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Afghanistan : Pâturages dégradés, populations fragilisées

Publié le lundi 5 mai 2014

Parce que leur seul et unique moyen d’existence, l’élevage, est directement menacé par les catastrophes naturelles, cycliques dans la région, SOLIDARITÉS INTERNATIONAL travaille avec les communautés rurales de la province de Bamyan à la protection de leurs pâturages. Eclairage de Bertrand Noiret, Responsable du programme de sécurité alimentaire de SOLIDARITÉS INTERNATIONAL à Yakawlang.

pâturages Afghanistan bamyan « Dans les régions montagneuses du centre de l’Afghanistan, où la plupart des ménages vivent de l’agriculture irriguée et surtout de l’élevage, les pâturages sont une ressource précieuse, indique Bertrand Noiret. Mais une politique foncière défaillante couplée à trois décennies de guerre ont totalement bouleversé la gestion traditionnelle de ces zones. Le surpâturage* qui en résulte combiné avec des sécheresses à répétition depuis la fin des années 90, a fortement détérioré ces espaces. »

Pour les populations locales, l’impact est double : « Dans un premier temps, l’élevage est fragilisé par le manque de fourrages, principal élément de leur alimentation. Par ailleurs, chaque printemps lors de la saison des pluies, l’érosion des sols entraîne des coulées de boue et des glissements de terrain qui viennent détruire les cultures, les infrastructures d’irrigation et même parfois les maisons. »

Afin de protéger les moyens d’existence des agro-éleveurs de la région, SOLIDARITÉS INTERNATIONAL appuie 60 communautés rurales dans la gestion durable de leurs pâturages. Le but : régénérer la végétation, sensibiliser sur la gestion durable des ressources naturelles et ainsi limiter les risques de catastrophes futures qui peuvent menacer leurs moyens d’existence.

* Surpâturage : quand la quantité de végétation enlevée d’une parcelle dépasse sa capacité de reproduction.

agronomie bamyan Afghanistan

« La situation a poussé beaucoup d’entre nous à partir »

« Il y a quelques années seulement, la situation était assez dramatique, explique Sayeed Ibrahim, agro-éleveur de la région. On coupait les buissons tout au long de l’année pour nourrir nos animaux et chauffer nos maisons. Les prairies se sont dégradées à tel point qu’il n’y avait presque plus de végétation. Le manque de fourrages a mis notre bétail en danger. La situation a amené beaucoup d’entre nous à partir d’ici et a aussi créé des tensions entre ceux qui sont restés. Mais depuis que nous appliquons cette
nouvelle approche, nous remarquons une réelle différence.
 »

Première étape de ce programme, le traçage par chaque communauté des frontières de ses aires de pâturage traditionnelles. SOLIDARITÉS INTERNATIONAL aide ensuite chacune d’entre elles à mettre en place des mesures de prévention, de protection et de régénération, toujours de la façon la plus adaptée à leurs besoins. « Plusieurs options sont possibles, détaille Bertrand. En général, la communauté choisit d’interdire l’accès à un quart de la surface pâturable pour cinq ans, pour laisser le sol se reposer et la végétation revenir naturellement. Certaines prairies sont réensemencées avec les fourrages naturels dont les semences sont collectées dans les bonnes pâtures. Enfin, les zones les plus à risque sont aménagées – par l’aménagement en terrasses, par exemple, ou la plantation d’arbres fixateurs du sol – afin d’empêcher l’érosion et les coulées de boue pendant les pluies de printemps. »

agriculture bamyan afghanistan

Une gestion améliorée, des communautés apaisées

A Yakawlang, SOLIDARITÉS INTERNATIONAL a contribué à améliorer la gestion de près de 800 km2 de pâturages, protégeant ainsi les moyens d’existence de plus de 7 000 familles vulnérables aux catastrophes naturelles.

« Même si nous sommes encore touchés par les inondations et les glissements de terrain, il y en a beaucoup moins qu’avant, confirme  Sayeed Ibrahim. Je peux aussi dire sans équivoque que la gestion des pâturages a un rôle majeur dans l’amélioration de nos élevages. Auparavant, je n’avais moi-même qu’une vingtaine de moutons et de chèvres. Aujourd’hui, j’arrive à en entretenir 45. Et au sein de la communauté, les tensions se sont apaisées. »

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