Dans un pays où seuls 31% de la population mange à sa faim, Bamyan est une véritable lueur d’espoir à laquelle Manuel Vaxelaire a contribué avec son bagage d’agronome et le climat de confiance créé avec les communautés. Manuel revient d’une mission de près de deux ans à Bamyan, « le coin le moins dangereux d’Afghanistan ». Il revient sur son expérience afghane.
Quel est ton parcours d’humanitaire ?
J’ai toujours été intéressé par ce qui se passe dans le monde. J’ai retrouvé mon journal intime que je tenais dès l’âge de dix ans et où je m’interrogeais sur les grandes questions du monde ! Après mes études de biologie et d’agriculture environnementale, j’avais la volonté de travailler sur l’agriculture en Afrique. Je suis donc parti faire un stage au Cameroun, mais je ne voulais pas spécialement faire de l’aide humanitaire. Par la suite, j’ai voulu faire du développement agricole, toujours en Afrique, et c’est finalement une ONG qui m’a proposé cela. Je suis donc parti pour ma première mission avec PU-AMI au Tchad, auprès des réfugiés du Darfour. Moi qui avais des a priori sur l’humanitaire, j’ai aimé cette expérience, la relation avec les communautés, la vie d’expatrié…
Pas si dur que ça, finalement ?
Non ! Du coup, j’ai réitéré l’expérience. Je suis parti avec SOLIDARITÉS INTERNATIONAL en République Centrafricaine comme responsable de programme sécurité alimentaire en 2013, puis en janvier 2014, je suis arrivé en Afghanistan comme responsable de programme support à Bamyan. C’est une fonction à plusieurs casquettes et comme nous n’avions pas toujours une équipe au complet, SOLIDARITÉS INTERNATIONAL m’a confié plusieurs autres responsabilités, avant de me confirmer au poste de Coordinateur Terrain adjoint. J’ai donc travaillé sur les problématiques de sécurité alimentaire, avec en plus des fonctions liées aux ressources humaines.
Comment décrirais-tu la vie à Bamyan ?
Certes ce n’est pas Kaboul donc il y a très peu d’autres expatriés. Ce qui signifie moins de vie sociale. Mais du coup j’étais tout le temps sur le terrain et presque jamais sur notre base de Bamyan. Après, cette province a des avantages : c’est le coin le moins dangereux d’Afghanistan. Ce n’est bien sûr pas tout rose, mais la vie y est beaucoup plus sûre que dans le reste du pays : on pouvait aller à pied au bazar ! Et puis j’ai fait du ski dans l’Hindu Kush, je me suis baigné dans les lacs de Band-e Amir et j’ai même fait un match de football sur les lacs gelés ! Ce qui me reste de tous ces souvenirs, c’est surtout l’accueil de la communauté ; exemplaire. Pendant le Ramadan, les gens me forçaient à manger parce qu’ils savaient que je n’étais pas musulman !
Donc tu es à présent un humanitaire convaincu ?
Disons qu’avant, j’étais plus attiré par le développement et que je me sentirais désormais plus à l’aise sur des programmes d’urgence. Dans le développement, où il est courant de donner plus de responsabilités au personnel national, il est essentiel d’accompagner au maximum ce personnel, ce qui n’est pas toujours possible quand on a des ressources limitées. Pour cela, je me sens plus rapidement opérationnel sur un programme de sécurité alimentaire d’urgence ; j’ai quelque chose à apporter.
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