RISQUES ACCRUS – À la fin de la mousson, les camps de déplacés de Pauktaw, dans l’Etat de Rakhine, souffrent de sévères pénuries d’eau. Chaque année, nos équipes se battent pour leur garantir un accès minimum à cette ressource vitale. Une mission compliquée ces dernières semaines par la menace de l’épidémie de Covid-19.
Par Clotilde Bertet, chargée de témoignage
Au Myanmar, la saison des moussons laisse place à une longue période de sécheresse, durant laquelle on assiste à des épisodes de ‘’water scarcity’’ (pénurie d’eau). Une problématique qui affecte fortement les camps de déplacés et les villages alentours de Pauktaw, dans l’Etat de Rakhine, où vivent plus de 22 000 personnes, dont au moins 5 400 enfants de moins de 5 ans. Depuis 2012, les équipes de SOLIDARITÉS INTERNATIONAL se mobilisent pour anticiper cette période et répondre aux besoins en eau de ces populations vulnérables.
‘’Les premiers signes de pénurie sont apparus dès le mois de mars’’
‘’En 2020, le tarissement des ressources en eau et les premiers signes de pénurie sont apparus dès mars, un mois plus tôt que l’année précédente », raconte Eve Hackius, responsable de nos programmes en Asie du Sud-Est. L’indicateur de référence est l’assèchement des bassins installés par SOLIDARITÉS INTERNATIONAL pour recueillir l’eau des moussons, afin de la stocker, et de pouvoir ensuite la traiter et la distribuer aux populations de Pauktaw. Un système qui permet à nos équipes de leur assurer un approvisionnement en eau pendant plusieurs mois après la fin de la mousson.
‘’LE BATEAU EST UNE DES SEULES MANIÈRES D’APPORTER DE L’EAU’’
En période de pénurie, fournir de l’eau aux populations de Pauktaw devient un véritable défi logistique. ‘’Le bateau ou le pompage à distance sont les seules manières d’apporter de l’eau car tous les camps où nous intervenons sont situés au bord de l’eau », explique Eve Hackius. Une fois l’acheminement effectué par bateau, les équipes de SOLIDARITÉS INTERNATIONAL prennent le relais pour transporter l’eau par pipeline (tr : tuyaux de pompage) depuis la jetée jusque dans les camps, où elle est traitée puis distribuée.
‘’Nous ne pouvons fournir que 7,5 litres d’eau jour et par personne.’’
‘’Pendant la water scarcity, nous fournissons seulement un minimum de 7,5 litres d’eau par jour et par personne’, précise notre responsable programmes. Loin des recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui préconise en moyenne 20 à 50 litres par jour et par personne pour boire et satisfaire les besoins d’hygiène de base.C’est très peu, c’est pourquoi nous mettons tout en œuvre pour que cette période soit la plus courte possible », souligne Eve Hackius.
Pour atténuer l’impact de la pénurie, nos équipes sensibilisent les populations de Pauktaw à un usage modéré de l’eau. Mais cette année, ces activités de prévention sont plus difficiles, en raison de l’assèchement précoce des bassins de stockage et de la coïncidence de cette période avec les célébrations du Ramadan où l’eau est utilisée en plus grande quantité par les populations. La pénurie pourrait aussi aggraver les tensions entre les villages limitrophes et les populations déplacées qui seraient tentées d’aller chercher de l’eau en dehors des camps.
ANTICIPER LA MENACE DU COVID-19
À l’heure où nous écrivons ces lignes, aucun cas de Covid-19 ne s’est déclaré dans les camps de Pauktaw, mais la promiscuité et l’absence d’accès suffisant à l’eau et à l’hygiène constituent des facteurs de risque. SOLIDARITÉS INTERNATIONAL se mobilise donc pour anticiper la menace. D’autant que des mesures de confinement pourraient aggraver la situation des populations les plus vulnérables de la zone, qui dépendent uniquement de l’aide humanitaire qui leur est apportée.
Pour anticiper cette crise, nos équipes ont pris la décision de prépositionner des stocks supplémentaires de matériel et de produits d’hygiène, et de chercher des solutions pour augmenter la quantité d’eau disponible par jour et par personne. ‘’Le risque est que ces populations n’aient pas un accès suffisant à l’eau, et qu’ils consomment de l’eau insalubre ou ne puissent pas respecter les gestes barrières comme le lavage des mains » , résume notre responsable programme
‘’Que va-t-il se passer si un cas de Covid-19 se déclare ?’’
Face à la menace du Covid-19, SOLIDARITÉS INTERNATIONAL a aussi renforcé ses activités de sensibilisation à l’hygiène. Toutes les mesures nécessaires ont été mises en place : communication sur les gestes barrières, distanciation physique lors des distributions, installation de stations mobiles de lavage des mains, intensification de la distribution des produits d’hygiène (savon, désinfectants) ou encore diffusion de messages de prévention par mégaphone. Pour s’adapter au contexte de pénurie d’eau, nos équipes considèrent notamment des sources d’eau alternatives, comme l’eau salée de la rivière, au lieu de l’eau potable acheminée, pour le lavage régulier des mains.
Malgré ces précautions, la situation particulière des camps de déplacés suscite des inquiétudes. ‘’Que va-t-il se passer si un cas de Covid-19 se déclare dans un des camps ? Pourra-t-on traiter le malade ? Plus que jamais, nous avons intensifié notre plaidoyer auprès des autorités pour que l’accès des travailleurs humanitaires soit maintenu », conclut notre responsable programme.
Myanmar
Contexte et action- 54,6 millions d'habitants
- 149ème sur 191 pays pour l'Indice de Développement Humain
- 191 693 personnes bénéficiaires
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