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Huit choses à savoir sur la crise de l’assainissement dans le monde

Publié le mercredi 18 mars 2020

Par UN Water,

Article extrait de notre Baromètre de l’Eau, de l’Hygiène et de l’Assainissement 2020

Les toilettes ne sont pas seulement des toilettes. Elles sont un moyen de sauver des vies, protéger la dignité humaine et créer des opportunités.

Qui que vous soyez,, où que vous soyez, l’assainissement est votre droit humain. Et pourtant, des milliards de personnes sont laissées pour compte.

Posez-vous la question : comment quelqu’un pourrait-il se sortir de la pauvreté sans accès à l’assainissement ? Comment le monde peut-il atteindre les Objectifs du Développement Durable alors que tant de nos concitoyens vivent sans quelque chose d’aussi essentiel pour leur santé ?

Dans la perspective du Forum Mondial de l’Eau en 2021, voici huit choses que vous devez savoir sur la crise de l’assainissement :

1. La crise de l’assainissement reste massive : 4,2 milliards de personnes, soit plus de la moitié de la population mondiale, vivent encore sans assainissement géré de manière sûre, c’est-à-dire sans toilettes hygiéniques et privées qui éliminent les boues fécales en toute sécurité. Et 673 millions de personnes pratiquent encore la défécation en plein air.

2. Le manque d’assainissement est une cause majeure de mortalité : on estime qu’un assainissement inadéquat est responsable de 432 000 décès dus à la diarrhée chaque année et est un facteur majeur de maladies telles que les vers intestinaux, le trachome et la schistosomiase.

3. Les personnes vulnérables sont les plus durement touchées : les personnes qui vivent sans installations sanitaires gérées de manière sûre sont souvent confrontées à de multiples formes de discrimination fondées sur des facteurs tels que le sexe, la race, la religion, la caste et le statut économique. Ces groupes peuvent être laissés pour compte lorsqu’ils tentent d’accéder aux services d’assainissement, de les gérer ou d’améliorer leurs installations actuelles. Par exemple, les besoins des femmes en matière d’assainissement ne sont souvent pas pris en compte, en particulier en ce qui concerne la gestion de l’hygiène menstruelle, car les tabous à ce sujet les dissuadent d’exprimer leurs besoins et interdisent leur participation active aux processus de prise de décision et de planification. Les femmes et les filles sont également exposées à des violences physiques, mentales et sexuelles lorsqu’elles parcourent de longues distances pour aller chercher de l’eau, aller aux toilettes publiques ou sortent la nuit pour déféquer en plein air

4. Les enfants sont parmi les plus touchés : on estime que 297 000 enfants de moins de cinq ans meurent chaque année de diarrhées à cause de l’eau potable insalubre, du manque d’assainissement et d’hygiène des mains.

5. L’assainissement est un droit humain : depuis 2010, les Nations unies ont reconnu que chacun devait avoir droit à « un accès physique et abordable à l’assainissement, dans toutes les sphères de la vie, qui soit sans danger pour la santé, hygiénique, sécurisé, socialement et culturellement acceptable et qui assure la vie privée et la dignité »..  Le droit international relatif aux droits de l’Homme oblige les États à œuvrer en faveur de l’accès universel à l’eau et à l’assainissement pour tous, sans discrimination, tout en accordant la priorité à ceux qui en ont le plus besoin.

6. La crise de l’assainissement nous menace tous : assurer l’accès à l’assainissement à ceux qui n’en bénéficient toujours pas est un impératif non seulement pour leur santé mais aussi pour celle de la communauté dans son ensemble. Les bénéfices de l’assainissement pour la santé n’atteindront pleinement leurs effets que lorsque tout le monde aura accès à l’assainissement de manière sûre.

7. Le monde n’est pas sur la bonne voie : nous risquons fort de ne pas atteindre l’Objectif 6 du Développement Durable, assurer l’eau et l’assainissement pour tous d’ici 2030. Les financements sont insuffisants, la demande augmente, la pollution de l’eau s’aggrave et les structures de gouvernance existantes  sont souvent faibles et parcellaires.

8. Nous ne devons laisser personne derrière nous : les services d’assainissement doivent répondre aux besoins des groupes marginalisés et leurs voix doivent être entendues dans les processus décisionnels. Les cadres réglementaires et juridiques doivent reconnaître le droit à l’assainissement pour tous,et les financements doivent être considérablement augmentés et ciblés efficacement sur ceux qui en ont le plus besoin.

Photo : Prince-Naymuzzaman-Khan / SOLIDARITÉS INTERNATIONAL