La troisième édition du Forum humanitaire européen se tiendra les 18 et 19 mars 2024 à Bruxelles, en Belgique. Le Forum, organisé conjointement par la Direction générale de la protection civile et des opérations d’aide humanitaire de la Commission européenne (DG ECHO) et la Belgique dans le cadre de sa présidence du Conseil de l’UE, rassemble des décideurs politiques, des ONG locales et internationales, des agences des Nations unies, ainsi que des représentants du secteur privé et des universitaires. Cette année le Forum se donne l’objectif d’attirer l’attention sur les crises humanitaires les plus urgentes et les moins médiatisées et de souligner la gravité du manque de financements.
Selon SOLIDARITÉS INTERNATIONAL, il est urgent d’agir face aux défaillances du système de financement actuel qui ne parvient pas à répondre aux besoins d’un nombre croissant de personnes victimes de conflits, de catastrophes climatiques et de chocs économiques.
En 2024, le nombre de personnes identifiées comme ayant besoin d’aide a diminué pour la première fois, passant de 363 millions de personnes en 2023 à 299 millions en 2024. Ce n’est pas un progrès, c’est le signe d’un système défaillant. En raison de contraintes financières, cette réduction reflète une priorisation des besoins les plus critiques, avec le risque que de nombreux individus ne puissent subvenir à leurs besoins essentiels. Les plans de réponse humanitaire ciblent 60 % des personnes dans le besoin en 2024 (180,5 millions sur 299 millions). Il s’agit du pourcentage le plus bas jamais atteint entre les personnes ciblées et les personnes dans le besoin.
Chaque année, sur la base d’évaluations des besoins, les Nations unies et leurs partenaires élaborent des plans de réponse humanitaire nationaux et régionaux pour répondre à des crises humanitaires spécifiques. Ces plans décrivent les besoins humanitaires spécifiques (alimentation, abris, eau, hygiène et assainissement etc.) et le nombre de personnes qui ont besoin d’aide.
Dans les plans de réponse humanitaire, il existe une différence essentielle entre les « personnes dans le besoin » et les « personnes ciblées ». Les personnes dans le besoin désignent l’ensemble de la population touchée par une crise et ayant besoin d’une forme d’aide humanitaire. Le terme « personnes ciblées » désigne le nombre spécifique de personnes que les plans coordonnés par les Nations unies prévoient d’atteindre de manière réaliste grâce à leurs programmes et à leurs ressources. Il s’agit d’un groupe plus ciblé au sein de la catégorie plus large des « personnes dans le besoin ».
Le déficit de financement est plus important que jamais. Les plans de réponse coordonnés des Nations unies pour 2023 ne sont financés qu’à hauteur de 40 %, soit le niveau le plus bas jamais atteint. Les contextes qui souffrent d’un sous-financement chronique sont la majorité et non l’exception.
À titre d’illustration :
Les 6 premiers pays en termes de personnes dans le besoin en 2024 | La couverture du financement du plan de réponse national en 2023 |
République démocratique du Congo | 40% |
Soudan | 43,1% |
Afghanistan | 45,9% |
Ethiopie | 34,1% |
Myanmar | 37,1% |
Yémen | 39,7% |
Nous ne pouvons pas nous résigner à ce que cette situation devienne la norme. Il s’agit d’un défi collectif pour construire un système humanitaire plus durable et plus réactif qui ne laisse personne de côté.
Le Forum humanitaire européen offre un espace propice pour lancer des conversations collectives. Les décideurs politiques, les organisations humanitaires et autres participants doivent réfléchir à des systèmes plus efficaces et plus responsables pour soutenir les populations dans les zones de conflit, les zones frappées par des catastrophes et les régions soumises à des pressions économiques.
SOLIDARITÉS INTERNATIONAL :
- rappelle aux États membres de l’UE les conclusions du Conseil de l’Union européenne sur les moyens de combler le déficit de financement de l’aide humanitaire qui recommandent d’augmenter leurs financements et d’allouer au moins 10 % de leur APD (aide publique au développement) à l’action humanitaire ;
- encourage les bailleurs de fonds du développement et du climat, qui hésitent à investir dans des contextes fragiles et sujets aux conflits, à se mobiliser. Si l’aide d’urgence est cruciale, une solution durable exige de s’attaquer aux vulnérabilités sous-jacentes. Investir dans l’adaptation au changement climatique, l’accès aux services essentiels, les infrastructures, le relèvement économique réduit la dépendance à l’égard de l’aide, et renforce la résilience face aux crises ;
- soutient l’initiative de mise en avant des crises humanitaires négligées et sous-financées qui constituent la majorité de nos terrains d’opération. Désignées sous le terme de « crises oubliées », ces situations, font référence à des conflits et des crises prolongés, à des catastrophes naturelles récurrentes, sources de déplacements forcés, le plus souvent à l’intérieur même du pays, et pour lesquelles il y a peu ou pas d’aide et d’engagement politique suffisants ;
- s’engage à promouvoir des approches qui sont en train de remodeler le système humanitaire, telles que l’action anticipatoire, le financement des partenaires locaux, le partage des risques, la mutualisation des coûts support.
Que va faire SOLIDARITÉS INTERNATIONAL ?
- Nous co-organisons un panel sur le nord-ouest du Nigéria, le 18 mars à 14 heures (heure d’Europe centrale). Rejoignez-nous si vous êtes inscrit au Forum ou regardez la session en ligne [une inscription préalable est requise].
- Nous organisons une exposition photos sur nos activités en matière de sécurité alimentaire et de moyens d’existence dans la province d’Ituri, en République démocratique du Congo.
- Nous assisterons à la cérémonie de remise du Prix européen de l’innovation humanitaire (InnovAid) le 19 mars, dont notre coopérative hulo est finaliste.