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NIGERIA – 2,2 millions de personnes déplacées dans le Nord Est du pays

Publié le mardi 3 mai 2016

La présence du groupe Boko Haram dans le nord-est du Nigeria a des conséquences désastreuses sur les populations locales. Malgré la reprise des villes majeures par l’armée nigériane, les habitants se trouvant sur les lignes de combat fuient en direction des villes plus ou moins sécurisées. C’est le cas à Maiduguri, capitale de l’Etat du Borno, dont la population a doublé. L’équipe d’Urgence de SOLIDARITÉS INTERNATIONAL revient d’une première mission exploratoire.

Carte Nigeria Borno 680

La ville de Maiduguri, un million d’âmes, a accueilli au cours des deux dernières années environ 1,2 million de personnes supplémentaires, fuyant les zones de conflit entre les forces gouvernementales et le groupe Boko Haram. « Ces nouveaux arrivants doivent se loger, se nourrir, maintenir des conditions d’hygiène dignes alors que les infrastructures n’en ont pas la capacité, explique Xavier Lauth, chef de mission d’urgence. Environ 100 000 personnes sont situées dans des camps de déplacés officiels, gérés par les services étatiques. Les 92% des déplacés restants se retrouvent dans des camps informels (bâtiments en construction ou abandonnés, terrains vagues sur lesquels ils construisent un abri de fortune) ou sont accueillis au sein de la communauté. Cela va sans compter quelque trois millions de personnes qui vivent dans les zones occupées par Boko Haram et qui n’ont à l’heure actuelle bénéficié d’aucun soutien de la part de la communauté humanitaire du fait des problématiques d’accès et de sécurité. Les autorités de l’Etat ont pris en main la réponse humanitaire appuyées par de nombreuses organisations mais les besoins restent immenses. »

Deux fois moins d’eau

« Une ville qui double sa population, c’est deux fois moins de ressources, deux fois moins de points d’eau, deux fois moins de toilettes, détaille Andrea Angioletti, référent eau, hygiène et assainissement. On constate aussi des besoins criants en termes de sécurité alimentaire. Les taux de malnutrition sont élevés, l’accès à l’alimentation est plus compliqué, les opportunités de subvenir à ses besoins deviennent plus rares. Certains de ces déplacés sont issus de zones rurales et n’ont donc pas de compétences pour gagner de quoi vivre en ville. Il y a beaucoup de mendicité, surtout chez les enfants. » La situation de la ville est pourtant favorable, sur un grand axe routier, véritable artère économique entre le Cameroun et le Lac Tchad. « Le marché, bien qu’il soit fonctionnel, ne suit pas un tel afflux de population, » poursuit Andrea Angioletti.

La réponse des acteurs humanitaires déjà sur place s’est dans un premier temps concentrée sur les camps officiels gérés par une agence étatique avec le soutien d’organisations humanitaires. Mais cela ne concerne que 8% des déplacés. Beaucoup de zones et de quartiers de la ville de Maiduguri n’ont pas encore été évalués pour leurs besoins, d’où la nécessité de la présence de nouveaux acteurs humanitaires. En termes de sécurité, « malgré des attentats suicides dirigés principalement sur des lieux publics, on ne constate pas de trop vives tensions en ville à l’heure actuelle. A l’avenir, la multiplication des ONG occidentales pourrait devenir une source potentielle de risque si Boko Haram faisait évoluer son mode opératoire et venait à les prendre pour cible, » analyse Thomas Gruel, référent logistique de l’équipe d’urgence.

SOLIDARITÉS INTERNATIONAL envisage une première intervention auprès des personnes hébergées par la communauté d’accueil en fonction des retours d’une seconde mission exploratoire plus détaillée au mois de mai.

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