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Julien Barbier, coordinateur terrain : « La RCA, un condensé de défis pour un humanitaire »

Publié le mardi 3 mai 2016

Julien Barbier a 31 ans. Il est Coordinateur Terrain de Solidarités International pour toute la région nord de la République Centrafricaine (RCA). Diplômé d’un master en coordination de programme de solidarité internationale et spécialisé sur la gestion de l’eau, il a rejoint l’organisation depuis 2014.

Qu’est-ce qui t’a poussé à faire de l’humanitaire ?

A la sortie du lycée, je souhaitais déjà intégrer le milieu de l’humanitaire mais celui-ci avait amorcé sa professionnalisation. Le côté « Baba Cool » qui va sauver des vies avec un juste un couteau et un drapeau blanc était révolu. Les ONG recherchaient désormais des profils techniques en hydraulique, génie civil ou plus généralistes, SciencePo, DIH… C’est au Vietnam, lors d’un long voyage, que j’ai rencontré un directeur d’une ONG qui mettait en place des systèmes d’accès à l’eau auprès des écoles, que j’ai eu  envie d’étudier l’hydraulique. 4 jours après mon retour de voyage, je débutais une formation.

Julien Barbier

Comment es-tu devenu coordinateur terrain en RCA ?

Avant d’arriver en RCA, j’étais en charge des programmes Eau, hygiène et assainissement (EHA) et abris dans la province du Katanga (RDC). En RCA, j’ai été recruté en tant que Responsable du programme RRM (Rapid Respons Mechanism) basé à Kaga-Bandoro. J’ai été immédiatement immergé dans la gestion de la sécurité des équipes et la nécessité de se coordonner avec les acteurs locaux, les ONG, les autorités présentes et les groupes armés. J’ai alors rapidement exprimé mon souhait auprès du siège d’accéder au poste de Coordinateur terrain qui me permettait d’avoir un pied dans les programmes et de conserver le mandat et la légitimité de rencontrer l’ensemble des acteurs du Nord de la RCA. Après un test écrit passé à Bangui et un entretien téléphonique, le siège m’a briefé sur les priorités et les responsabilités de ce poste pour enfin prendre officiellement cette fonction 2 mois après mon arrivée dans le pays.

Explications de Julien Barbier sur le fonctionnement du RRM en RCA

 

Concrètement, en quoi consiste ton poste ?

Le poste de coordinateur terrain s’articule en plusieurs parties. Une partie de représentation auprès des clusters, des autorités (militaires et étatiques), des populations locales et des autres acteurs nationaux et internationaux. Cette représentation assure d’une part la compréhension de notre mandat et de nos activités, permettant ainsi de faciliter l’accès à certaines zones réputées à risque, mais également de récolter les informations nécessaires à la coordination entre tous les acteurs humanitaires de la zone afin d’éviter un chevauchement des activités entre organisations.
L’autre partie du travail est d’apporter un appui aux programmes en cours sur le Nord de la RCA en s’assurant du respect des procédures de Solidarités International, d’une remontée des informations auprès des Responsables Programmes pour s’assurer de l’atteinte des objectifs et du respect des délais, répondre aux besoins de chacun et aux contraintes que les employés de Solidarités International peuvent rencontrer tout au long de leur engagement sur une mission.

RCA populations

Quels sont les défis auxquels tu dois faire face au quotidien en RCA ?

La RCA est un condensé de défis pour un humanitaire. Le contexte est changeant d’une semaine à l’autre. Les zones d’interventions sont difficiles d’accès, tant logistiquement puisqu’il faut sans cesse trouver des sources d’approvisionnement fiables et rapides, qu’au niveau sécuritaire ! Cela nécessite de redoubler d’ingéniosité pour pouvoir atteindre les bénéficiaires. Il faut avoir une compréhension du contexte et une analyse permanente des acteurs afin de prendre des décisions rapides sur l’ouverture ou la fermeture de certaines routes et ainsi éviter au maximum les incidents. Chaque activité mise en place dans ce pays doit être murement réfléchie afin d’assurer sa pertinence, sa compréhension et son adhésion par les populations.
On peut aussi parler de la formation des équipes, véritable challenge dans un pays qui évolue dans un contexte d’urgence permanent laissant peu de temps à la transmission des connaissances.
Pour toutes ces raisons, il faut je crois, avoir certaines qualités : être polyvalent, rigoureux, avoir un vrai sens de l’écoute, savoir conserver son calme et une capacité à absorber des charges de travail importantes pour apporter un soutien aux équipes.

Quelles sont les conditions de vies sur les différentes bases de Solidarités International en RCA pour un expatrié ?

Je connais 3 bases de Solidarités International en RCA. Celle de Kabo, celle de Kaga Bandoro et la sous base de Moyenne Sido. Cette dernière est plus un point de chute pour les employés nationaux entre deux activités.
La base de Kabo est la plus importante de RCA pour Solidarités International avec 60 employés nationaux, 10 chauffeurs de locations et 6 expatriés. Elle offre un très bon confort avec des bâtiments pour chaque service (Log, Admin, EHA/ABRIS, SAME), de nombreux stocks. Il y a aussi un espace de vie pour les expatriés composé d’une maison, cuisine équipée, 2 Toukouls servant de chambres et d’un grand jardin fleuri. Un espace de vie commun est disponible sur la terrasse pour partager ensemble quelques moments après le travail. Juste derrière se trouve la base de MSF que nous fréquentons beaucoup. Les week–end, avec leurs employés, nous essayons d’organiser des matchs de Foot ou de Badminton.
Quant à la base de Kaga-Bandoro, elle est toute nouvelle et nous y sommes depuis le 01 Avril. C’est une grande base : une dizaine de bureau avec une paillote au centre pour les réunions, un espace de vie derrière la base, protégé des regards. On y trouve un jardin, 5 chambres, une cuisine et un salon extérieur. Nous avons la chance d’avoir recruté l’ancien cuisinier de l’ambassade de France. Malgré le manque de diversité des produits disponibles au marché, il trouve toujours une nouvelle recette pour agrémenter le repas. Un vrai luxe !

base RCA kabo

Quel est ton meilleur souvenir en RCA ?

Je dirais juste que c’est une mission qui, malgré toutes ses difficultés, est tenue par des gens extraordinaires. J’ai rarement travaillé avec des personnes qui malgré toutes les difficultés, les contraintes et le stress, arrivent à garder le sourire et à croire en ce qu’ils font. Donc le meilleur souvenir, c’est quand je rentre du terrain et qu’on a l’occasion de tous se retrouver et souffler ensemble.

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