Trois questions à Jean-Sébastien Molitor, Chef de Mission pour SOLIDARITÉS INTERNATIONAL en Haïti.
Quel est l’ampleur du choléra en Haïti ?
Introduit en 2010 par les forces de l’ONU venues du Népal, pays où il est endémique, le choléra s’est rapidement propagé en Haïti. En 2014, l’épidémie avait touché plus de 700 000 personnes et emporté près de 9 000 malades. Or depuis, l’épidémie a drastiquement reculé. Au 31 octobre 2017, 11 916 cas suspects ont été reportés depuis le début de l’année, soit une baisse de 66% par rapport à l’année précédente. La chute dans le nombre de décès ces dernières années (autour de 1% des cas) est essentiellement due à l’absence de flambée majeure et à la mise en œuvre, en juillet 2013, du Plan National d’Elimination du Choléra, élaboré par le Ministère haïtien de la santé publique et de la population, l’Organisation mondiale de la santé et l’UNICEF. Celui-ci consiste en une action coordonnée des ONG et des autorités alliant prévention de la maladie, un système d’alerte et réponse aux flambées, et un renforcement de l’accès à l’eau potable et à l’assainissement. Cette baisse significative ne doit pas masquer pour autant le risque que représente la maladie particulièrement pour les ménages les plus vulnérables.
Quelles sont les actions mises en place par les ONG sur place pour lutter contre le choléra ?
La lutte contre le choléra se décline en deux volets. Le volet santé comprend la prise en charge du patient dans un centre spécialisé (Centre de traitement des diarrhées aiguës – CTDA) par des acteurs santé. Le volet investigation comprend la collecte d’information auprès du malade au CTDA puis la visite à son domicile pour identifier la source de la contamination, et procéder à la désinfection du foyer du patient et des habitations aux alentours afin de créer un cordon sanitaire et éviter la propagation de la maladie. A ces actions de chloration est associée la distribution de kits (savon, pastilles de chlore, sels de réhydratation) aux foyers touchés et avoisinants. SOLIDARITÉS INTERNATIONAL participe fortement à ce plan de réponse national, avec la distribution de kits choléra, la désinfection des domiciles affectés, la réhabilitation de sources et la sécurisation des points d’eau, notamment dans les départements de l’Ouest, des Nippes et du Sud-Est.
Haïti
Contexte et action- 11,72 millions d'habitants
- 163ème sur 191 pays pour l'Indice de Développement Humain
- 52 322 personnes bénéficiaires
HAÏTI ENTREVOIT-ELLE LA POSSIBILITÉ D’UNE ÉLIMINATION À L’AVENIR ?
Le Plan National d’élimination du choléra (PNEC) prévoit bel et bien l’élimination de la maladie en 2022. Un objectif qui sera rempli si la coordination entre autorités nationales, acteurs de la réponse en eau, hygiène et assainissement et de la prise en charge (santé) continue d’être effective et si ce plan continue à être financé. Je rappelle que pour 2017, il ne l’est qu’à hauteur de 14% ; pourtant au regard des chiffres nous sommes en avance par rapport au PNEC, et il ne faut pas réduire les efforts. En effet, preuve de cette bonne dynamique, en 2018, l’objectif est d’atteindre une incidence (nouveau cas/population totale) inférieure à 0,1 %, alors qu’au 31 octobre 2017 l’incidence est de 0,11%.
SOLIDARITÉS INTERNATIONAL travaille sur le terrain avec le soutien d’UNICEF
(Vidéo en créole et anglais)