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Au Yémen : « Intervenir au plus proche des personnes affectées »

Publié le mercredi 21 août 2019

Débuté en 2014, le conflit au Yémen rentre dans sa 5e année. Présentes depuis 2017 au Sud du pays, les équipes de SOLIDARITÉS INTERNATIONAL travaillent dans deux gouvernorats : celui de Taizz et celui de Al Hudeyda, deux des gouvernorats les plus touchés par les affrontements ‘’où plus de 80% de la population a des besoins humanitaires’’, explique Thomas Janny, responsable géographique Moyen Orient.

 

Quelle est la situation au Yémen ?

La situation humanitaire au Yémen reste catastrophique. On parle de la plus grande crise humanitaire actuelle due à un conflit. 80% de la population a des besoins humanitaires établis. Plus de 15 millions, c’est-à-dire 50% de la population a des besoins humanitaires aiguës en terme d’accès à la santé, à l’eau, à l’éducation et surtout à l’alimentation puisque c’est la plus grande crise de sécurité alimentaire actuelle.

Quelles sont les plus grosses difficultés pour une ONG de travailler au milieu d’un conflit ?

SOLIDARITÉS INTERNATIONAL travaille énormément sur la question de l’accès : l’accès aux populations vulnérables, l’accès aux populations les plus difficiles à atteindre… Cet accès, il peut être limité par des contraintes administratives : l’obtention de visa, d’autorisation de circulation par exemple. L’accès peut aussi être limité par des contraintes sécuritaires, des risques d’affrontements, d’attentats.
Les questions logistiques sont aussi souvent un gros défi pour les humanitaires. Mais c’est quelque chose qui est un peu dans l’ADN de l’ONG. On essaye d’analyser les contraintes de manière pratique pour trouver des solutions et garantir l’acheminement de l’aide jusqu’aux personnes qui en ont le plus besoin.

beneficiaires-yemen

  • 32,98 millions d'habitants
  • 183 sur 191 pays pour l'Indice de Développement Humain
  • 341 280 personnes bénéficiaires

Comment rester présents sur le terrain malgré les affrontements ?

Nous sommes toujours présents sur le terrain ! Néanmoins, on mesure le risque. Quand il y a des combats, récemment au sein même d’Aden par exemple, et que cela peut potentiellement toucher nos équipes, nous pouvons décider de restreindre les mouvements. De quelques heures à plusieurs jours le temps que la tension retombe et surtout que nous puissions assurer la sécurité de nos équipes qui reste, même si on est des acteurs humanitaires, notre première priorité. Par exemple, sur la côte Ouest du Yémen où nous avons été pendant longtemps un des seuls acteurs présents pour fournir de l’eau potable aux populations les plus vulnérables, c’est au jour le jour que l’on décide de notre capacité à aller sur le terrain et à mener des activités.

C’est la neutralité qui permet cette présence au plus près des victimes de combats ?

La guerre du Yémen est complexe. C’est une guerre qui oppose deux camps au niveau, je dirais, national, et avec des soutiens qui sont régionaux et des intérêts géopolitiques globaux. Donc on fait de notre mieux pour discuter avec les parties en présence tout en gardant la neutralité qui est le gage de l’accès et aussi le gage de notre sécurité et en insistant sur le fait que notre positionnement est neutre bien sûr mais aussi que notre aide est impartiale. On ciblera les plus vulnérables. On ne privilégiera pas certains groupes et c’est ce qui nous permet jusqu’à maintenant de continuer d’avoir un impact significatif.

> A lire aussi : Yémen, une équipe d’urgence spécialement dédiée.

 

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Photos : Thomas Gruel / SOLIDARITÉS INTERNATIONAL