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Ouragan Matthew en Haïti : "Une épidémie de choléra est la première chose à éviter"

Publié le mercredi 5 octobre 2016

Wangos Laurore est responsable programmes Eau, hygiène et assainissement sur les projets de lutte contre le choléra en Haïti depuis 2011. Originaire des Nippes en Haïti, il craint les conséquences de l’ouragan Matthew qui pourraient être terribles pour les populations qui ne sont pas encore complètement relevées du séisme de 2010.

L’ouragan Matthew qui a touché le sud d’Haïti ces dernières 48h risque de provoquer des dégâts matériels catastrophiques. Les conséquences du séisme de 2010, loin d’être totalement résorbées, aggravent les conséquences de Matthew notamment à Port-au-Prince. « Le département de l’Ouest est celui qui avait été le plus touché par le séisme. C’est également le département le plus touché par le choléra, explique Wangos. Fort heureusement, Port-au-Prince n’a pas été touché par les vents violents, mais ‘’seulement’’ par de très fortes pluies. Malheureusement, la zone étant un foyer endémique du choléra, les inondations colossales représentent un très grand risque : il est fort probable que l’on assiste rapidement à une flambée de la maladie si l’on ne fait rien. De nombreuses personnes sont encore vulnérables. De nombreuses infrastructures et maisons n’ont pas encore été reconstruites même 6 ans après le séisme. Par conséquent, les personnes sont très exposées. Certaines n’ont pas encore eu le temps de se reconstruire et sont encore très vulnérables à ces inondations. Il y a toujours 55 000 déplacés qui vivent encore sous des tentes. S’il y avait eu des vents violents, Port-au-Prince aurait été ravagé, cela aurait été un véritable carnage. Dans notre malheur, seules des inondations, bien qu’extrêmement violentes ont touché la ville. Cependant, des quartiers de Port-au-Prince tels que Cité-Soleil où est intervenue en urgence SOLIDARITÉS INTERNATIONAL quelques heures seulement après les pluies diluviennes causées par l’ouragan, sont sous les eaux, et laissent des personnes déjà vulnérables sans abris et les exposent à des maladies liées à l’eau insalubre. »

Hati Matthew Reuters Grand

Les trois zones les plus touchées par l’ouragan : le Sud, des Nippes et de Grande Anse

« Les villes de ces trois départements (Le Sud, les Nippes et Grande Anse) ont plusieurs particularités. Il y a les villes côtières, des villes « cuvettes » (comme Petite Rivière de Nippes), situées au-dessous du niveau de la mer, et très vulnérables aux inondations. Les autres sont des villes construites sur des étendues très plates (Fonds-des-Nègres par exemple), incapables elles aussi de résister à de fortes pluies. Ces villes, même lors d’épisodes pluvieux saisonniers se retrouvent souvent inondées. Les vents violents et les fortes pluies de ces derniers jours ont dû avoir de fortes conséquences. Mais il est encore très difficile de connaître l’étendue des besoins car ces régions déjà isolées sont, au lendemain de l’ouragan, totalement coupées du reste du territoire.« 

Intervenir à Grande Anse signifie doubler les moyens et les investissements logistiques

Dans le département de Grande Anse les villes comme Jeremie, Pistel, ou Dame Marie, sont elles aussi des villes cuvettes et vulnérables aux inondations lors de fortes pluies.  A l’heure actuelle elles doivent être dévastées. Le problème c’est que ce département est très difficilement accessible par la route en temps normal et qu’il n’y a que très peu d’acteurs humanitaires. Intervenir à Grande Anse induit de doubler les moyens et l’investissement logistique. En étant le département le plus touché, secourir les populations dans le besoin sera encore plus épineux. Les routes déjà difficilement praticables ont probablement dû être très endommagées. Dans ce département, de grands besoins en abris, en eau et en nourriture vont vite se faire sentir, mais il est encore une fois difficile d’en mesurer d’ores et déjà l’ampleur même si on peut imaginer combien la population va avoir besoin de soutien.

Enfin, ces trois départements sont des zones très touchées par le choléra et une épidémie est encore une fois la première chose à éviter.

Pour apporter une aide humanitaire vitale dès les premières heures de cette catastrophe, votre soutien est décisif !

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© Carlos Garcia Rawlins / Reuters

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