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Cameroun : loin de chez eux, des Centrafricains manquent de tout – chapitre 2

Publié le lundi 31 août 2015

Depuis 2 ans, des milliers de réfugiés centrafricains viennent en masse de l’autre côté de la frontière camerounaise pour s’éloigner des exactions des groupes armés. Ayant fait l’objet de violences ou ayant perdu leurs sources de revenus, ils ont quitté leur terre natale pour être accueillis dans le petit village de Gado et dans le grand site de réfugiés qui le côtoie, où SOLIDARITÉS INTERNATIONAL répond aux besoins de ces populations qui ont besoin de manger, de boire, de s’abriter. Témoignages sur place.

Lutter contre les carences alimentaires

En plus de garantir des conditions d’hygiène plus décentes, les équipes de SOLIDARITÉS INTERNATIONAL ont remarqué de nombreux cas de malnutrition chez les enfants. Une étude sur les habitudes alimentaires a permis de constater qu’en tant qu’anciens éleveurs en République Centrafricaine, beaucoup de réfugiés arrivaient au Cameroun sans leurs bêtes et donc sans pouvoir assurer leur régime alimentaire habituel à base de viande, donnant lieu à des carences, notamment chez les plus petits. C’est notamment le cas de la plus petite des cinq filles de Fatou qui avec sa famille a fui la Centrafrique après le vol de leur troupeau par des groupes armés, et qui vit à Gado depuis près d’un an et demi. Mais grâce à un système de coupons qui permet aux familles concernées de les échanger contre de la viande auprès des bouchers, les carences s’amenuisent.

« Avant, nous ne recevions que du riz et de l’huile, mais aujourd’hui, grâce aux rations de viande et au traitement contre la malnutrition, les enfants vont beaucoup mieux. »

De leur côté aussi les bouchers sont satisfaits de ce système. Saliu, délégué des bouchers, évoque ce système au fond d’un abri ombragé, alors que nous entendons encore les coups de hachoirs brisant les os de bœuf en fond. « Dès le début de ce système, nous n’avons pas hésité. C’est un moyen d’assurer une clientèle et de gagner plus. Tous les bouchers se sont mis ensemble pour ce projet. Avec nos gains, nous achetons de la viande et nous nous en sortons plutôt bien. Il faut dire qu’un bœuf n’est pas donné. Selon sa taille, il nous coûte entre 250 000 et 500 000 Francs CFA. » [380 à 760 euros]

Nous goûtons à la viande locale, au méchoui avec une pointe de piment. C’est grandiose.

réfugiés cameroun

Diversifier les régimes alimentaires

Aïssatou a vu son mari tué par les groupes armés en Centrafrique. Elle a décidé de fuir avec pour seule possession les habits sur son dos, ainsi que ses douze enfants, dont certains ne parviendront pas à destination. C’était il y a deux ans. Aujourd’hui, elle partage un abri de fortune, qu’elle a construit elle-même, avec sept de ses enfants et petits-enfants. Sur son t-shirt est écrit le mot « hope » [espoir]. On sent que ce n’est qu’avec cela qu’elle tient.

« J’ai beaucoup de peine, dit-elle, avec un courage hors normes, alors que nous sommes assis sur son lit. Je suis fatiguée, je tombe souvent malade et j’ai mal au dos. » Son fils aîné entre dans l’abri et s’allonge aussitôt. Lui aussi est souvent malade et ne peut pas travailler. C’est Aïssatou qui fait tout pour la famille.

Aujourd’hui, elle vivote avec les rations alimentaires de riz et d’huile, dont il ne lui reste plus grand-chose, mais bientôt aussi grâce à son jardin potager, que SOLIDARITÉS INTERNATIONAL lui a permis de créer à côté de sa case . « Aujourd’hui, il est hors de question de retourner en Centrafrique. C’est trop dangereux et j’ai perdu tout ce que j’avais là-bas, c’est-à-dire trois têtes de bétail qui me permettaient de vendre du lait. Si je peux récupérer du bétail, tant mieux, mais ça va être long et difficile. Maintenant, au moins, j’ai mon jardin. »

jardin réfugiés cameroun

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