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MALI La nouvelle donne

Publié le mercredi 30 janvier 2013

Présentes depuis avril dernier au Mali, les équipes de SOLIDARITÉS INTERNATIONAL renforcent leurs capacités de réponse humanitaire au nord du Mali et dans les pays frontaliers. A Bamako, notre équipe coordonne l’action de nos équipes mobiles qui interviennent au cœur d’un pays en guerre. 

Collé à son téléphone, Franck Abeille reçoit des dernières nouvelles du terrain. L’intervention militaire déclenchée le 11 janvier dernier, notre chef de mission à Bamako l’avait anticipé comme un des scénarii possibles d’évolution de la situation. Il s’y est préparé avec toute l’équipe. ‘’Ce travail de veille et de croisement des données, c’est une de mes principales missions. Cette action d’anticipation nous permet d’adapter et d’affiner nos modes d’intervention, de garantir la pérennité de notre action et d’assurer la sécurité de nos équipes.’’

A l’annonce officielle de l’opération militaire, le mot d’ordre de SOLIDARITÉS INTERNATIONAL a immédiatement été de maintenir ses activités au nord et au sud du Mali et de tout mettre en œuvre pour les renforcer, afin de prévenir toute dégradation des conditions de vie des populations.

‘’Notre action, explique Franck Abeille, vise à aider les gens à faire face à de multiples risques humanitaires : arrivée de déplacés qui ont besoin de boire, de manger et de s’abriter, insécurité alimentaire avec des taux de malnutrition au-dessus du seuil d’urgence et présence endémique de choléra. Des problématiques qui restent d’autant plus vraies avec l’évolution de la situation, qui reste pour le moment plutôt calme. Par contre, comme dans tout conflit, les gens vivent sous le coup des rumeurs et des incertitudes. Certaines populations se déplacent en nombre, se dirigeant pour beaucoup vers la Mauritanie, le Niger, voire le Burkina Faso.’’ 

Eau potable et aide alimentaire affrétées par bateaux

Pour aller au plus près des besoins et accéder aux zones qui étaient jusqu’ici tenues par différents groupes rebelles, nos équipes composées exclusivement d’humanitaire maliens, empruntent depuis avril la voie la plus directe et la plus sûre : le fleuve Niger. Grâce à un système de pinasses, sorte de longues barques pouvant transporter plusieurs dizaines de tonnes de fret, et avec l’appui d’ONG locales, ces équipes mobiles apportent eau potable et aide alimentaire aux familles déplacées et à celles qui les accueillent.

‘’Malgré le contexte, toutes nos équipes sont sur le terrain, à Kidal, Mopti, Tombouctou et Kolokani, confirme Anne-Gaëlle, en réunion avec ses responsables programmes, Yann et Emmanuelle, et leurs assistants Sidima, Mustafa & Kassim, spécialement descendus à Bamako.’’ Le dos aux nombreuses cartes affichées sur le mur, la coordinatrice de nos projets Eau, Hygiène, Assainissement fait un point avec eux pour ajuster les déplacements des bateaux, suivis en direct sur un des plans de localisation, et anticiper une possible réponse d’urgence. Au programme également, le suivi des actions en cours.

Endiguer tout risque de maladie hydriques

‘’Nos équipes ont tout de suite lancé de nouveaux diagnostics dans les zones à risque afin de prévenir la probable dégradation des conditions de vie des populations. En cas de placement massif, nous montons en urgence une station de traitement d’eau potable. Vu ce contexte volatifl, nous sommes également très vigilants, dans des villes comme Goundam, Diré, Niafunké, Kidal, quant à une possible ruptures d’approvisionnement en carburant. Une telle situation entraînerait alors l’arrêt de l’alimentation en eau potable. Les gens n’auraient alors d’autres choix que de puiser l’eau dans le fleuve. Les risques d’épidémies seraient alors très importants. Nous positionnons donc des stocks de traitement de l’eau pour les ménages, à proximité immédiate de ces zones et pour être prêts, par exemple, à monter en urgence des points de chloration afin d’endiguer tout risque de maladies hydriques comme le choléra.’’ 

C’est également pour lutter contre ce risque, que dans les trois régions de Tombouctou, Kidal et Koulikouro, les équipes de SOLIDARITÉS INTERNATIONAL continuent de se battre contre la malnutrition, en apportant un appui opérationnel aux ONG médicales dans près de 60 centres de santé. ‘’La diarrhée qui affecte déjà les patients par elle-même est un facteur aggravant de la malnutrition, confirme Fabien Cassan, responsable de nos programmes au SAhel. Altérant la paroi intestinale, elle réduit la capacité d’absorption des nutriments. Et ceux qui souffrent de la malnutrition présentent également un risque élevé de diarrhée. Cela créé un cercle vicieux nuisant à la croissance et au développement de l’enfant. ’’

Sur le front de la malnutrition

Dans ces centres où sont traités en priorité les enfants, SOLIDARITÉS INTERNATIONAL assure l’accès à l’eau potable, réhabilite les latrines, améliore la gestion des déchets médicaux et équipe le personnel en matériel d’hygiène : pulvérisateur de chlore, savons, cache-nez, gants, matériel de nettoyage… ‘’Afin d’optimiser l’impact de la prise en charge nutritionnelle dans ces centres de santé, nous nous assurons que les familles, dont sont issus les enfants sévèrement malnutris, aient accès à une eau potable à leur domicile, reprend Anne-Gaëlle. Nous leur distribuons des contenants pour l’eau potable, des pastilles de chlore pour un mois, une bouilloire, des savons…’’

Pendant ce temps-là, depuis le siège de l’ONG, à Clichy, les actions de toutes nos équipes présentes dans la zone sahélienne sont coordonnées. ‘’Il s’agit d’adapter leurs interventions aux potentiels mouvements de populations, indique Hélène Quéau, responsable des opérations dans la zone.’’

Intervenant depuis février dans le camp de Mberra, en Mauritanie, nos équipes prennent en charge les nouveaux réfugiés qui affluent chaque jour par centaines au point frontière de Fassala, depuis le week-end du 12 janvier dernier. En deux semaines, le HCR en a déjà enregistré 10 000. ‘’Nous sommes prêts si besoin à augmenter l’approvisionnement en eau et les solutions d’assainissement pour ces réfugiés avant qu’ils rejoignent le camp où 55 000 personnes vivaient jusque là, confirme Philippe Labbé Lavigne, notre chef de mission en Mauritanie.’’

Au Niger, dans la zone de Tillaberi, nos équipes suivent également la situation de près et se coordonnent avec les autres acteurs humanitaires pour une éventuelle action en cas d’arrivée massive de réfugiés.

Dans la situation présente, SOLIDARITÉS INTERNATIONAL appelle les parties au conflit à épargner les populations civiles et à préserver leur accès à l’aide humanitaire. A Bamako, Franck Abeille insiste une nouvelle fois auprès de ses équipes sur la nécessité de bien être identifiées par les belligérants. ‘’Le grand défi auquel nous devons faire face en ces temps de guerre est de nous assurer que nous continuons à être reconnu comme ONG afin de ne pas prendre de risque & de garder l’accès aux populations que nous avons acquis jusqu’ici.’’

RD

  • 22,4 millions d'habitants
  • 186ème sur 191 pays pour l'Indice de Développement Humain
  • 310 458 personnes bénéficiaires