PRENDRE SOIN DE SON ENVIRONNEMENT, UN BESOIN VITAL POUR LES ELEVEURS AFGHANS
Découvrez la contribution de SOLIDARITÉS INTERNATIONAL à la 4ème édition du Baromètre de la Faim, co-écrite par Bertrand Noiret, anciennement Responsable du programme sécurité alimentaire à Yakawlang dans la province de Bamyan, et Julie Mayans, Référente sécurité alimentaire, basée au siège.
Sayeed Ibrahim habite dans le village de Shynai, situé dans les régions montagneuses du centre de l’Afghanistan. Depuis des siècles, la population y vit d’un peu d’agriculture et surtout d’élevage. Avoir des pâturages de bonne qualité est donc essentiel pour ces éleveurs afghans. Malheureusement, une politique foncière défaillante, ainsi que trois décennies de guerre ont totalement bouleversé la gestion traditionnelle des grandes zones de pâture utilisées par les éleveurs.
Pâturages dégradés, populations fragilisées
« De nombreuses prairies autour de mon village n’ont presque plus de végétation. Les sols se dégradent sous l’effet des sécheresses et des inondations, bien plus nombreuses qu’avant, mais aussi à cause de l’action de l’homme. Nombreux sont les gens qui font paître leurs troupeaux sur des pâturages protégés et collectent illégalement du bois de chauffage sans penser aux impacts sur les terres. »
Cette situation a de nombreuses conséquences sur les populations locales. L’élevage est fragilisé par le manque de fourrages. L’érosion des sols entraine des coulées de boues et des glissements de terrain détruisant les cultures, les canaux d’irrigation voire même les maisons et les routes lors de la saison des pluies chaque printemps. Cette vulnérabilité accrue aux catastrophes naturelles place régulièrement les populations locales dans une situation d’insécurité alimentaire. »Certains de mes voisins n’arrivent plus à trouver assez de nourriture pour leurs troupeaux. Ils abandonnent le village pour aller chercher du travail dans les grandes villes et même dans les pays alentours.«
Préserver son environnement pour pouvoir rester vivre sur ses terres
Dans un tel contexte, les éleveurs se regroupent, avec l’appui d’ONG, pour gérer les pâturages et améliorer ainsi l’alimentation de leurs troupeaux, mais aussi pour préserver de manière plus durable leur environnement. Chaque communauté trace alors, avec ses voisins, les frontières de ses aires de pâturage traditionnelles et met en place des mesures de prévention, de protection et de régénération des ressources naturelles (eau et végétation). Selon les besoins, les collines peuvent, par exemple, être aménagées en terrasse , être re-semées en différentes espèces de fourrages ou encore être mis en jachère pour laisser le sol se reposer et la végétation repousser.
« Avant d’établir le Conseil Communal de gestion des pâturages de Shynai dont je suis responsable, j’avais seulement 20 moutons et chèvres. J’en ai aujourd’hui 45. Je peux dire sans équivoque que la gestion des pâturages a un rôle majeur dans l’amélioration de nos élevages. Nous savons désormais quand couper la végétation et quand la replanter pour obtenir plus d’aliments pour notre bétail.«
Autre effet positif, l’augmentation de la végétation au sol améliore la qualité du sol. Ce qui réduit les risques de glissements de terrain et augmente l’infiltration de l’eau, ressource précieuse dans cette région semi-désertique. L’éleveur participe ainsi à la bonne gestion du paysage et des ressources naturelles qu’il utilise, assurant la durabilité et la pérennité du système d’exploitation dont dépend la sécurité alimentaire de sa famille.
Téléchargez l’édition 2014 du Baromètre de la Faim dans son intégralité.
Découvrez la tribune sur le rôle des petits agriculteurs dans la lutte contre l’insécurité alimentaire.
Afghanistan
Contexte et action- 42,2 millions d'habitants
- 180ème sur 191 pays pour l'Indice de Développement Humain
- 90 831 personnes bénéficiaires