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Liban : la crise sans fin des réfugiés syriens

Publié le mardi 21 avril 2020

UNE VIE EN SUSPENS  Campements de fortune ou logements insalubres… Au Liban, les réfugiés syriens vivent toujours dans des conditions de vie extrêmement difficiles. L’aide humanitaire doit s’adapter à cette urgence qui dure depuis presque dix ans.

 

Mars 2011.- La guerre civile éclate en Syrie, entraînant des déplacements massifs de populations. Pour fuir les combats, de nombreux Syriens quittent leur pays. ‘’J’ai pris seul la route vers le Liban le 24 octobre 2013, cette date m’a vraiment marqué, raconte Brahim Aloush, aujourd’hui installé dans le camp de Maalaqa 034, l’un des plus gros de la vallée de la Bekaa, aux pieds des montagnes à la frontière de la Syrie. En temps normal, il faut 3 heures pour rallier le Liban depuis Idlib [en Syrie]. Ce jour-là, j’ai mis 22 heures car il y avait des checkpoints partout pour vérifier que les hommes dans les bus n’étaient pas en train de déserter l’armée.’’

À l’image de Brahim, plus d’1,5 million de Syriens ont trouvé refuge au Liban depuis le début de la crise. Ils représentent près d’un quart de la population totale du pays, soit le plus important taux de réfugiés au monde. Face à cet afflux, les ressources et les infrastructures libanaises sont insuffisantes, d’autant qu’elles peinaient déjà à couvrir les besoins de la population locale. Tensions socio-économiques mais aussi problèmes sanitaires… La présence des réfugiés syriens a rouvert les débats suscités par l’accueil des réfugiés palestiniens entre 1947 et 1967.

‘’Depuis deux mois, avec la crise libanaise, mon mari ne trouve plus de travail.’’ 

 

En 2019, 69 % des réfugiés syriens vivaient encore sous le seuil de pauvreté et 93 % étaient endettés. Le soulèvement social et la crise bancaire qui déstabilisent le Liban depuis plusieurs mois ont aggravé la situation. ‘’Avant, mon mari se postait au bord de la route en attendant que quelqu’un lui propose un travail journalier, par exemple dans les champs ou dans les travaux publics. Mais depuis deux mois, avec la crise libanaise, il ne trouve plus de travail, témoigne Dalal, une jeune syrienne de 27 ans également installée dans le camp de Maalaqa 034.De nombreux réfugiés syriens ne peuvent désormais plus compter que sur l’aide humanitaire qui leur est apportée.

 

DES DIFFICULTÉS CHRONIQUES

Craignant que les Syriens s’installent de façon permanente au Liban, le gouvernement refuse la création de camps formels ou la construction d’infrastructures durables. Après neuf ans de crise, le temps semble donc s’être arrêté pour les réfugiés. Maalaqa 034 est un des 1000 et quelques camps informels que compte le Liban. Érigé sur des terres agricoles, il accueille près de 120 familles, soit 692 personnes réparties dans 80 tentes. Deux ou trois souvenirs ramassés à la hâte avant leur départ de Syrie par ici, des articles ménagers achetés depuis leur arrivée par-là : une machine à laver, des ustensiles de cuisine ou encore des fleurs en plastique en guise de décoration… Les réfugiés syriens tentent de se recréer un semblant de vie. Mais leurs abris composés de bois et de bâches en plastique sont insuffisamment isolés et régulièrement inondés ou détruits par les aléas climatiques. L’accès des réfugiés aux besoins de base en eau et en assainissement reste également limité.

Les abris des réfugiés sont régulièrement inondés ou détruits

Pendant la période hivernale, les températures peuvent facilement descendre en dessous de 0°C, les pluies sont fréquentes et les allées deviennent boueuses. Tous les ans, les équipes de SOLIDARITÉS INTERNATIONAL interviennent pour remettre en état de fonctionnement les systèmes d’évacuation des eaux du camp et poser du gravier entre les allées. Tout au long de l’année, elles apportent également des réponses en accès à l’eau, à l’hygiène et à l’assainissement (construction de latrines, mise en place de réservoirs d’eau potable et de systèmes d’égouts etc.) et distribuent des kits de construction d’abris.

