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Anaïs Boufferet, logisticienne

Publié le mercredi 5 décembre 2012
Anaïs, partie de janvier à juin 2012 dans la province du Sindh au Pakistan, évoque quelques souvenirs de sa mission.

Par rapport au contexte géopolitique, être une associationAnaïs Boufferet internationale n’a pas posé de soucis ?

 » Dans le Sindh, être une ONG internationale ne pose pas de problèmes, mais en revanche, c’est beaucoup plus compliqué dans le Nord. La province du Sindh est loin de la frontière afghane donc on a eu très peu d’incidents sécuritaires. J’appréhendais beaucoup. Je m’attendais à une culture assez fermée, très stricte sur les droits des femmes et en fait, c’était un vrai échange, entre curieux ! Les gens sont accueillants, très détendus. Tu es vraiment un « hôte » à qui on aime faire découvrir la culture de cette région. C’est plus de la curiosité que de l’agressivité : « qu’est ce que vous faites là ? Vous faites quoi ? Vous habitez où ? »… Ils veulent savoir comment tu vis parce que la différence est tellement grande entre leur quotidien et le nôtre que du coup, ça donne des conversations intéressantes.

Ce qui était assez marquant de la part des pakistanais aussi, c’est qu’ils te posent toujours la même question : « comment trouvez-vous le Pakistan ? » Parce qu’ ils savent que ce qu’il ressort de le Pakistan dans les médias notamment, ce n’est jamais de très bonnes nouvelles. C’est plutôt « il y a encore eu un attentat, beaucoup de problèmes à la frontière ». Là où on était dans le Sindh, ils en souffrent. Ils sont fiers, ils ne demandent qu’à te faire découvrir leur culture, et de façon très ouverte. Du coup, ils sont très frustrés de cette réputation à l’international. Ils veulent être rassurés « mais c’est bien quand même chez nous ? », « oui, bien sûr, c’est super chez vous ! »

Dans les villages, les femmes étaient vraiment très contentes de rencontrer une femme d’une autre nationalité. Les contacts avec les hommes sont très limités. En tant que femme, je pouvais faire leur connaissance et les rencontrer chez elles. .Je ne pouvais souvent pas être accompagnée d’un membre de mon équipe pour les traductions, ce qui a pu donner des situations étranges : impossible de se comprendre mais toujours dans la bonne humeur et le rire ! Ca ne les empêche pas de parler « et bla bla bla, et bla bla bla »… ! « Mais moi, je ne comprends pas ! » On en rigole, ça donne des situations assez drôles où tu sais que même avec la meilleure volonté du monde, on ne se comprend pas… Bref, on fait vraiment notre travail dans de très bonnes conditions ! Ça donne des moments très forts, avec des situations auxquelles tu n’es pas préparée, et ça, c’est assez génial !

Une anecdote, un moment fort de ta mission ?

Un des moments les plus chouettes que j’ai vécu au Pakistan, était la première mise en eau d’un réseau de pompage et distribution d’eau potable. Le jour du 1er test, après des mois de travail sur la construction, nous sommes allés dans le village pour assister à la mise en eau. Ça a été un petit moment très très tendu pendant une demi-heure, le temps que la pompe remonte l’eau, que ça remplisse le tank et que ça arrive. Finalement, ça a marché ! C’était vraiment très chouette avec tout le village qui était là. Tu vois tous les enfants se précipiter vers les robinets. L’eau est claire, elle arrive comme prévue. C’est pour ce genre de moments qu’on est là et que notre travail prend toute son ampleur ! « 

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