DÉPLACÉS – Alors que les regards sont braqués sur le sort des Rohingyas qui ont fui le Myanmar, une autre injustice se déroule en coulisse, entre jungle et montagne, dans le nord-est du pays. Les populations civiles sont obligées de fuir les villages pour trouver refuge dans des camps.
Un reportage de Binetou Diallo, notre chargée de collecte.
Pendant 17 ans, ils ont vécu dans un calme et une sécurité relatifs. Cette parenthèse s’est refermée en 2011, avec la fin du cessez-le-feu entre les forces d’opposition et l’armée régulière. Et depuis 9 mois, dans le Kachin, province montagneuse du nord-est du Myanmar, les combats entre l’armée et les groupes d’opposition ont repris de plus belle.
Au 31 août, on y dénombrait près de 100 000 déplacés, dont plusieurs milliers nouvellement déplacés depuis le mois de janvier, répartis dans 139 camps. Mais le pire, ce n’est pas ce que nous voyons dans les camps, mais bien la vie de ceux que nous ne pouvons pas voir, tous ceux qui se cachent dans des zones difficiles d’accès pour les humanitaires.
‘’Je n’ai rien pu prendre avec moi’’
Parmi ces nouveaux déplacés qui ont choisi les camps comme nouveau refuge, Yaé Sar Mi*. Mère de 52 ans. Elle a dû fuir son village à la hâte en avril dernier. ‘’Je ne me souviens pas quand exactement j’ai fui, mais il était environ une heure du matin lorsque des frappes aériennes ont bombardé notre village. J’ai entendu des explosions très fortes et le sol a tremblé. Nous avons pris la route principale en emportant le strict nécessaire’’.
Chrétienne comme beaucoup d’habitants du Kachin, c’est vers la paroisse qu’elle s’est tournée. Elle a pu rester ainsi quelques temps près de l’église du village de Namatii avant de devoir se tourner vers une autre solution.
‘’Le 22 août dernier, nous avons été déplacés vers la ville de Pamatii (dans le township de Myitkyina) en raison des inondations à Namatii. Nous avons reçu des kits d’abris, des kits d’hygiène et des subventions en espèces à usages multiples de SOLIDARITÉS INTERNATIONAL. Nous apprécions beaucoup tous les dons et le soutien que SOLIDARITÉS INTERNATIONAL nous a donné et nous en sommes reconnaissants’’.
Myanmar
Contexte et action- 54,6 millions d'habitants
- 149ème sur 191 pays pour l'Indice de Développement Humain
- 191 693 personnes bénéficiaires
« Rendre la vie moins pénible’’
Le périple de Yaé Sar Mi, d’autres l’ont déjà vécu. Il y a 7 ans, à la rupture du cessez-le-feu. ‘’Quand les combats ont débuté, nous avons dû fuir dans la forêt. Puis nous nous sommes installés dans un autre village où la paroisse nous a pris en charge et nous a emmenés à Bhamo, raconte Hkaung Ra’’.
Aujourd’hui responsable Promotion de l’Hygiène pour SOLIDARITÉS INTERNATIONAL à Robert Camp, qui accueille aujourd’hui près de 640 familles, Hkaung Ra tente de rendre la vie dans les camps moins pénible. Comme beaucoup ici, elle a dû essayer se reconstruire une vie. Si d’autres ont monté des business, elle s’est tournée vers les autres.
‘’Je m’occupe d’organiser des sessions de promotion des bonnes pratiques d’hygiène. Je suis en charge de la supervision de l’entretien du camp dont tous les habitants s’occupent, des points d’eau, des points de lavage des mains que les familles ont installé elles-mêmes devant chacune des maisons pour garder une hygiène décente. Je remonte aussi les besoins à la coordination et nous adaptons ainsi notre réponse. Il faut par exemple des distributions plus régulières de savon. Celles existantes ne couvrent pas suffisamment les besoins pour l’hygiène la lessive ou la vaisselle.’’
Traiter les boues pour éviter les épidémies
Cette hygiène, c’est un des piliers de la réponse de SOLIDARITÉS INTERNATIONAL auprès des déplacés Kachin. Et cela passe aussi par la gestion des latrines et des boues. Boues souvent contaminées par des bactéries à l’origine de maladies comme la diarrhée. Une latrine qui déborde, c’est le risque de contaminer toute une communauté. Pour prévenir ces risques, nos équipes vidangent régulièrement les fosses des latrines, et ont construit une usine de traitement des boues à l’extérieur des camps. 9500 litres de déchets peuvent être traités dans le réservoir qui permet de contenir les boues et qu’elles ne contaminent pas les nappes phréatiques. Une fois séchés, les résidus sont brûlés.
‘’Si la construction d’une usine de traitement des déchets peut apparaître surprenante dans une zone de conflit, c’est un élément majeur qu’il ne faut pas négliger. Quand la promiscuité augmente l’insalubrité, l’hygiène et l’assainissement sont d’une importance capitale pour limiter les risques de propagation des maladies’’, conclut Cristina Thevenot, responsable Géographique pour l’Asie.
SOUTENEZ NOS ACTIONS AU MYANMAR
Avec 82€, vous permettez la construction d’une latrine familiale
Soit 20,50€ après déduction fiscale.
© Thomas Gruel / SOLIDARITES INTERNATIONAL