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Zoom sur une innovation : le Polyter

Publié le mercredi 25 avril 2018

Inventeur du Polyter, un rétenteur d’eau, Philippe Ouaki entend fournir sa solution au plus grand nombre afin de créer de la richesse et stabiliser l’économie comme l’exode rural dans les villages isolés au Sahel ou ailleurs.

Pouvez-vous nous parler du Polyter ? Comment cela fonctionne ?

À l’âge de 6 ans, je me suis rendu compte que si je plantais un chêne, je ne pourrai jamais le voir grand et majestueux au cours de ma vie. J’ai fait mes études dans ce sens. En 1992, j’ai créé le Polyter, ce rétenteur d’eau qui transforme l’eau en eau solide, qui s’accroche à la racine mais ne la fait pas pourrir. L’avantage du Polyter c’est qu’il permet de rendre l’eau disponible pour les racines mais sans les rendre feignantes. Elles continuent de se déployer dans le sol. Concrètement, avec un seul kilo de Polyter, dans le Sahel, un producteur de tomates qui en faisait 400 kg, atteint aujourd’hui 2 tonnes pour la même quantité d’eau, de graine et sur la même surface.

 

Le polyter qui apparait très utile dans le développement, peut-il avoir un bénéfice lors des urgences humanitaires dans les camps de réfugiés ?

Le Polyter peut évidemment servir lors d’urgence humanitaire. C’est inimaginable de voir que dans les camps de réfugiés, les populations doivent attendre qu’on leur donne de quoi se nourrir. Le grand avantage de Polyter, c’est que ça gomme le non savoir et que ça donne la main verte. De plus, le Polyter n’est pas qu’un simple sparadra. C’est une technologie utilisable tout de suite et qui fait pousser les plantes en un temps record. J’ai déjà des kits prêts à l’emploi. Avec le Polyter, le cycle de culture est réduit et sur certaines cultures maraichères, on gagne jusqu’à 3 semaines. Avec cette technologie simple, on peut changer la vie des gens.

Depuis plusieurs années, vous travaillez avec des ONG, pourquoi ce choix ?

J’ai travaillé de nombreuses années avec des grands groupes industriels. Ça marchait très bien pour eux mais ils n’ont jamais mis la technologie à disposition des petits agriculteurs indépendants. Ils s’en servaient pour de la culture à grande échelle en détruisant des forêts pour faire de l’hévéa ou de l’ananas… Je ne peux pas l’accepter. Je veux que tout le monde puissent en profiter et je préfère que se développent des groupements agricoles grâce au Polyter, plutôt que la technologie ne servent qu’aux grands groupes.

 

Nous travaillons dans le Sahel, au Tchad, en RCA, au Mali, dans le Nord-est du Nigéria…. Quel rôle pourrait jouer le Polyter dans l’aide humanitaire dans ces pays pauvres en eau ?

Les terres où la disponibilité en eau est très faible sont suffisantes pour créer de belles cultures. Et ce que l’on voit comme un inconvénient, la saison sèche, est en fait un atout. C’est la meilleure période pour développer le maraichage. À cette saison, il y a moins de maladies, de champignons… Avec des systèmes de goutte à goutte couplé au Polyter, on fait des cultures magnifiques avec très peu d’eau et des rendements surprenants. Et cela stabilise les prix puisqu’il y a des produits toute l’année.

Le polyter permet d’économiser jusqu’à 90% d’eau »

Pourtant le Sahel ne semble pas très fertile…

Je suis revenu dans un village au Burkina Fasso dans lequel je n’étais pas allé depuis 20 ans. À l’époque, la Banque Mondiale avait dit qu’il était impossible de reforester.. Qu’ils viennent voir aujourd’hui ! On a relevé le défi. On a mis en place des pépinières et aujourd’hui ce sont 50 000 arbres qui poussent sur 100 hectares et couvrent 13 villages. Cela a créé de la richesse. Il y a aujourd’hui de la culture de mangue, de mil et du maraichage. On est dans le concret.

 

Les ODD visent l’accès à l’eau potable pour tous d’ici 2030. Sachant que 70 % de l’eau est utilisée pour l’agriculture, quel rôle peut jouer le polyter dans l’atteinte de cet objectif ?

L’eau en agriculture n’est dans sa grande majorité pas utilisée par les plantes… Elle part par gravité ou par évaporation. La plante elle-même ne consomme que très peu d’eau. Avec la solution Polyter, on apporte une réponse. On arrive à économiser jusqu’à 90 % d’eau sur certaines cultures comme le piment par exemple. Donc avec une quantité d’eau infinitésimale, on arrive à créer de la richesse.

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Photos : © Tiecoura Ndaou / SOLIDARITÉS INTERNATIONAL