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Afghanistan : mettre en sécurité les populations les plus vulnérables

Publié le lundi 14 mars 2022

La crise humanitaire qui frappe l’Afghanistan depuis plus de 40 ans a connu un nouveau développement à l’été 2021 avec le retrait des forces armées étrangères et la prise du pouvoir par les Talibans.

Ces événements ont été suivis d’une importante inflation, de l’arrêt de certains programmes de développement et d’aide budgétaire ainsi que de la fermeture des frontières afghanes, générant une crise socio-économique majeure. De nombreux ménages ont perdu leurs emplois ou ont vu leurs revenus diminuer de manière significative, les denrées disponibles se sont raréfiées et leurs prix ont beaucoup augmenté. Les personnes n’ayant plus les moyens de vivre en ville sont revenues dans leurs districts d’origine où les ressources disponibles (eau, nourriture, bois…) sont très limitées. La sécheresse et le manque d’irrigation des sols ont par ailleurs eu un impact énorme sur les récoltes.

L’année dernière, nous n’avons pas eu assez de récoltes. Cet hiver, nous devons nous adapter comme jamais auparavant. Je ne mange maintenant plus qu’une seule fois par jour, un repas composé exclusivement de pommes de terre » rapporte une mère de famille du district de Saighan, dans la province de Bamiyan.

Le pays est donc confronté à une très grave insécurité alimentaire : près de 23 millions de personnes sont en situation de crise alimentaire, soit plus de la moitié de la population afghane.

L’accès à l’eau potable est également un défi quotidien pour la plupart des personnes interrogées. Beaucoup sont obligées de boire de l’eau insalubre et contractent des maladies graves. Le manque d’eau a aussi pour conséquence une hygiène très restreinte au sein des communautés.

Certains souffrent par ailleurs de conditions de vie très précaires, particulièrement délétères en période hivernale.

  • 43 millions d'habitants
  • 180ème sur 191 pays pour l'Indice de Développement Humain
  • 146 600 personnes bénéficiaires

Certaines familles n’ont plus rien pour se chauffer et brûlent tant bien que mal tout ce qu’elles trouvent dans la rue tandis que les gens se serrent sous quelques couvertures pour passer la nuit ; d’autres habitent dans des maisons abîmées, dans des grottes ou partagent leur abri de fortune avec le bétail », témoigne Colin Rehel, directeur pays de la mission Afghanistan chez SOLIDARITÉS INTERNATIONAL.

PASSER L’HIVER

Afin de porter assistance aux personnes les plus vulnérables, SOLIDARITÉS INTERNATIONAL a mené des actions d’urgence à Kaboul et dans les provinces de Bamiyan et de Kapissa. Quelques 11 200 personnes ont été ainsi soutenues pour se chauffer et passer l’hiver. Ce soutien s’est traduit par une distribution en cash d’approximativement 15 000 Afghanis, soit approximativement 115 euros (selon les cours due janvier 2022). Avec cet argent, ces familles ont pu acheter ce dont elles estiment avoir le plus besoin pour l’hiver : du combustible pour se chauffer, des vêtements chauds et de la nourriture. « La distribution d’argent offre la possibilité aux personnes accompagnées de choisir par elles-mêmes les produits qui leur correspondent. Co-existent ici des enjeux de dignité humaine et d’émancipation de la population » explique Colin Rehel.

Distribution de cash à Bamiyan pour subvenir aux besoins des populations pour passer l’hiver, janvier 2022

RÉHABILITATION DE POINTS D’EAU À KABOUL

Nos équipes ont également procédé à la réhabilitation de 22 points d’eau dans les quartiers périphériques de la capitale pour qu’un plus grand nombre de personnes puisse avoir accès à l’eau potable et à l’hygiène, et ainsi réduire les risques de propagation d’épidémies et de contraction de maladies hydriques. Il s’agit aussi de réduire les tensions communautaires liées au manque d’eau : parce que l’accès à l’eau potable dépend, pour d’aucuns, du bon vouloir de certains particuliers qui possèdent des points d’eau privés, les frustrations et querelles se multiplient. Dans le quartier de De-Kholaydat, une mère de famille témoigne :

Nous attendons avec impatience de pouvoir utiliser le point d’eau [réhabilité par les équipes de SOLIDARITÉS INTERNATIONAL, N.D.L.R.], mon fils n’aura plus aller demander de l’eau à notre voisin tous les jours et nous pourrons aller en chercher dignement et en toute sécurité.

SÉCURITÉ ALIMENTAIRE, EAU POTABLE, HYGIÈNE ET ABRIS SÛRS

A partir d’avril 2022, SOLIDARITÉS INTERNATIONAL prévoit de mettre en place une réponse plus large dans les zones de Bamiyan, Kaboul, Kapissa, Wardak et Logar. Ces opérations comprennent une aide alimentaire d’urgence, la distribution de kits de production agricole et d’élevage, le renforcement de l’accès à l’eau potable et à l’eau d’irrigation, la reconstruction des latrines et des infrastructures d’assainissement, la promotion de l’hygiène et la remise en état de certains abris et logements.

Les actions prévues visent à augmenter l’apport nutritionnel quotidien des personnes accompagnées, à restaurer leurs activités génératrices de revenus, à réduire les risques de contraction de maladies et promouvoir, à long terme, leurs capacités de résilience.

Il est urgent de mettre en sécurité les populations affectées par la crise actuelle. De nombreux foyers se rationnent, consomment une eau contaminée, ne peuvent se laver que très rarement et sont exposés à des conditions de vie très peu sûres. Le printemps s’annonce particulièrement rude car les familles rurales feront face à la période de soudure agricole et au risque élevé d’inondation soudaine avec la fonte des neiges » complète Colin Rehel.

 UNE INTERVENTION CIBLÉE

Les zones rurales dans lesquelles SOLIDARITÉS INTERNATIONAL intervient ont été choisies en raison du manque d’acteurs humanitaires présents sur le territoire concerné et de leur isolement. Ce sont des régions montagneuses, où il est parfois nécessaire de réaliser jusqu’à trois jours de voyage à dos d’âne pour atteindre le centre de la province et ses services.

Il s’agit également de régions particulièrement touchées par les conflits, où la sécheresse est très importante et qui ont dû faire face à un afflux très important de personnes ayant quitté les villes.

Le retour de nombreuses personnes dans leurs villages a pour conséquence une augmentation considérable de la pression sur les terres arables, les biens et les services disponibles dans des zones déjà extrêmement appauvries et fragiles. Cela accroît les tensions communautaires et incitent certaines familles à envoyer des frères ou parents à l’étranger dans l’espoir d’y trouver un revenu de survie » explique le directeur pays.

Les actions implémentées par SOLIDARITÉS INTERNATIONAL en Afghanistan entendent venir en aide à plus de 32 000 personnes. Les activités mises en œuvre sont soutenues par le Centre de Crise et de Soutien du ministère de l’Europe et des affaires étrangères français.

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