Pierre Brunet faisait partie de nos équipes humanitaires au Rwanda. Une expérience qui a changé sa vie et qui est à l’origine de 20 ans d’engagement ininterrompu chez SOLIDARITÉS INTERNATIONAL.
C’était il y a 20 ans. C’était hier.
Le 6 avril 1994, un missile abattait l’avion présidentiel rwandais. Le lendemain débutait un monstrueux génocide, parfaitement planifié. Entre 800 000 et 1 million de personnes ont été assassinées en 3 mois ; 8 000 par jour. C’était il y a 20 ans. Pour moi, c’était hier. J’étais alors journaliste et voulais accompagner une équipe humanitaire sur le terrain. J’ai contacté SOLIDARITÉS INTERNATIONAL, qui m’a recruté comme bénévole au siège ! Quelques semaines après, je m’envolais comme coordinateur terrain au Rwanda.
La survie de 60 000 personnes dépendait de nous
En juin, SOLIDARITÉS INTERNATIONAL a pu intervenir dans 11 camps de déplacés situés dans le sud-ouest du pays, autour de Gikongoro, en zone ‘’turquoise’’, du nom de la force militaire française qui la sécurisait. Parce que nous disposions d’une douzaine de camions tout terrain, nous étions les seuls à pouvoir amener l’aide dans les sites les plus isolés, situés en haut des plus hautes collines, au bout de pistes très difficilement praticables. Nous avions une équipe de chauffeurs incroyables qui allaient partout. Ces camps étaient peuplés de Hutus. Parmi les innocents qui avaient fui l’avancée des troupes du FPR, il y avait aussi des génocidaires, des assassins pères de famille ou des enfants-tueurs… Mais la survie de 60 000 personnes dépendait de nous et de nos distributions d’aide alimentaire et de biens de première nécessité.
Je me souviens encore du nom de chaque camp
M’Buga, M’Bogo, Maheresho, Kamwembi, Cyanika… Je me souviens encore du nom des 11 camps dans lesquels nous intervenions. Murambi m’a le plus marqué. C’était le site d’un ancien lycée technique, où 40 000 Tutsis s’étaient fait massacrer quelques semaines avant. Ils étaient enterrés sous nos pieds. Les corps sont aujourd’hui exposés sur le site, devenu un mémorial du génocide. Il y aussi ces visages, sous les huttes de branchages, qui me hantent, tout comme ce proverbe rwandais : ‘’La souffrance des autres est supportable’’ qui est faux !
Le virus de l’humanitaire
Après le Rwanda, j’avais le virus de l’humanitaire et un attachement viscéral à SOLIDARITÉS INTERNATIONAL. Je suis reparti en mission en Bosnie jusqu’à fin 1996. A mon retour, il fallait que je partage mon expérience. Les gens, ici, n’avaient pas envie de m’entendre. De ce besoin de témoigner est né Barnum, mon 1er roman. En tant que membre du Bureau de l’association, j’ai le souci aujourd’hui de maintenir fortes et vivantes les valeurs d’engagement et d’humanité qui sont le socle de notre action. RD & PB
Né le 4 août 1971 à Paris
1994 1e mission humanitaire au Rwanda
1995-1996 Mission en Bosnie
1996 Devient responsable de la communication et de la collecte au siège de SOLIDARITÉS INTERNATIONAL
2003 Mission en Afghanistan
2006 Sortie de son 1er roman Barnum (Calmann-Lévy)
2008 2e roman JAB (Calmann-Lévy)
2011 Entrée au CA de l’association
2014 Sortie d’un 3e roman : Fenicia (Calmann-Lévy)