Triste anniversaire le 15 mars 2016 : la crise syrienne dure depuis 5 ans. C’est aussi 3 ans d’intervention pour SOLIDARITÉS INTERNATIONAL en Syrie. Mercedes Bosch, chef de mission, décrypte l’évolution récente de la crise et de la mission de nos équipes dans le pays.
Avec plus de 13,5 millions de personnes qui ont besoin d’urgence d’une aide humanitaire, près de 5 millions de personnes réfugiées dans les pays limitrophes (Liban, Jordanie, Turquie, Irak, Egypte) et plus de 250 000 morts, la crise syrienne est une des plus alarmantes depuis la Seconde Guerre Mondiale (5 ans de guerre en chiffres). Semblant ne pas avoir de fin, l’espoir renaît quelque peu avec la signature récente d’un cessez-le-feu entre les forces gouvernementales et les rebelles. L’intensité des bombardements diminue timidement, mais les combats continuent.
Un jeune enfant dans un camp de déplacés en Syrie.
Les semaines précédant le cessez-le-feu du 27 février ont connu des offensives du gouvernement et des forces russes d’un niveau inégalé dans le pays et notamment sur la ville d’Alep et toute la région environnante. Plus de 75 000 personnes ont été déplacées au cours de cette période, fuyant Alep et ses alentours vers le nord et Idlib. Dans la ville d’Azaz, on comptait déjà 6000 déplacés (5 ans de guerre en chiffres). Alep, bastion de la rébellion, était toujours disputé par les forces gouvernementales et les forces alignées quand le cessez-le-feu a été déclaré ; les combats continuent mais l’appui aérien est légèrement moins lourd.
« Nos employés vivent dans des camps de déplacés »
Nous travaillions à l’amélioration de la sécurité alimentaire des populations, avec notamment la distribution d’animaux et des cliniques vétérinaires mobiles. Les bombardements ayant tué les poules de nos fournisseurs et forcé les populations à se déplacer, nous avons réussi non sans difficulté à finir cette activité et nous avons redirigé depuis notre cours d’action.
Distribution d’un kit comprenant des produits de base dans un camp de déplacés en Syrie.
La zone d’intervention humanitaire se réduit au fur et à mesure que les différentes parties prenantes au conflit avancent. Certains de nos employés vivent eux-mêmes dans des camps de déplacés. L’accès vers Alep, par exemple, est aujourd’hui complètement coupé. Nous avons dû adapter notre réponse à ce contexte et à ces besoins changeants ; beaucoup d’hommes chefs de familles ont été tués au cours de cette guerre, donc les familles n’ont plus de quoi générer un revenu. Nous allons donc distribuer près du cash inconditionnel aux familles déplacées pour les aider à subvenir à leurs besoins immédiats, mais aussi distribuer 1200 kits de biens ménagers à autant de familles. Selon l’évolution du conflit, nous aimerions répondre aux besoins urgents en eau, hygiène et assainissement.
En Turquie, ils vivent dans la misère
On ne sait pas ce que ces personnes vont devenir. Soit elles se dirigent vers une frontière turque fermée, où elles dorment à la belle étoile par 0°, soit dans des familles d’accueil déjà vulnérables. On a eu vent de tirs par les gardes-frontières sur les personnes qui essaient de passer clandestinement en Turquie.
Une petite fille dans un camp de déplacés en Syrie.
Les conditions de vie de la plupart des Syriens en Turquie sont catastrophiques. Ceux qui ont trouvé une place dans les camps d’accueil (environ 40%) ont accès aux services de base, mais le reste ayant juste un statut « d’invités du gouvernement Turc », ont encore beaucoup de besoins. Le permis de travail étant très cher et difficile à obtenir, ceux qui ont la chance d’être employés sont payés bien moins que les Turcs pour le même travail et toujours au noir. 60% des enfants en âge de scolarisation ne vont pas à l’école à cause de la barrière linguistique. On parle donc de presque une génération entière privée d’enseignement adéquat. On connaît la suite : quand ils n’ont plus d’argent, nombreux d’entre eux prennent la route migratoire vers l’Europe pour fuir une vie misérable.
Soutenez les Syriens
]]>
Syrie
Contexte et action- 23,2 millions d'habitants
- 150ème sur 191 pays pour l'Indice de Développement Humain
- 693 917 personnes bénéficiaires