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Pr Piarroux : « La priorité contre le choléra au Mozambique ? De l’eau, de l’eau et de l’eau »

Publié le mercredi 24 avril 2019

Un mois après le passage du cyclone Idai au Mozambique, la situation sanitaire reste très préoccupante. Le choléra a fait son apparition et 8 personnes ont déjà perdu la vie. Pour le professeur Piarroux, si la réponse pour contrer la maladie a été bien et rapidement dimensionnée, désormais, tous les efforts doivent être faits pour améliorer l’accès à l’eau potable.

 

Au regard de la situation actuelle faut-il craindre une épidémie ?

Il y a déjà épidémie : près de 6000 cas en trois semaines, c’est une épidémie. Mais au regard des chiffres, il doit y avoir plusieurs maladies différentes dans ces cas. Huit morts pour 6000 cas de choléra, c’est un taux de létalité très faible, à peine au-dessus de 0.1 %. Or, en Afrique, au début d’une épidémie de choléra, on atteint plutôt 2 % ou 3 % de taux de létalité. Au Mozambique, il y a eu une grande campagne de vaccination qui a concerné plus de 800 000 personnes. Cela aura une incidence sur le choléra mais pas sur les autres maladies. Ce ne sera donc pas suffisant. Il faut notamment travailler sur l’accès à l’eau potable.

 

Craignez-vous que cette épidémie prenne plus d’ampleur dans les jours et les semaines à venir ?

Nous sommes à un tournant. Il va falloir surveiller les chiffres de près dans les prochains jours. On va donc voir si le nombre de cas s’écroule, baisse doucement ou se maintient. Ce n’est qu’avec ces données que l’on pourra alors voir si l’épidémie risque de s’étendre ou non ! Puisque la campagne de vaccination va agir sur le nombre de cas de choléra, il y a des chances que l’on reste sur un taux de létalité faible sauf si d’autres événements arrivent comme des diarrhées sanglantes (Shigelloses) !  Là encore tout dépend de ce qu’on fait sur l’eau.

Désormais, la priorité pour contenir l’épidémie, c’est d’améliorer l’accès à l’eau potable. »

 

Quelles doivent être les 3 priorités des différents acteurs pour contenir ce début d’épidémie ?

De l’eau, de l’eau et de l’eau ! Jusqu’ici des mesures indispensables ont été prises, incluant une campagne de vaccination et l’ouverture de centres de traitement. Désormais, la priorité pour contenir l’épidémie, c’est d’améliorer l’accès à l’eau potable : remettre en eau des forages, réparer les réseaux, fournir des kits de potabilisation de l’eau… La vaccination, si elle peut être efficace, ne dispense pas de mettre en place toutes les mesures pour l’accès à l’eau potable qui est le premier rempart contre les maladies diarrhéiques.

 

Renaud Piarroux

 

 

 

 

Renaud Piarroux est médecin spécialisé dans les maladies infectieuses et tropicales.
Il vient de publier aux éditions CNRS : Choléra. Haïti 2010-2018 : histoire d’un désastre.

 

 

NOTRE ACTION AU MOZAMBIQUE

Notre équipe d’urgence est intervenue dans le camp de Tica et le quartier de Chota pour fournir un accès à l’eau potable aux sinistrés grâce à l’installation de stations de potabilisation. Dans le camp de Mafambisse, elle a organisé une distribution de kits hygiène, tout comme à Pavo où elle a également distribué des kits abris. L’équipe poursuit ses actions dans la région de Beira.

> Des actions à suivre au jour le jour sur notre journal de bord.

 

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