 

Réhabilitation des logements des réfugiés syriens à Tripoli

 

RÉHABILITATION

Une grande partie des réfugiés syriens s’est, elle, installée en ville dans des appartements insalubres ou des bâtiments désaffectés, dont les loyers sont pourtant très onéreux. Les familles s’y entassent dans une grande promiscuité, sans vie privée ni accès à l’eau potable et à l’assainissement. Inès Hussein, une jeune syrienne de 25 ans, vit dans un abri collectif de ce type au rez-de-chaussée d’un immeuble à Tripoli, la deuxième ville la plus importante du Liban. ‘‘Mes enfants sont en bonne santé grâce aux travaux réalisés par SOLIDARITÉS INTERNATIONAL, se réjouit-elle, même s’il reste des problèmes de ramassage des déchets et d’électricité.’’

Pour améliorer le quotidien des habitants, SOLIDARITÉS INTERNATIONAL a réhabilité cet abri collectif en créant des espaces cloisonnés afin de faciliter l’isolation des lieux. Nos équipes ont également construit un réservoir d’eau potable, des latrines et des douches reliées à un réseau d’eaux usées et aux services de la municipalité. Enfin, un réseau électrique non dangereux et un comité de gestion ont été mis en place. Quinze familles, contre sept auparavant, peuvent désormais y vivre dans de meilleurs conditions, dont des personnes âgées et en situation de handicap.

 

MOBILISATION COMMUNAUTAIRE

Les réfugiés syriens sont eux-mêmes très impliqués dans l’amélioration de leurs conditions de vie. Nombre d’entre eux sont devenus des représentants reconnus de leur communauté et des relais indispensables pour les organisations humanitaires. ‘’Quand je suis arrivé au Liban, je me suis beaucoup investi dans la recherche d’aide humanitaire et logistique pour le camp de Maalaqa 034, explique Brahim Aloush. Aujourd’hui, mon rôle est de faire le lien avec SOLIDARITÉS INTERNATIONAL et ses différents prestataires. Grâce à un système de hotline, je gère les demandes de vidanges des latrines, les apports en eau potable et je rapporte les incidents sanitaires pour qu’on vienne nous aider.’

Une mobilisation communautaire autour des mesures d'hygiène à Malaqaa

‘’Je rapporte les incidents sanitaires pour qu’on vienne nous aider’’ 

Cette mobilisation communautaire permet à SOLIDARITÉS INTERNATIONAL d’intervenir au quotidien et au plus près des besoins des réfugiés. Lorsque nos équipes arrivent dans un camp, le mot passe rapidement entre les familles : elles se regroupent pour échanger sur les conditions d’hygiène et écouter les recommandations de l’ONG. Certaines sessions, par exemple sur l’hygiène menstruelle, sont consacrées aux femmes. Des comités spécifiques ont aussi été créés pour les enfants. Ils participent à des activités ludiques et éducatives pour les sensibiliser aux bonnes pratiques d’hygiène. ‘’J’ai appris par cœur l’histoire de ce garçon qui ne se lave pas bien les mains et tombe malade. Je peux maintenant la raconter aux autres enfants du camp, déclare fièrement Iba, une jeune syrienne de 10 ans.’’ Alors que la guerre fait toujours rage dans leur pays d’origine, les réfugiés syriens doivent se contenter de vivre leur vie au jour le jour sans savoir de quoi leur avenir sera fait.

  • 5,6 millions d'habitants
  • 112ème sur 191 pays pour l'Indice de Développement Humain
  • 122 148 personnes secourues
INTERVENTIONS D'URGENCE


Malgré la préparation aux chocs mise en place par nos équipes, des urgences reviennent régulièrement dans les logements investis par les syriens.
Une partie du camp informel de Khriebet Eg Jindi, dans la région de Tripoli, a pris feu durant la nuit du 15 au 16 février 2020 à cause d’installations électriques défectueuses. Par chance, personne n’a été blessé mais treize tentes abritant soixante-six personnes ont été entièrement détruites.
Les équipes de SOLIDARITÉS INTERNATIONAL se sont tout de suite rendues sur les lieux pour aider à maîtriser l’incendie puis commencer à apporter une aide d’urgence. Des kits de construction d’abris et des articles de première nécessité ont été distribués. Nos équipes sont également intervenues pour installer deux latrines d’urgence et des réservoirs d’eau potable.

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