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Cameroun : étudier le marché pour une aide plus adaptée

Publié le mercredi 25 février 2015

À Garoua Boulai, nos équipes ont mené une enquête sur le marché local, fortement touché par le conflit qui fait rage dans la République Centrafricaine voisine. Cédric Fioekou, notre expert en sécurité alimentaire, fait le bilan.

La ville de Garoua Boulai se situe à l’est du Cameroun, à la frontière avec la République Centrafricaine (RCA). Elle accueille depuis janvier 2014 quelques 16 000 réfugiés centrafricains, dont 8800 sont arrivés fin 2014 fuyant le conflit dans leur pays d’origine. Ce qui a provoqué une augmentation de la population de 20% dans cette ville frontalière.

« Les violences en RCA, suivies de l’arrivée massive des réfugiés, ont fortement impacté la vie de la ville, explique Cédric Fioekou, notre expert en sécurité alimentaire. L’économie tourne au ralenti. Avant que le conflit n’éclate, la plupart des produits cultivés ou fabriqués ici allait en RCA. Mais aujourd’hui, transporter du matériel en RCA est très compliqué ; cela coûte cher et les risques sécuritaires sont élevés. Les commerçants centrafricains ne viennent plus au Cameroun. Il n’y a donc plus d’échanges économiques. Pourtant, les habitants de Garoua Bolai – réfugiés et non-réfugiés – ont toujours besoin de manger.  »

Comment aider autrement ?

Etude-EMMA-Cameroun-7« L’aide en nature distribuée actuellement n’est pas forcément très adaptée au contexte. Nous nous sommes demandés s’il n’y avait pas une approche plus pertinente pour répondre aux mêmes besoins et appuyer autrement les populations affectées. C’est pourquoi nous avons mené une étude avec nos partenaires, PU-AMI, MSF et La Croix Rouge Française, tous impliqués dans la problématique des réfugiés.

L’enquête s’est concentrée sur le marché du riz et celui de la farine de manioc – l’aliment de préférence dans cette zone – ainsi que sur le marché de l’eau en milieu urbain. Trois équipes de six personnes ont collecté des données auprès de 75 ménages et 54 commerçants et 22 groupes de discussion.

Nous avons mené l’enquête auprès des réfugiés vivant sur le site d’accueil de Gado et ceux qui sont hors du camp, mais aussi des ménages hôtes vulnérables. Car il ne faut pas oublier que la communauté dans son ensemble a été touchée par cette crise : avant, Garoua Boulai était une ville qui vivait du commerce. Tout ce qui est autour de l’échange économique a aussi été affecté : les restaurants, les hôtels, les entrepôts. »

Des coupons qui donnent le choix

« L’enquête a été très instructive. Notre idée est de nous appuyer sur les marchés et les commerçants existants pour redynamiser la chaîne de marché via un système de coupons permettant aux récipients d’acheter ce dont ils ont vraiment besoin. Le but de cette intervention sera de soutenir l’économie locale, et non de la perturber en injectant des produits dont les gens ne pourront pas se servir.

À terme, nous envisageons d’effectuer le même genre d’étude sur les besoins en matière d’abri sur la zone. Actuellement, SOLIDARITÉS INTERNATIONAL a d’ores et déjà construit 20 maisons semi-durables sur le site de Gado et en fera 500 d’ici la fin du projet. Pour ce faire, nous embauchons des réfugiés vivant sur et hors du site de Gado. Car la crise a aussi engendré une forte diminution d’opportunités d’emploi sur la zone. »

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