Anicet Mulongo est le coordinateur logistique et sécurité de la base de Solidarités International à Kabo, dans le nord de la Centrafrique, pas très loin de la frontière tchadienne. Un portrait réalisé par Pierre Cochez pour le journal La Croix.
Anicet Mulongo est la preuve de la montée en puissance des Africains dans le management des ONG internationales sur le continent. Il est l’un des six expatriés de Solidarités International à Kabo. Trois sont originaires de la République démocratique du Congo (RDC), dont lui. « Ici, la population locale nous appelle le “staff invisible”, explique-t-il. Cela pour dire que l’on peut nous confondre avec les gens d’ici, à la différence des Européens. C’est un avantage dans certains cas, un inconvénient dans d’autres. » Être un expatrié africain est plus facile pour apprendre le dialecte local, le sango.
« Je suis payé comme les expatriés français »
Venir de RDC permet aussi de relativiser les troubles en Centrafrique. « Ici, c’est calme », résume-t-il. Côté Solidarités International, Anicet explique : « Nous sommes payés pareil que les expatriés français et nos contrats de travail sont de droit français. » Tous les trois mois, il peut prendre un « break » de quelques jours. Il en profite pour rallier Goma où habitent sa femme et trois de ses quatre enfants. « En avril, je vais les faire retourner à Kinshasa où je possède une petite maison« , prévoit-il. C’est là qu’il est né il y a quarante-trois ans et où il a fait ses études d’ingénieur mécanique.
ONU, OXFAM, BioForce et Solidarités International
Engagé dans l’humanitaire depuis 1997, Anicet Mulongo a d’abord été responsable du parc de voitures du Haut-Commissariat pour les réfugiés de l’ONU (HCR) au Rwanda, puis il est retourné en RDC, à Goma, pour Oxfam, avant de travailler pour une ONG américaine dont la douzaine de petits avions sert de base logistique dans la région.
Il décroche alors une bourse de la coopération française pour suivre la formation d’un an à Bioforce, l’école de référence des humanitaires, basée à Lyon. Ensuite, il multiplie les missions de logistique et de sécurité dans plusieurs ONG dont Solidarités International. Il est à Kabo depuis juillet. C’est-à-dire à la merci d’un générateur pour sa connexion Internet qui le relie à sa carrière.
« Motivé par des actions qui sont palpables »
« Je suis en contact avec mes anciens collègues par les réseaux sociaux, via Skype ou Facebook. Pour trouver un emploi, je visite les sites. Je passe d’abord un test où il faut répondre à une quarantaine de questions. S’il est positif, je passe un entretien par téléphone ou par Skype. Après, il y a un entretien plus technique avec des responsables de la logistique et de la sécurité« , égrène-t-il.
Sur son métier, il estime « qu’il est intéressant, je dirais même passionnant« , dit-il. Anicet Mulongo a beaucoup travaillé dans des pôles d’urgence. Il s’est fait une spécialité de « l’ouverture de bases ». Ici, à Kabo, il est le second de Julien, le coordinateur terrain. Quand celui-ci s’absente, la marche de cette entreprise de 70 personnes est sous sa responsabilité. « Je suis motivé par des actions qui sont palpables. Quand je suis loin du terrain, cela ne me parle pas. Ce que j’aime, c’est apporter mon caillou à l’édifice. »
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