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En Haïti, une flambée de violence sans précédent

Publié le mardi 19 mars 2024

Depuis notre dernière mise à jour le 19 février 2024, la situation en Haïti s’est considérablement dégradée. Alors que le premier ministre Ariel Henry vient d’annoncer sa démission, la situation humanitaire s’aggrave face à la prise de contrôle quasi totale de Port-au-Prince, le 29 février dernier. Dans la capitale assiégée, plus de 15 000 personnes ont quitté leur domicile et ont dû, dans l’urgence, se rabattre sur des hébergements de fortune. SOLIDARITÉS INTERNATIONAL est engagée sur le terrain, auprès des populations déplacées, pour pallier les difficultés d’accès à l’eau potable et aux services de base.  

Lundi 11 mars, Ariel Henry annonce qu’il quittera ses fonctions lorsqu’un nouveau gouvernement de transition sera nommé. Une déclaration qui fait suite à une flambée de violence sans précédent sur l’île de 12 millions d’habitants, dont les gangs contrôlent désormais des pans entiers. « Cette crise a un caractère assez unique, quand on y réfléchit il n’y a que peu d’exemples dans le monde où des gangs criminels ont pris une capitale entière, quasiment à 100% » souligne François Flor, Directeur Pays chez SOLIDARITÉS INTERNATIONAL.  À Port-au-Prince, depuis la fin du mois de février, les gangs se sont unifiés et les affrontements avec la police haïtienne multipliés. Ces confrontations se sont couplées à des attaques de commissariats en simultanée, la prise d’assaut de deux centres pénitentiaires et le pillage de commerces. Les autorités ont dû se résoudre à fermer l’aéroport pour empêcher qu’il ne tombe aux mains des gangs, qui contrôlent déjà les ports depuis plusieurs mois. La raréfaction des denrées et du carburant, due au blocage des axes d’approvisionnement, et les mouvements forcés de populations laissent craindre une aggravation de la situation humanitaire déjà alarmante.  

Une situation humanitaire dégradée 

  • 11,84 millions d'habitants
  • 163ème sur 191 pays pour l'Indice de Développement Humain
  • 110 215 personnes bénéficiaires

Selon l’Organisation Internationale pour les Migrations, la dégradation du contexte sécuritaire a entrainé une augmentation de plus de 15% du nombre de personnes déplacées depuis le début de l’année à Haïti. A Port-au-Prince, où la situation est particulièrement tendue, plus de 15 000 personnes ont dû quitter leur domicile en une seule semaine début mars et une majorité d’entre elles se sont réfugiées dans des hébergements d’urgence, souvent dépourvus d’accès à l’eau et aux services de base. Au-delà du traumatisme causé par la violence, les personnes déplacées sont donc contraintes de s’approvisionner dans des sources naturelles, potentiellement contaminées, ou dans des sources privées, payantes, et ne disposent donc pas d’un accès sain et digne à l’eau, à l’hygiène et à l’assainissement. De telles conditions créent un risque de résurgence du choléra ou d’autres maladies liées à l’eau. 

Déjà mobilisée sur le terrain depuis plusieurs années, SOLIDARITÉS INTERNATIONAL est intervenue dans l’urgence dans une école de Bois Verna, un quartier du centre-ville de la capitale, où 336 familles se sont spontanément installées suite à la dernière vague d’insécurité. L’ONG a installé un château d’eau de 1000 gallons (plus de 4500l) pour l’eau de boisson, fourni du matériel de chloration et des produits d’entretien, et formé trois membres du Comité de gestion du site à la gestion du chlore. Tous les jours, un camion-citerne apporte de l’eau potable aux familles. 

Un futur incertain 

Ces interventions sont menées dans un contexte complexe et changeant, peu favorable au soutien humanitaire. François Flor déplore des « fenêtres d’intervention des humanitaires de plus en plus restreintes » et souligne que les équipes doivent effectuer “une surveillance jour par jour, heure par heure” pour déterminer quand une intervention est possible. Les populations sont dans une situation d’ « inquiétude permanente de voir comment ça va se passer, comment ça va s’apaiser. » A ce flou politique s’ajoutent les tergiversations de la communauté internationale. Avec le soutien de l’ONU, le Kenya avait annoncé début mars l’envoi de policiers, en renfort aux forces haïtiennes. La démission du premier ministre a suspendu cette décision, le temps que la situation politique se stabilise. La situation apparaît aujourd’hui enlisée et les populations paient le prix fort. Si Haïti est depuis longtemps “une crise oubliée”, elle mérite aujourd’hui plus d’attention que jamais. “Je ne sais pas comment vont se passer les prochaines semaines ou les prochains mois. Les besoins des populations sont considérables. Ils nécessitent que la communauté internationale se mobilise pour lever des fonds et travailler de concert avec les populations locales. Une solution doit être trouvée de façon inclusive, avec un appui international ponctuel et cadré, dans le respect de la volonté des Haïtiens », conclut François Flor.

Photo : © SOLIDARITÉS INTERNATIONAL

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