Parmi les crises les plus oubliées au monde*, le conflit qui perdure dans l’Etat Kachin, au nord-est du Myanmar, provoque régulièrement des déplacements massifs de populations. SOLIDARITÉS INTERNATIONAL apporte une réponse innovante aux besoins des populations touchées dans des conditions d’accès délicates.
Depuis les années 1940, la population de l’Etat Kachin souffre d’isolement en raison de tensions avec le gouvernement central. Depuis 2011, ces conflits ont entraîné le déplacement de plus de 100 000 personnes malgré des négociations de cessez-le-feu amorcées depuis 2013. Présente depuis 2012 dans cet Etat, SOLIDARITÉS INTERNATIONAL est la seule ONG internationale active dans la zone la plus concernée, dans le district de Bhamo.
Intervention technique et innovante
Nos équipes se sont notamment distinguées avec des approches innovantes, Les équipes de SOLIDARITÉS INTERNATIONAL ont mis en place un système de captage de rivière avec une unité de traitement autonome et renforcé l’autonomie des personnes forcées de vivre aujourd’hui dans des camps de déplacés. Nos équipes fournissent des services complets en termes de gestion de l’eau,de l’assainissement et de l’hygiène (construction de latrines, adduction d’eau, construction de points de lavage des mains, etc.) dans les 13 camps de l’Etat Kachin et même dans le nord de l’Etat Shan, pour une population globale de 20 000 personnes. Cette approche intégrée permet même à des populations déplacées de générer un revenu en participant aux activités de gestion des déchets ou de sensibilisation à l’hygiène menées par SOLIDARITÉS INTERNATIONAL.
Cependant, les urgences surviennent régulièrement en raison de la reprise de conflits, avec parfois des milliers de nouvelles personnes déplacées subitement. Nos équipes ont mis en place un stock de contingence permettant de couvrir les besoins immédiats de 5000 personnes nouvellement déplacées.
Un accès difficile
La problématique majeure pour les acteurs humanitaires est la difficulté à venir au plus près des populations, notamment dans les zones dites « non-gouvernementales », gérées par les autorités locales Kachin et non par le gouvernement central. « Nous entretenons de très bonnes relations avec les communautés locales où qu’elles soient » explique Anne-Lise Dewulf, coordinatrice terrain pour SOLIDARITÉS INTERNATIONAL, « notamment parce que nous étions la première ONG internationale sur place. Mais à l’heure actuelle et en raison de la recrudescence des combats, l’accès en zone non-gouvernementale ne nous est plus autorisé et nous ne pouvons compter que sur les sporadiques « convois humanitaires » avec les Nations unies, ce qui ne nous permet pas de garantir pleinement l’indépendance opérationnelle qui doit être la nôtre. »
Un retour incertain
« S’ils signent un cessez-le-feu, nous prévoyons de rentrer au village. C’est là notre place. » Ce commentaire est malheureusement rare chez les déplacés car cet espoir est très faible en raison des tensions encore présentes, mais aussi des mines antipersonnel qui font des ravages, notamment chez les travailleurs des champs et les enfants. Mais les déplacés sont solidaires ; la culture du Kachin amène des personnes qui se relèvent d’une crise à aider les plus durement touchés. Un moyen pour eux de redistribuer ce dont ils ont bénéficié et de conserver une forme de dignité au sein des communautés, essentielle dans des situations de déplacement précaires.
* selon la Direction Générale des Affaires humanitaires de l’Union Européenne (DG ECHO)
Myanmar
Contexte et action- 54,6 millions d'habitants
- 149ème sur 191 pays pour l'Indice de Développement Humain
- 191 693 personnes bénéficiaires