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République Centrafricaine : cri d’alarme des ONG face à la détérioration de la situation

Publié le mercredi 18 octobre 2017

CP RCA

(Paris, 19 octobre 2017) Après quelques mois d’une relative accalmie durant la période électorale début 2016, la République Centrafricaine connaît actuellement une dégradation considérable de ses conditions sécuritaires. La situation humanitaire dans le pays est aujourd’hui revenue au niveau de la crise en 2014.

Première touchée, la population civile subit une double peine : une violence extrême qui augmente les besoins humanitaires, et la réduction de l’aide du fait de l’insécurité croissante.

« Depuis quelques semaines, les combats et violences contre les civils se sont intensifiés. En conséquence, durant le premier semestre 2017, 215 000 personnes ont dû fuir leur domicile pour trouver refuge dans des conditions plus que précaires » explique Hélène Camus, Représentante pays ACTED en RCA.

Au total, plus d’un million de Centrafricains sont aujourd’hui déracinés, soit un habitant sur cinq, avec des flux croissants vers les pays limitrophes et à l’intérieur du pays.

 

Un accès humanitaire limité

L’accès à l’aide pour les populations vulnérables est de plus en plus restreint. La progression des groupes armés, qui contrôlent à ce jour 12 des 16 provinces du pays dans le centre et le sud, limite considérablement la bonne délivrance de l’aide par les acteurs humanitaires.

«Actuellement les ONG ont notamment suspendu l’intégralité de leurs activités dans trois villes du pays, privant ainsi plus de 100 000 personnes d’aide humanitaire. Par ailleurs, 35% du stock d’aide humanitaire géré dans un entrepôt mutualisé entre 18 organisations à Bangui ne peut être acheminé», souligne Hélène Quéau, Directrice des opérations de Première Urgence Internationale.

Pour la troisième année consécutive, la RCA est classée comme le pays enregistrant le plus d’incidents à l’encontre les ONG, avec 232 incidents rapportés depuis le début de cette année, et des attaques parfois extrêmement violentes contre des infrastructures de santé ou des locaux d’ONG.

« Cette réduction de l’espace humanitaire pourrait transformer la crise centrafricaine en une catastrophe humanitaire sans précédent » déplore Isabelle Robin, Directrice régionale des Opérations de la zone Afrique centrale pour Action contre la Faim

 

Un système sanitaire particulièrement affecté

En Centrafrique, 2,2 millions de personnes ont besoin de soins de santé de base. Près de 50% de la population souffre de malnutrition chronique, et le taux de mortalité maternelle est le 3ème plus élevé du monde.

Par ailleurs, le problème spécifique des violences liées au genre, qui affectent en grande majorité des femmes, est extrêmement préoccupant. Depuis janvier 2017, Médecins du Monde a reçu 880 patients victimes de ce type de violences dans six centres de santé dans la région de Bangui, dont 795 femmes et filles.

« Dans ce contexte très instable, comment aider durablement ces personnes à se reconstruire si les responsables ne sont pas condamnés ? Aujourd’hui, nous souhaitons que ces survivantes puissent enfin accéder à la justice et qu’elles n’aient plus peur des représailles » précise le Dr Jean‐François Corty, Directeur des opérations internationales de Médecins du Monde.

Actuellement, la neutralité des structures sanitaires n’est pas respectée et le système de santé menace de s’effondrer. « Les infrastructures de base ne sont que peu ou pas entretenues en RCA. Ainsi, seule 35% de la population à accès à l’eau potable et seule 27% a accès à des installations sanitaires. Une situation qui se dégrade de jour en jour, augmente les risques pour la santé et exacerbe les tensions communautaires », souligne Marilyne Cittadini, Cheffe de mission pour SOLIDARITÉS INTERNATIONAL
en RCA.

A l’heure où Antonio Guterres, Secrétaire Général des Nations Unies, s’apprête à visiter le pays dans le cadre du renouvellement du mandat de la MINUSCA, les ONG présentes appellent l’ONU et les Etats membres à donner les moyens à la Mission de renforcer la protection des civils, à se remobiliser sur cette crise et à accroître de manière urgente la réponse humanitaire face à la crise.

Contacts presse :
SOLIDARITES INTERNATIONAL : Tugdual de Dieuleveult – tdedieuleveult@solidarites.org ‐ + 33 (0)6 64 92 50 37
Médecins du Monde : Lisa Véran – lisa.veran@medecinsdumonde.net – +33(0) 1 44 92 14 31
Action contre la Faim : Mathieu Fortoul – mfortoul@actioncontrelafaim.org ‐ +33(0) 1 70 84 72 29
ACTED : Caroline Pasquier – caroline.pasquier@acted.org ‐ +33 (0)6 73 93 74 19
Première Urgence Internationale : Sophie Odeh ‐ sodeh@premiere‐urgence.org ‐ +33 (0)7 83 42 57 19