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Journée mondiale des toilettes

Publié le mardi 14 novembre 2023

UNE SITUATION PUANTE 💩

On les aime, et elles nous manquent terriblement dès qu’elles sont absentes, les toilettes sont les stars discrètes de notre vie. Trop discrètes. C’est pourquoi il faut pousser très fort pour les mettre à la Une de l’actualité.  

Cette journée mondiale, reconnue par l’ONU, est donc une occasion à ne pas manquer. C’est un marronnier certes, mais un marronnier utile et efficace, car près de la moitié de l’humanité manque encore d’un endroit digne et sécurisé pour se soulager.  

Manque d’hygiène, maladies mortelles dues à une eau contaminée, pollution, discriminations… Le manque de toilettes nous met dans le caca.  

Chaque année, presque un million de personnes meurent de maladies dues à une eau insalubre. On sait pourtant très bien prévenir la diarrhée, ce qui nous permettrait d’éviter la mort de 395 000 enfants de moins de cinq ans chaque année. Mais subissant pudeurs et tabous, le sujet de l’assainissement peine à émerger tant comme préoccupation médiatique que sujet politique. C’est pourquoi, SOLIDARITÉS INTERNATIONAL a fait de la lutte contre les maladies liées à l’eau son combat majeur. La Journée internationale des toilettes du 19 novembre, inscrite à l’ONU depuis 2013, permet d’affirmer cette cause comme un axe prioritaire du développement. À chacun de s’en emparer et de pousser très fort jusqu’à obtenir des toilettes pour tous ! 

Le saviez-vous ?

Un gramme de selles contient jusqu’à 10⁹ virus dont la poliomyélite et 10¹¹ bactéries responsables de la dysenterie ou de la diarrhée.

Quelles sont les conséquences du manque d’équipements sanitaires ? 

L’eau insalubre – contaminée par des matières fécales par exemple – est vectrice de maladies dites hydriques, comme le choléra (autrement nommé Maladie des mains sales), la dysenterie, la fièvre typhoïde, les hépatites A ou E… Ces maladies – qui ont pour la plupart la diarrhée comme symptôme – tuent et, en empêchant la digestion des éléments nutritifs, aggravent également la dénutrition des populations déjà vulnérables. Ainsi, on estime qu’en 2022, 1 000 enfants de moins de 5 ans sont morts chaque jour de fièvres diarrhéiques. Ces bilans sont alourdis par le manque d’installations sanitaires élémentaires, qui concernait encore 3 écoles sur 10 en 2021, touchant 539 millions d’enfants. Dans ces écoles, les jeunes filles ne disposent pas d’un local fermé avec de l’eau salubre pour assurer leur hygiène menstruelle, à tel point qu’une adolescente sur 10 en Afrique manque l’école durant ses règles. 

Dans la vie de tous les jours, le manque de toilettes est un souci quotidien aux multiples retombées. Une femme sur trois¹ est exposée à des violences physiques, mentales et sexuelles dues aux longues distances parcourues pour aller chercher de l’eau, pour aller aux toilettes publiques ou pour sortir la nuit déféquer en plein air.  

À cause de leur mobilité réduite, les personnes âgées et les personnes vivant avec un handicap peuvent être amenées à toucher des matières fécales lors de l’utilisation de toilettes non adaptées, ou à glisser sur les surfaces mouillées, accentuant leur sentiment de perte de dignité.  

Le saviez-vous ? 

On utilise l’expression « services d’assainissement gérés en toute sécurité » pour nommer les différents types de latrines et de traitements des déchets humains. Il s’agit d’installations améliorées qui ne sont pas partagées avec d’autres familles et où les excréments sont éliminés sur place ou transportés pour être traités ailleurs.

Une cause qui avance, mais trop lentement 

Cette somme de malheurs et de traumatismes serait pourtant facilement évitable : nous savons parfaitement comment agir. Il faut donner accès à toutes et à tous à des services d’assainissement gérés en toute sécurité. À l’heure du tourisme spatial et de l’intelligence artificielle, c’est pourtant loin d’aller de soi. En 2022, seule 57%  de la population mondiale disposait de services d’assainissement gérés en toute sécurité. Soit une augmentation de 25% en 22 ans². 3,5 milliards de personnes, soit 2 personnes sur 5 au niveau mondial, ne disposent, elles, toujours pas de services d’assainissement gérés en toute sécurité³.  

Le saviez-vous ? 

L’Afrique subsaharienne est la région du monde qui a le moins accès à l’assainissement (24% en 2022 contre 12% en 2000). Le pays le moins pourvu est le Bénin. Seule 3% de sa population a accès à des toilettes avec un assainissement géré en toute sécurité.

En conséquence, 419 millions de personnes défèquent encore à l’air libre en 2023. L’évolution est remarquable, puisque que 8 ans plus tôt, en 2015, 1 milliard de personnes étaient contraintes à cette pratique. Cette amélioration conséquente nous prouve que nous savons collectivement régler les problèmes d’accès à l’assainissement et lutter contre les maladies hydriques. Néanmoins, il faudra plus que redoubler d’efforts pour atteindre les objectifs mondiaux fixés par l’ONU. Il faudra avancer en moyenne cinq fois plus vite. Votés à l’unanimité en 2015 par 195 États à l’ONU, les 17 Objectifs de développement durable (nommés ODD) sont la feuille de route mondiale vers des conditions de vie décentes pour toutes et tous. L’objectif 6 prévoit un accès universel à l’assainissement d’ici à 2030. Un objectif d’autant plus indispensable qu’il est un investissement à long terme. Chaque dollar investi dans l’amélioration de l’accès à l’assainissement, par ses répercussions sur la santé et la nutrition des enfants, rapporte 5,5 dollars⁵ Une vie digne pour toutes et tous n’est pas une barrière au développement économique. C’est même sa condition. 

Notre action 

Présente depuis 1980 sur le terrain des crises humanitaires les plus sévères, SOLIDARITÉS INTERNATIONAL est reconnue pour son expertise et son savoir-faire en matière d’accès à l’eau, à l’assainissement et à l’hygiène. SOLIDARITÉS INTERNATIONAL a permis depuis plus de 40 ans à des millions de personnes à travers le monde d’avoir un accès facilité à cette ressource indispensable à travers des solutions dignes et adaptées aux réalités locales. En 2022,  358 143 personnes ont ainsi eu accès à des installations d’assainissement adéquates grâce à SOLIDARITÉS INTERNATIONAL.

En fonction de la situation, nous mettons en place quatre types de latrines : des tranchées de défécation en phase d’urgence aiguë, des latrines d’urgence classiques à fosse simple, des latrines semi-permanentes dont la fosse pourra être vidangée par un camion-citerne et enfin des latrines durables connectées à un réseau ou qui permettent la mise en œuvre du processus de compostage. 

>> Descriptif illustré des latrines installées selon les contextes 

¹ WaterAid: Briefing note
² ibid
³ Rapport du Joint Monitoring Program 2023, OMS/UNICEF
⁴ OMS/UNICEF
⁵ Rapport « Mission critique : Investir dans l’eau, l’assainissement et l’hygiène pour une reprise économique saine et respectueuse de l’environnement » ; Water Aid 2021