SOLIDARITÉS INTERNATIONAL et 20 ONG alertent sur la situation en Somalie : 2,9 millions de personnes sont affectées par la crise actuelle, ne les oublions pas.
- 2,9 millions de Somaliens sont affectés par la crise humanitaire actuelle
- La vie de 50 000 enfants souffrant de malnutrition sévère est en danger
- Par rapport au reste du monde, les femmes somaliennes sont les deuxièmes les plus vulnérables face aux risques de décès liés à la grossesse, et les nourrissons encourent le risque le plus élevé de décéder le jour de leur naissance[1]
- 1,1 million de personnes sont déplacées à l’intérieur de leur propre pays
- La polio est réapparue, avec 193 cas enregistrés au cours de l’année écoulée[2]
- Seulement 30 % de la population a accès à l’eau potable
- Moins d’1 personne sur 4 a accès à des installations sanitaires appropriées
- 1 enfant sur 7 souffre de malnutrition aigüe[3]
Meilleures que celles des années précédentes, ces statistiques sont considérées comme une victoire : cela cache pourtant une bien triste vérité. En effet, « meilleur » n’est pas synonyme de « victoire » lorsque les conditions de vie des populations sont bien en-dessous des standards minimum acceptables.
Nous devons mesurer les progrès accomplis par rapport aux standards minimum à atteindre, et non pas les avancées réalisées par rapport à une situation de départ déjà extrêmement préoccupante. Avec un tiers de sa population ayant besoin d’aide humanitaire, la Somalie traverse actuellement une crise très grave. Nous ne devons pas non plus comparer les degrés de désespoir des populations entre pays. Par exemple, on ne peut pas opposer le cas de la Syrie à celui de la Somalie et affirmer que l’un mérite plus d’attention que l’autre. Au contraire, nous devons travailler à l’échelle mondiale pour atteindre et maintenir des standards minimum pour les populations, en accordant une attention suffisante à toutes les crises, quelles que soient les circonstances.
Unique en son genre, le contexte de la Somalie représente un défi particulier caractérisé par des facteurs d’instabilité récurrents tels que les conflits et une sécheresse chronique. Bien que des avancées aient été réalisées, il suffirait qu’un autre choc se produise pour que les communautés soient complètement déstabilisées. Comme nous l’avons appris en 2011, ne pas tenir compte des signes avant-coureurs de crise au sein de communautés déjà fragiles peut mener à des situations tragiques.
Basées sur le terrain, nos organisations en connaissent les réalités. Et le constat n’est pas bon: seulement 12 % des financements humanitaires requis pour venir en appui à la Somalie ont été engagés cette année. 822 millions de dollars US supplémentaires sont nécessaires. Les fonds doivent permettent de faire face à une rapide évolution de la situation et être utilisés au bon moment. Les populations dans le besoin risquent de ne bénéficier d’aucune aide, et ceux qui en ont bénéficié risquent de retomber dans une situation critique.
Nous sommes désormais en mesure de faire une différence, tant que les fonds sont disponibles et flexibles. Si nous ne n’agissons pas pour répondre à la crise humanitaire en Somalie et aux besoins en termes de développement, nous risquons une fois de plus de ne pas être à la hauteur pour aider les Somaliens. Même si les chiffres semblent « meilleurs », ce n’est pas le moment de faire preuve de complaisance.
[1] Toutes les statistiques figurant dans ce document, hormis celles pour lesquelles une autre source est citée, proviennent d’évaluations menées par les organisations travaillant dans ces zones.
[2] Source : Centre pour le contrôle et la prévention des maladies – http://wwwnc.cdc.gov/travel/notices
[3] Source : Infographie d’OCHA du 4 mars 2014 – http://reliefweb.int/report/somalia/somalia-humanitarian-dashboard-january-2014-issued-04-march-2014