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Famine au Soudan : « Ne rien faire, c’est condamner des milliers de personnes »

Publié le mardi 24 septembre 2024

Soudan : “À Zamzam, pour lutter contre la famine, on travaille avec l’énergie du désespoir” 

[Paris, le 24 septembre 2024] Alors qu’un événement ministériel de haut niveau se prépare, le 25 septembre prochain, en marge de la 79e session de l’Assemblée générale des Nations Unies, pour soutenir la réponse humanitaire au Soudan et dans la région, l’ONG SOLIDARITÉS INTERNATIONAL alerte une nouvelle fois sur la situation dans le pays et notamment dans le Nord Darfour, dans le camp de Zamzam, situé près de la ville d’El Fasher.  

“À Zamzam, pour lutter contre la famine, on travaille avec l’énergie du désespoir. On est face à un effondrement humanitaire complet. Il y a environ 500 000 personnes déplacées dans le camp de Zamzam et il n’y a plus rien, plus de nourriture, plus de matériel, plus d’infrastructures sanitaires fonctionnelles, presque plus d’accès aux soins.” déplore Renaud Douci, coordinateur terrain pour l’ONG SOLIDARITÉS INTERNATIONAL à El Fasher, dans le Nord Darfour.

En août dernier, l’IPC (1) déclarait que 10% des familles de Zamzam étaient en situation de famine et 40% en situation d’urgence alimentaire. C’est la 3eme famine officielle déclarée du 21eme siècle. Concrètement, cela veut dire que la moitié de la population du camp est en danger de mort imminente à cause de la faim.

“Depuis le début de l’année, SOLIDARITÉS INTERNATIONAL alerte régulièrement sur la situation humanitaire au Soudan et demande une mobilisation urgente de la communauté internationale. Nos collègues de Médecins Sans Frontières alertent aussi depuis plusieurs mois (2). C’est aberrant que rien ne change. Le Nord Darfour connaît un blocus. La situation humanitaire est indescriptible et ne semble affecter personne. On crie dans le désert alors qu’on parle d’êtres humains qui meurent !” se désole Justine Muzik Piquemal, responsable géographique en charge du Soudan pour l’ONG SOLIDARITÉS INTERNATIONAL.

SOLIDARITÉS INTERNATIONAL est l’une des seules ONG présentes sur place. Dans ses évaluations les plus récentes, les équipes dressent un tableau dramatique de la situation notamment sanitaire dans le camp de Zamzam. Sur 43 sites visités à l’intérieur du camp par nos équipes, 29 sites n’ont pas la capacité à fournir le minimum vital de 7,5 litres d’eau par jour et par personne. Ce qui veut dire que 67% de la population n’a pas un accès suffisant à l’eau potable. Sans parler des toilettes. 93% de la population a besoin d’accéder d’urgence à des installations sanitaires fonctionnelles. L’ensemble de ces facteurs ne font qu’aggraver la situation déjà catastrophique dans le camp en apportant la menace de maladies voire d’épidémies.

“Nous faisons ce que nous pouvons. Nous approvisionnons en eau par camion-citerne quatre hôpitaux (3) qui prennent en charge les personnes en état de malnutrition, nous réhabilitons des latrines ou des points d’eau et nous en construisons de nouveaux. Mais la ville d’El Fasher est en état de siège et le camp de Zamzam subit un blocus. Cela limite très fortement notre capacité d’intervention. Au cours du mois d’août dernier par exemple, en raison des bombardements et des tirs sur la ville d’El Fasher, nous avons dû confiner nos équipes pour leur sécurité. Nous avons donc été forcés de limiter nos actions alors qu’il aurait fallu faire beaucoup plus.” explique Renaud Douci.

L’accès est aussi restreint en raison, entre autres, des infrastructures endommagées par le conflit ou les inondations en cours (ponts détruits, routes impraticables…), des pénuries de matériaux essentiels (fuel, générateurs…) ou encore des difficultés d’accès à l’argent liquide (peu de banques opérationnelles, un réseau téléphonique difficilement fonctionnel empêchant les transferts monétaires…).

“À 48h de cet événement rassemblant les ministres de nombreux pays en marge de l’Assemblée générale des Nations Unies, nous réitérons notre appel. La situation n’est pas acceptable. Ne rien faire, c’est condamner des milliers de personnes à une mort certaine. Il faut que la communauté internationale se mobilise mais il faut aussi que, sur le terrain, les parties prenantes au conflit laissent plus d’accès aux acteurs humanitaires et respectent le Droit international humanitaire. Chaque minute compte…” conclut Justine Muzik Piquemal.

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(1) Le Comité d’examen de la famine (CEF) déclarait en juillet dernier une situation de famine dans le camp de Zamzam à la suite d’une analyse menée par le Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC) au mois de juin. 

(2) Soudan : besoin urgent de nourriture et médicaments pour éviter des milliers de décès dans le camp de Zamzam | Médecins sans frontières (msf.fr) 

(3) SOLIDARITÉS INTERNATIONAL approvisionne en eau deux hôpitaux dans le camp de Zamzam et deux dans la ville d’El Fasher.