[Paris, le 14 février 2024] Alors que la situation alimentaire est déjà alarmante sur l’ensemble du Soudan, tous les indicateurs pointent vers une potentielle famine dans les prochains mois, notamment dans les États du Darfour, à l’ouest du pays. Le conflit qui dure depuis 10 mois et qui ravage le pays a des conséquences dramatiques et mortelles pour l’ensemble de la population. Témoin sur place au quotidien, l’ONG SOLIDARITÉS INTERNATIONAL tire la sonnette d’alarme.
“Si on vous disait que la population entière des Pays-Bas était à un niveau élevé d’insécurité alimentaire aiguë, le monde serait choqué et l’aide affluerait. Et là, personne n’en parle… Pourtant, si rien n’est fait au Soudan, on va droit vers une situation de famine, notamment dans les États du Darfour !” s’insurge Justine Muzik Piquemal, Directrice Régionale pour l’ONG SOLIDARITÉS INTERNATIONAL.
En effet, aujourd’hui, ce sont 17,7 millions de personnes, soit plus que la population actuelle des Pays-Bas, qui sont concernés par des niveaux élevés d’insécurité alimentaire aiguë (1). “Concrètement, cela veut dire que, si l’aide humanitaire, y compris l’aide alimentaire n’augmente pas, la prochaine étape, c’est une crise alimentaire massive et potentiellement la famine pour nombre d’entre eux” explique Justine Muzik Piquemal.
L’intensité des combats, l’insécurité et les violences organisées, associées à la chute de l’économie qui secoue le pays depuis le début du conflit, le 15 avril 2023, mènent à une situation catastrophique qui pourrait devenir dramatique. “Étant donné l’effondrement des services de l’État et les difficultés d’accès à de nombreuses zones, les données fiables sont extrêmement difficiles à récolter. Il est probable que la situation soit pire qu’on ne l’imagine” déplore Justine Muzik Piquemal.
La destruction des infrastructures agricoles, la hausse des prix alimentaires et l’impossibilité de cultiver les terres en raison des combats laissent présager une période de soudure (2), de juin à septembre prochain, extrêmement difficile pour les populations. De plus, la saison des pluies, qui coïncide avec la période de soudure, va rendre de nombreuses routes impraticables car inondées, limitant ainsi l’acheminement de l’aide.
Afin d’éviter une crise alimentaire et nutritionnelle catastrophique d’ici mi-2024, il est aujourd’hui nécessaire de :
- Augmenter l’aide alimentaire d’urgence.
- Prépositionner des réserves alimentaires massives en prévision de la saison des pluies
- Mettre en œuvre un soutien aux filières agricoles (producteurs, transporteurs, commerçants etc.) dans les zones où la sécurité le permet
- Déployer des services de santé primaires et de traitement de la malnutrition aigüe
- Intensifier les interventions humanitaires dans les domaines de l’eau, l’hygiène et l’assainissement pour faire face à la période de soudure qui est aussi celle des pics de maladies hydriques.
Actuellement, il est difficile mais possible d’acheminer de l’aide humanitaire au Soudan, y compris au Darfour. Il est possible de la distribuer et d’accéder aux victimes du conflit. “Nous redoublons d’effort pour que les civils aient accès aux services essentiels et à un minimum de dignité mais nous sommes encore trop peu d’acteurs présents sur le terrain. L’année dernière, seulement 40% des financements humanitaires nécessaires ont été pourvus. Il est urgent de se mobiliser, de parler du Soudan, d’accroître l’aide et de travailler ensemble pour faciliter l’accès sans entrave des organisations et du matériel humanitaire”, clame Justine Muzik Piquemal.
(2) Ndlr : période précédant les premières récoltes durant laquelle les produits des récoltes précédentes viennent à manquer.
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