉS INTERNATIONAL prévoit donc d’en acheminer par camions citernes dans les sites qui n’en disposent pas et devant l’urgence, 14 palettes d’eaux (7 112 bouteilles) ont été distribuées le 12 mars, sur un site ou l’eau potable faisait défaut. Des latrines et des douches d’urgence seront également construites ou réhabilitées afin d’améliorer les conditions sanitaires dans les camps. Dans une logique similaire, des kits d’hygiène seront distribués. Nos équipes ont déjà débuté ces activités il y a quelques jours à Deir El Balah, dans le centre de la bande de Gaza.
Partout, les habitants manquent aussi de nourriture. Leurs stocks personnels sont épuisés, la plupart des commerces alimentaires ont fermé leurs portes et l’inflation ne cesse d’augmenter. Le Programme alimentaire mondial tire la sonnette d’alarme : 9 ménages sur 10 ont déjà passé au moins un jour et une nuit sans nourriture⁴. SOLIDARITÉS INTERNATIONAL s’engage à soutenir ces personnes déplacées : en distribuant des rations alimentaires prêtes à être consommées, en soutenant les cuisines communales de centres collectifs ou en fournissant les produits et la main d’œuvre nécessaires à la préparation et à la distribution de repas chauds. Des kits alimentaires ont également été préparés et sont stockés à Amman en Jordanie, prêts à être acheminés dès que la situation le permettra.
L’objectif de l’intervention de notre ONG est clair : fournir, avec l’aide d’organisations partenaires locales, une assistance vitale et digne aux personnes touchées par le conflit dans la bande de Gaza.
¹UNRWA Situation Report #82, 24/02/24
²Norme SPHERE
³Dashboard du Cluster Santé au 29/02/24
⁴Evaluation rapide du PAM, novembre 2023
5 mars 2024
Après cinq mois de guerre, plus de 30 000 civils dont 70% de femmes et d’enfants ont perdu la vie, et on dénombre plus de 70 000 blessés. Plus de 90% des Gazaouis se seraient déplacés* vers le Sud pour fuir les combats. Beaucoup ont tout perdu. Ceux qui n’ont pu s’échapper se retrouvent confrontés à des difficultés innommables. Les souffrances de la population sont massives et la situation humanitaire est catastrophique. 2,2 millions de personnes sont menacées de famine* et les conditions sanitaires sont déplorables, augmentant le risque d’épidémie.
Face à cette situation qui empire de jour en jour, SOLIDARITÉS INTERNATIONAL se mobilise. Une équipe est entrée à Gaza le 21 février dernier, afin d’évaluer les besoins sur place et lancer rapidement une réponse d’urgence. Cette analyse va nous permettre de mettre en place notre réponse humanitaire.
Arrivée à Rafah, notre équipe a commencé son évaluation rapidement en se rendant notamment sur les sites abritant les personnes déplacées. “Ils [ndlr : les sites] sont dispersés dans toute la ville, le long des routes, sur les trottoirs, sur les places, dans les jardins des habitations… partout”, confie Philippe Bonnet, responsable des urgences pour SOLIDARITÉS INTERNATIONAL. Ces personnes ont tout perdu et dépendent de la solidarité des communautés locales et des interventions des acteurs humanitaires (locaux, internationaux etc.) pour survivre. “La situation sanitaire est inquiétante. L’accès à l’eau est très réduit et il n’y a pas assez de latrines fonctionnelles. Si rien n’est fait, on peut s’attendre à des épidémies”, explique Philippe Bonnet.
SOLIDARITÉS INTERNATIONAL a continué son évaluation à Deir El Balah, plus au nord de Rafah, où des premières activités vont être lancées dans les jours à venir. Les équipes vont ensuite poursuivre leur mission exploratoire avec comme objectif d’agir le plus vite possible auprès des populations les plus touchées. “Il semblerait que la situation dans le centre et le nord de la bande de Gaza soit encore plus critique. Nous allons donc essayer d’atteindre des zones où des dizaines de milliers de personnes se trouveraient actuellement sans assistance aucune”, conclut Philippe Bonnet.