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Emmanuel MOY – Jours tranquilles à Kaboul

Publié le jeudi 20 mars 2014

Emmanuel MOY publie son journal de bord « Jours tranquilles à Kaboul »

Emmanuel Moy, ancien volontaire en Afghanistan avec SOLIDARITÉS INTERNATIONAL, vient de publier « Jours tranquilles à Kaboul ». Un carnet de voyage sur ses expériences et réflexions, qu’il présentera au Salon du Livre le dimanche 23 mars 2014. Il nous explique ce qui l’a inspiré.

L’humanitaire, une découverte…

C’est dans les territoires palestiniens, où je résidais pour raisons personnelles, que j’ai découvert l’humanitaire, un peu par hasard. Ex-chercheur, titulaire d’une thèse en astrophysique, je n’avais a priori pas le profil pour travailler en ONG! Confronté pour la première fois à ce milieu, j’ai pourtant rapidement pensé que certaines de mes « anciennes compétences » pouvaient trouver là un nouveau champ d’application, et la suite m’a donné raison. Rentré en France, je me suis mis à postuler sérieusement aux offres d’emploi dans le secteur et j’ai eu la chance de me faire repérer, puis engager, par Architectes de l’Urgence.

J’ai été tout d’abord envoyé au Pakistan où j’ai travaillé sur un projet de reconstruction d’école. A suivi une deuxième mission avec Architectes de l’Urgence, cette fois-ci en Indonésie, après le passage destructeur du tsunami, en tant que Chef de Mission.

C’est en cherchant ma troisième mission que j’ai connu SOLIDARITÉS INTERNATIONAL. Cette fois, direction Haïti pour un poste de Coordinateur Programme.

… devenue une évidence

Je ne suis pas le premier à le dire, mais l’humanitaire, ce n’est pas qu’un travail, ni même un engagement : c’est une façon de vivre, et, de mon point de vue,  une très bonne.

Les situations humaines auxquelles on est confronté sont  évidemment dures, et  source d’émotions qui peuvent être difficiles à vivre, mais je pense que cela vaut la peine, du point de vue du développement personnel, d’y être confronté.  Le travail lui-même, basé sur le management de projet, est également très stimulant. Mais l’humanitaire, ce n’est  pas seulement le travail et ses aspects immédiats, mais également le milieu dans lequel on évolue. Et malgré des situations qui peuvent être difficiles, en termes de sécurité notamment, l’environnement de travail lui-même, et j’entends par là principalement les collègues, est  épanouissant. Les relations de travail au sein d’une équipe, et avec les autres ONG, sont bien plus apaisées et constructives que dans d’autres milieux professionnels. L’avantage du vivre ensemble !

Vers de nouveaux horizons

Je me considère comme très chanceux : non seulement j’ai découvert un nouvel univers qui me passionne, mais on m’a également donné l’occasion d’y rentrer. Je ne regrette pas du tout d’avoir choisi cette voie.

J’étais le seul employé expatrié sur la base de Ruy-e-Doab. Je suis devenu Directeur Pays Adjoint au bout de quelques mois, une mutation qui m’a amené à retourner vivre à Kaboul. La charge de travail est conséquente partout dans le pays, qu’on soit basé en capitale ou sur une base provinciale. En revanche, les journées sont à mon sens plus usantes à Kaboul, car le contexte sécuritaire y est pesant et notre liberté de mouvement est limitée.Fin 2012, j’étais sûr de vouloir repartir avec SOLIDARITÉS INTERNATIONAL, mais je n’avais pas encore d’idée fixe par rapport à la destination. On a fini par me proposer un poste de Coordinateur Terrain en Afghanistan, dans la province de Samangan. Ce sont à la fois le poste et le pays qui m’ont attiré. J’ai décollé avec une certaine appréhension. Mais j’étais surtout curieux de découvrir ce pays dont on entend tellement parler, et d’aller au-delà de l’image que l’on peut en avoir.

Prendre sa plume

En tant que chercheur, la rédaction faisait bien sûr partie de mon travail, mais dans un tout autre registre, celui de la formation des galaxies, et uniquement en anglais… Rien à voir, donc, avec un journal de bord sur l’Afghanistan ! Mais j’écris des choses personnelles d’assez longe date. Cela fait un peu partie de ma culture familiale : nous écrivons tous !

En mission, j’avais l’habitude d’envoyer des emails hebdomadaires ou bimensuels, sous forme de journal. La liste des destinataires se limitait initialement à ma famille et mes amis. Le cercle s’est élargi petit à petit jusqu’à inclure Gilles Kraemer, un journaliste devenu éditeur que j’avais rencontré dans les territoires palestiniens. Il trouvait le format de mes billets bien adapté à une collection de livres sur laquelle il travaillait, et m’a proposé de publier mes chroniques.

En partant pour l’Afghanistan, j’avais donc déjà cette possibilité en tête. La manière dont j’écrivais s’en est forcément ressentie, EM Jours tranquilles à kaboulmais si la formulation est plus soignée que dans mes « billets », elle traduit toujours ma vision des choses. Pendant mon séjour, je prenais des notes tous les jours si une idée de chronique m’était venue. Puis, tous les 10 ou 15 jours, je consacrais un après-midi entier à la rédaction proprement dite, tant que c’était encore frais.

‘Jours tranquilles à Kaboul’ n’est pas un livre sur l’humanitaire. C’est un livre écrit par un humanitaire, certes… mais qui ne prétend qu’à être un carnet de voyage. Comme dans les lettres que j’envoyais à l’époque, j’ai cherché par ce livre à partager mon quotidien, mes impressions sur ce pays et non à faire part de ma vision de l’humanitaire. D’autres l’ont déjà fait. En mission, entre collègues, on peut être amené à avoir des discussions très riches sur les enjeux de l’aide humanitaire.  Je ne sens pas le besoin de les transcrire.

Je pense qu’il y a beaucoup de gens qui pourraient écrire un livre sur leurs expériences en mission. J’ai eu surtout la chance d’avoir quelqu’un qui a proposé de me publier.  Il s’agit encore une fois d’un heureux concours de circonstances.

Les aventures continuent…

J’envisage de repartir dans les mois qui viennent. Où ? Je ne sais pas encore. Mais je suis ouvert à la possibilité de retourner en Afghanistan.  En tout cas, il ne m’est pas encore arrivé de me trouver dans un pays qui ne m’inspire pas.

  • 43 millions d'habitants
  • 180ème sur 191 pays pour l'Indice de Développement Humain
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