L’agriculture familiale produit aujourd’hui 70 % de l’alimentation mondiale, fournit plus de 60% de l’emploi dans les pays les moins avancés et permet de maintenir l’emploi dans le monde rural dans les pays du Nord. L’agriculture familiale a toujours fait preuve de dynamisme, d’innovation, d’adaptation aux opportunités et contraintes des marchés et plus largement aux changements rapides des contextes économiques et institutionnels.
L’agriculture familiale est la première source d’alimentation, l’un des socles de la biodiversité mondiale et approvisionne la plupart des marchés domestiques et internationaux. Comme le souligne Olivier De Schutter, rapporteur des Nations Unies de 2008 à 2014, dans un rapport intitulé « Agro-écologie et droit à l’alimentation » : « Toutes les études au Nord comme au Sud convergent pour dire que la petite agriculture familiale peut être extrêmement productive à l’hectare. Pour une même surface de terre (…), le petit agriculteur familial produit davantage à l’hectare que la toute grande plantation très fortement mécanisée et qui pratique des monocultures« .
Les petits agriculteurs apportent une contribution considérable à la bonne nutrition de chacun. Ils contribuent fortement à l’approvisionnement des marchés locaux et à la diversification de l’alimentation. Leurs systèmes de production privilégient souvent les pratiques d’agro-écologie favorables à la préservation de la fertilité des sols. Ils sont également en charge d’une grande partie du stockage, de la conservation et de la transformation des produits agricoles. Enfin, ils sont les premiers contributeurs à la conservation de la biodiversité en cultivant des espèces et des variétés différentes.
Un triste paradoxe
Et pourtant, l’agriculture familiale est au cœur d’un triste paradoxe : aujourd’hui, sur les 805 millions de personnes qui souffrent de la faim dans le monde, les trois quarts sont des petits agriculteurs. Ceux qui nous nourrissent sont aussi les premières victimes de l’insécurité alimentaire !
Au Nord comme au Sud, les orientations données par les politiques publiques aux modèles agricoles et aux systèmes alimentaires engendrent des situations de faim et de malnutrition aux conséquences politiques et économiques parfois graves. Si les droits de tous les agriculteurs étaient respectés, si les politiques publiques et les stratégies agricoles se concentraient, notamment, sur le soutien aux petits agriculteurs, l’agriculture familiale pourrait nourrir correctement et durablement les habitants de notre planète et absorber la croissance démographique attendue.
Il est nécessaire de mettre en place des stratégies et programmes accompagnés d’un engagement national et international et d’un environnement politique adéquat pour instaurer des règles éthiques sur les investissement agricoles ou les modalités d’acquisition des terres et des instances de contrôle contre toute forme d’investissement qui contribue à la violation des droits fondamentaux des agriculteurs et agricultrices et qui nuit à leur accès aux ressources naturelles.
ONG signataires : ACTED, Action Contre la Faim, Banques Alimentaires, CARE France, GERES, ONE, Solidarités International, SOS SAHEL
Cet article est extrait du Baromètre de la Faim 2014, publié chaque année à l’occasion de la Journée Mondiale de l’Alimentation du 16 octobre par plusieurs organisations du Nord et du Sud engagées contre l’insécurité alimentaire. L’édition 2014 se consacre au rôle nécessaire de l’agriculture dans la lutte contre la faim et met en lumière des initiatives innovantes d’agriculteurs au Nord et au Sud proposant des solutions locales contre l’insécurité alimentaire.
Un agriculteur afghan témoigne : Découvrez la contribution de SOLIDARITÉS INTERNATIONAL au Baromètre de la Faim.