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Au Tchad, le changement climatique transforme la pluie en mirage

Publié le vendredi 16 octobre 2015

Chaque année à la saison sèche, au Tchad, la population qui vit majoritairement de l’agriculture et de l’élevage se pose la même question : où allons-nous trouver de l’eau ? L’eau, qui est une ressource essentielle pour permettre aux populations rurales de se nourrir, de produire et d’avoir un revenu. Par Julie Mayans, Cédric Fioekou et Carolyn Meyer pour Le Baromètre de la Faim 2015.

Des tensions « climatiques » entre agriculteurs et éleveurs au Tchad

Le lac Fitri, au centre du pays, cristallise les tensions entre les populations d’agriculteurs et d’éleveurs. En temps normal et selon un mode de vie ancestral, les agriculteurs cultivent autour du lac du mil, du sorgho, de l’arachide, du niébé pendant la saison des pluies. Aujourd’hui, les rendements des cultures diminuent à cause de l’irrégularité des pluies. Quant aux éleveurs, qui transhument habituellement entre les grands pâturages du Nord en saison des pluies et les bords du lac en saison sèche. Ils sont aujourd’hui obligés, par manque d’eau, de descendre de plus en plus tôt sur les rives du lac, souvent avant les récoltes, créant des dégâts sur les parcelles agricoles et entraînant des tensions avec les agriculteurs. De plus, cela remet en cause la complémentarité de ces deux communautés (achat des récoltes des agriculteurs par les éleveurs, engrais naturels fournis par les éleveurs pour les parcelles agricoles, etc.). Le changement climatique affecte donc de plus en plus ces populations rurales, augmentant la fréquence des sécheresses et perturbant le cycle des pluies, provoquant des catastrophes comme les inondations qui détruisent récoltes et maisons.

Tchad Fitri grand

Comment s’adapter au changement climatique et ses conséquences ?

Plusieurs activités sont mises en œuvre pour adapter le mode de vie des éleveurs et agriculteurs aux contraintes du changement climatique et faire face à ces pénuries ou excès d’eau. Pour les éleveurs, des mares pastorales ont été creusées le long des couloirs de transhumance, à une distance suffisante du lac et donc des parcelles agricoles. Cette ressource en eau additionnelle permet d’attendre que les agriculteurs réalisent leurs récoltes avant de faire revenir les troupeaux. Quant aux agriculteurs, la culture pluviale présentant trop de risques d’échec à cause de l’irrégularité des pluies, ils ont développé des cultures irriguées comme le maraîchage. Certains groupes d’agriculteurs ont bénéficié de l’installation de pompes pour irriguer leurs parcelles maraîchères avec l’eau du lac pendant la saison sèche. Ces solutions locales permettent à court terme de faire face aux situations d’insécurité alimentaire et de malnutrition provoquées par les conséquences du changement climatique. Cependant, il est également indispensable de mettre en place des politiques de gestion durable des ressources en eau qui permettront une meilleure préservation et répartition de cette ressource vitale.

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