ENGAGEMENT Alors que l’épidémie du Covid-19 frappe le monde depuis plusieurs mois, Justine Muzik Piquemal, notre responsable géographique RDC, Soudan du Sud et Haïti, explique comment les ONG luttent sans relâche contre ce type de fléau.
Face à une épidémie, quelles sont les mesures d’urgence à mettre en place pour aider les populations les plus vulnérables à se protéger ?
Face aux épidémies comme Ebola, le choléra ou le Covid-19, notre première préoccupation est la protection de nos équipes et des populations les plus vulnérables auxquelles nous apportons notre aide. Nous devons rapidement mettre en place de nouvelles procédures opérationnelles.
Chez SOLIDARITÉS INTERNATIONAL, dès fin janvier 2020, nous avons adapté notre approche de travail et nos activités au Covid-19 et à son mode de transmission, par exemple lors des distributions ou des foires, en mettant en place des mesures de distanciation sociale (respect d’un mètre entre chaque personne, paiement par téléphone etc.).
Dans un second temps, nous avons renforcé nos activités d’accès à l’eau et au savon, et de sensibilisation aux bonnes pratiques d’hygiène, indispensables pour stopper la propagation du virus. Dans beaucoup de nos pays d’intervention, nous avons aussi dû adapter nos programmes de lutte contre les autres épidémies, notamment nos activités de prévention et de contrôle des infections (PCI).
Enfin, nous avons mis l’accent sur la communication avec nos équipes et les populations auxquelles nous apportons notre aide. Tous les jours, elles sont confrontées à des drames liés aux épidémies, à la guerre ou aux catastrophes naturelles. Notre devoir est d’être un premier relais d’information et de soutien.
Une fois ces mesures d’urgence mises en place, comment endiguer et stopper la propagation d’une épidémie ?
La lutte contre les épidémies pourrait se résumer en trois adjectifs. D’abord, la patience : nous le savons, forts de notre expérience en lutte contre les épidémies, et l’actualité mondiale des derniers mois nous l’a confirmé, le Covid-19 ne disparaîtra pas en quelques semaines. Nos efforts paieront dans quelques mois, voire quelques années. Ensuite, la persévérance : la lutte contre les épidémies demande de refaire des centaines de fois les mêmes gestes, de réorganiser sans relâche les mêmes séances de formation et de sensibilisation, et de rappeler à chaque fois les mêmes règles. Enfin, la coordination : les hôpitaux seuls ne pourront pas venir à bout de l’épidémie. L’ensemble des acteurs, locaux et nationaux, États et ONG, dirigeants et communautés, doit tendre vers le même objectif, pour lutter contre la maladie.
Quels obstacles pourraient se dresser face à ces efforts ?
L’un des problèmes majeurs pourrait être la répartition des financements. Il serait dramatique que les crises préexistantes ou à venir, notamment dans le domaine de la sécurité alimentaire, ne soient plus assez financées. Il serait également une erreur de penser que pour lutter contre le Covid-19, financer un seul domaine, celui de la santé, sera suffisant. Lutter contre une épidémie suppose une réponse beaucoup plus globale incluant l’approche Eau et Assainissement, et prenant en compte la protection des plus vulnérables, notamment des femmes et des enfants.