Les combats entre l’armée et les groupes d’opposition ont poussé près de 100 000 personnes à se déplacer, à fuir leur foyer, de peur d’être pris dans les combats. En majorité chrétiennes, les populations de l’Etat du Kachin ont dû trouver refuge dans des camps. Témoignages.
La forêt est le point de passage obligatoire pour ces déplacés qui ont dû quitter leur village en 2011 à la rupture du cessez-le-feu en vigueur depuis 17 ans entre groupe rebelle et armée régulière.
Ji Nan y a passé trois jours avec ses sœurs et ses trois enfants. Hkaung Ra s’y est caché pendant un mois avec son mari. Aujourd’hui, Ji Nan et Hkaung Ra vivent tant bien que mal à Robert Camp, un des 139 camps accueillant des déplacés du Kachin au Myanmar.
Impossible de subvenir à tous les besoins
En sept ans à Robert Camp, malgré l’aide des ONG, Ji Nan a dû se débrouiller pour subvenir à ses besoins, ceux de ses enfants et ceux de sa famille. Difficile de trouver du travail dans le camp. ‘’Durant la journée, raconte Ji Nan, pendant que les enfants sont à l’école, je travaille comme je peux. Des petits boulots journaliers. Soit je transporte des briques, soit je plante dans les rizières. Quant à mon mari, il travaille en tant que menuisier. Malheureusement, nos revenus ne sont pas suffisants : les frais de scolarité de nos enfants sont très élevés et le coût de la nourriture augmente dans le camp’’. Un constat partagé par Bawk Ja, 40 ans, elle aussi installée à Robert Camp. ‘’Je cherche des petits travaux tous les jours. Même si mon fils aîné travaille lui aussi et m’aide comme il peut, je n’ai plus mon mari pour m’aider, donc chaque jour est une lutte.’’
Myanmar
Contexte et action- 54,6 millions d'habitants
- 149ème sur 191 pays pour l'Indice de Développement Humain
- 191 693 personnes bénéficiaires
Travailler pour soi et les autres
Elle aussi déplacée à Robert Camp depuis 2011, Hkaung Ra a dû trouver une activité. Cela a pris du temps mais en 2015, elle décide de rejoindre le groupe de travail Eau, Hygiène et Assainissement (EHA) créé par SOLIDARITÉS INTERNATIONAL dans le but d’améliorer les conditions de vie dans le camp. Une activité qui lui convient, en adéquation avec ses valeurs : ‘’Les lundis nous nous chargeons d’organiser les campagnes de nettoyage et d’organiser des sessions de promotion de l’hygiène aux adultes et aux enfants. Les mercredis, nous organisons le nettoyage des égouts. Les jeudis, nous rendons visite aux foyers pour vérifier leurs besoins. Les vendredis, nous organisons les campagnes de nettoyage et nous planifions le programme pour la semaine suivante‘’.
Entre reconnaissance et besoins
Travailler pour SOLIDARITÉS INTERNATIONAL à Robert Camp, pour Hkaung Ra, c’est aussi faire remonter les nouveaux besoins afin de mieux adapter la réponse et les distributions. ‘’Le groupe de travail EHA reçoit des mandats cash de 600,000 khyats (319€) pour l’entretien des infrastructures et la consommation de carburant, mais ce n’est plus suffisant car la population du camp augmente. J’aimerais aussi que les foyers reçoivent plus de savons, de brosses à dents et de dentifrice’’.
Si certains besoins ne sont pas suffisamment couverts, dans le camp, les déplacés sont très reconnaissants de l’aide qu’ils reçoivent. Ji Nan se rejouit particulièrement de ‘’la qualité de l’eau’’ et ‘’des latrines fonctionnelles’’. De son côté, Bawk Ja ‘’apprécie les sessions de sensibilisation aux bonnes pratiques d’hygiène’’ que dispensent Ji Nan et l’équipes EHA du camp. Des sessions qui lui ont permis de mieux protéger sa nourriture des insectes et animaux, de comprendre l’importance du lavage des mains ou celle de conserver l’eau dans des bidons propres et couverts.
SOUTENEZ NOS ACTIONS AU MYANMAR
Photos : Thomas Gruel / SOLIDARITÉS INTERNATIONAL