El Niño est un phénomène climatique qui résulte d’un réchauffement des eaux de surface océaniques du Pacifique. Ce réchauffement peut avoir d’importants effets sur les conditions météorologiques partout dans le monde. La corne de l’Afrique est largement affectée par ce phénomène qui se produit habituellement tous les trois à sept ans et peut durer de six mois à deux ans. Coincés entre inondations et sècheresse, en Somalie comme au Kenya, des centaines de milliers de personnes sont affectées par El Niño.
Pendant toute l’année 2015, les eaux du Pacifique central équatorial se sont réchauffées de plus de 2° et le phénomène El Nino a affecté la Corne de l’Afrique, sans doute bien plus puissamment qu’en 1997-1998, pire El Nino jamais enregistré avec 23 000 morts et entre 35 et 45 milliards de dollars de dommages. Ainsi, en 2015, on estime que 18,5 millions de personnes ont été en situation d’insécurité alimentaire dans la Corne de l’Afrique du fait, entre autre, d’El Nino. La combinaison d’El Niño et du changement climatique a donc fortement affecté les pays les plus vulnérables aux catastrophes naturelles qui sont aussi pour la plupart les pays les plus pauvres du monde. Les populations de ces pays, comme la Somalie ou le Kenya, dépendent en effet fortement de l’agriculture pluviale, de l’élevage extensif ou de la pêche, trois secteurs qui sont très affectés par les aléas climatiques.
La Somalie entre violences, inondations et sècheresse
La Somalie déjà connu comme une des pays les plus pauvres notamment en raison de l’insécurité qui y règne, est confrontée aux risques sécheresses et inondations. La sécheresse, résultat du phénomène El Niño a d’ores et déjà affectée les régions du Somaliland et du Puntland, au nord du pays, et de fortes précipitations ont entraîné des inondations qui auraient affecté quelque 900 000 habitants du sud et du centre du pays, selon les estimations d’OCHA. Cela sans compter la crise politique et sécuritaire que connait le pays depuis plus de 10 ans. Sans épisode El Niño, environ 3,2 millions de Somaliens ont besoin d’un soutien vital et de mécanismes de soutien des moyens dexistence, et plus de 1,1 million de personnes sont déplacées à l’intérieur de leur pays.
Au Kenya, le pouvoir d’achat fragilisé
Au Kenya, le phénomène El Niño se traduit par de fortes précipitations provoquant inondations et pertes de récoltes pour les communautés d’agriculteurs. Le pays a ainsi connu des précipitations très importantes d’octobre à décembre. Au mois de novembre 2015, ces inondations ont provoqué la mort de 112 personnes au Kenya et en Ouganda et 240 000 personnes ont dû abandonner leur foyer. En plus de ces impacts directes sur la population, El Niño impacte aussi l’économie du pays. Une double peine pour la population qui a vu son pouvoir d’achat fragilisé en 2015. A titre d’exemple, la tomate, ingrédient de base de la diète kenyane, qui pousse durant la saison chaude précédant les pluies, a vu son cycle perturbé par le phénomène météorologique qui a provoqué de fortes pluies durant tout le mois d’octobre. Ces précipitations ont favorisé l’apparition de la bactérie Wilt qui a ravagé les plants. Aussi les 64 kilogrammes de tomates se négocient désormais à 70$ contre 42$ quelques semaines plus tôt.
Si ce phénomène El Niño avait été annoncé comme le plus fort épisode depuis qu’il est mesuré, le pic de chaleur maximum a été atteint et les températures de l’eau dans le Pacifique central équatorial tendent à décliner depuis la fin du mois de février 2016. Le phénomène El Nino devrait prendre fin dans le courant de l’année mais l’impact sur les populations devrait encore avoir des conséquences pendant de longs mois.
Photos : © SOLIDARITÉS INTERNATIONAL