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République démocratique du Congo : un an de mobilisation dans la province d’Ituri

Publié le jeudi 13 juillet 2023

Lancé en mai 2022 grâce au soutien de la Direction générale pour la protection civile et les opérations d’aide humanitaire européennes de la Commission européenne (DG ECHO) et aux côtés d’une structure partenaire (SOFEPADI), le projet « Promotion de la dignité et de la protection des populations exposées aux violences de genre et victimes de conflits via une assistance en Protection et Eau, hygiène et assainissement » mis en œuvre dans l’est du pays a contribué à l’amélioration des conditions de vie. Le tout, dans un contexte qui reste très instable.

« Je viens du village de Seseti, où je vivais de l’agriculture et de l’élevage avec ma famille. Notre quotidien était stable et les enfants allaient à l’école. Lorsque nous sommes arrivés sur le site de Rhoo, il n’y avait ni eau ni latrine. L’hygiène était mauvaise, et les conditions de vie très difficiles ». Déplacée depuis 4 ans, Josée-Claire Ndroy illustre, à travers son parcours, la situation vécue par des milliers de Congolais… et l’urgence permanente qui règne dans l’est d’un pays en proie aux affrontements entre groupes armés. Des violences qui, depuis 2020, entraînent de nombreux mouvements de population vers des sites de déplacés comme celui de Rhoo qui compte plus de 86 000 déplacés internes et le nombre d’acteurs humanitaires est insuffisant au regard des besoins exprimés.

 

De nombreuses violences basées sur le genre

Conséquences de ce contexte versatile : des droits humains trop souvent bafoués, un accès aux services de base parfois inexistant, ou encore une augmentation de la vulnérabilité face aux épidémies et aux maladies hydriques. Ajoutons à cela les atteintes à la dignité et à l’intégrité physique et mentale, et surtout les violences basées sur le genre (VBG) utilisées comme arme de guerre, puisque les femmes et les filles demeurent largement plus exposées (94% contre 6%, selon le Humanitarian Needs Overview publié en 2022). Déjà très tendue depuis le début de la crise en 2018, la situation s’est exacerbée entre janvier et octobre 2021, puis à partir de janvier 2022, avec une fréquentation démultipliée des sites de regroupement de personnes déplacées poussant les familles à parcourir des kilomètres pour se rendre sur des points d’eau. Et c’est notamment durant ces longs trajets – qui les empêchent d’aller à l’école ou de consacrer leurs temps à des activités rémunératrices – que les filles et femmes sont la cible d’agressions sexuelles.

 

Plus de 70 000 personnes soutenues

Présent en permanence en Ituri et dans le Nord-Kivu depuis 22 ans afin d’intervenir sur des thématiques comme l’eau, l’assainissement et l’hygiène (EAH), la sécurité alimentaire et les moyens d’existence, SOLIDARITÉS INTERNATIONAL s’allie à d’autres ONG pour optimiser l’impact de ses programmes.

République démocratique du Congo

Contexte et action
  • 107 millions d'habitants
  • 179ème sur 191 pays pour l'Indice de Développement Humain
  • 524 327 personnes bénéficiaires

C’est avec Solidarité féminine pour la paix et le développement intégral (SOFEPADI) qu’un diagnostic des besoins a pu être effectué (aussi bien en matière d’EAH que de VBG), permettant dans un premier temps de cibler les aires de santé ayant les plus grands besoins. La suite ? Malgré un projet parfois freiné par de nouveaux cycles de violences (des activités ont notamment été suspendues sur l’ensemble du territoire du Djugu en décembre dernier), pas moins de 72 620 personnes – dont 63 350 déplacées – ont pu bénéficier d’une assistance d’urgence en EAH. Dans les 7 localités des zones de santés de Drodro et Linga où ils ont pu être installés, les équipes de SOLIDARITÉS INTERNATIONAL ont participé à la formation de 4 comités de gestion des points d’eau (COGEPE) et de 40 relais communautaires qui peuvent désormais sensibiliser le public sur les maladies hydriques, les gestes barrières pour lutter contre la propagation, la gestion, le transport et la consommation d’eau, ou encore la maintenance des ouvrages. 24 800 personnes, soit 4 960 foyers, ont déjà pu en bénéficier.

Au mois de février 2023, SOLIDARITÉS INTERNATIONAL a par ailleurs facilité l’identification et la formation de comités de gestion des latrines (COGELA). Le diagnostic coconçu avec SOFEPADI a également ouvert la voie à une amélioration de l’offre de service de prise en charge médicale et psychosociale des survivantes de VBG (formation de personnel de santé d’assistants psychosociaux, d’acteurs humanitaires et juridiques, de membres de mécanismes communautaires de gestion des plaintes etc.) sur laquelle plus d’une centaine de filles et femmes – la majorité ayant moins de 18 ans – ont pu s’appuyer. Autant d’actions qui, « malgré un climat qui reste compliqué », offrent à Josée-Claire Ndroy la possibilité d’apaiser un peu son quotidien : « avec ma famille, nous avons désormais accès à l’eau et à des latrines propres ».

 

Article rédigé par Damien Guillou

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