Il y a un an, la guerre en Ukraine a débuté. Face à l’intensification du conflit, de nombreux Ukrainiens et Ukrainiennes ont quitté leur pays. Pour ceux et celles qui sont restés, les conditions de vie sont difficiles. Les bombardements sont récurrents et les habitants doivent souvent quitter leurs maisons pour se mettre à l’abri. L‘ONG SOLIDARITÉS INTERNATIONAL est allée à leur rencontre.
Tetyana a quitté la ville de Kherson avec son fils de 10 ans en décembre dernier. Elle vit actuellement à Odesa dans un appartement privé qu’elle loue. « Nous avons évacué dans la précipitation et la panique, donc nous n’avons pas pris grand-chose avec nous », raconte Tetyana. « C’est très dur mentalement. Vous venez ici, mais toute votre vie reste là-bas. Pendant un mois, j’étais au bord de la dépression. Je suis à peine sortie de la maison. Je devais me forcer à aller au magasin, à me laver les cheveux, etc. Je ne ressemblais pas à ça avant. J’ai l’impression qu’il n’y a plus de but dans la vie. Je me contente de passer du matin au soir. C’est tout », explique-t-elle.
Ukraine
Contexte et action- 37 millions d'habitants en en 2023
- 77ème sur 191 pays pour l'Indice de Développement Humain
- 501 843 personnes secourues depuis mars 2022
Lioubov a 72 ans. Elle est originaire de Kherson où elle vivait avec son mari, Vladimir. Face à la violence des bombardements, elle s’est finalement déplacée à Odesa en novembre dernier. Son mari, quant à lui, est resté sur place.
Pour l’heure, Lioubov loue un petit appartement. Cependant, sa petite pension et le soutien reçu par sa famille ne lui permettent pas de couvrir toutes ses dépenses. Elle a besoin de l’aide des organisations humanitaires comme SOLIDARITÉS INTERNATIONAL.
Elle n’a qu’un objectif en tête : revenir dans sa maison et dans sa ville malgré l’ampleur des dégâts. « J’aimerais rentrer chez moi. J’ai vraiment envie de rentrer chez moi. Dès que les bombardements cesseront à Kherson, je rentrerai chez moi. Même si tout est détruit là-bas, je rentrerai chez moi », répète Lioubov.
Nadjia est la « Stratosta », l’autorité locale de trois villages : Lioubomyrivka, Yakovlivka, et Vyeseli Kut. Ces derniers ont été très affectés par les hostilités, entre mars et novembre 2022, du fait de leur proximité avec la ligne de front, à moins de 10 km. Les bombardements ont durement entaché le quotidien des habitants et des habitantes. « Il n’y avait pas d’électricité, pas d’eau. Les magasins, les puits de forage ne fonctionnaient plus (…) Ce n’est pas de trois mois dont nous parlons, mais de huit mois… », raconte Nadjia.
Aujourd’hui, la situation sur place s’est apaisée mais les défis sont multiples. « Pour les villageois, la grande difficulté est que la terre n’a pas du tout été nettoyée des mines. Les gens ne peuvent pas cultiver les sols » explique Nadjia. Nadjia rappelle également l’importance du retour de l’internet dans le village, « il faut de l’internet pour que les enfants reviennent à la maison et reprennent leurs études ».
Victor, 57 ans, vit à Liubomyrivka, dans l’Oblast de Mykolaïv, un village qu’il n’a jamais quitté, malgré sa proximité avec la ligne de front de mars à novembre 2022. « A mon âge, je ne peux pas aller quelque part pour recommencer à zéro. Et ma santé n’est pas la meilleure », se confie Victor.
De mai à juin 2022, les bombardements se sont intensifiés dans le village. « Il y avait des bombardements toutes les nuits. C’était dur. Nous attendions dans la cave (…). », précise Victor.
Victor est agriculteur et depuis le début du conflit, il met sa vie en danger tous les jours. Dans les champs, la guerre a laissé un nombre important d’UXO (munitions explosives non explosées). « Nous allons dans les champs à nos propres risques. On y va en voiture et si on voit quelque chose de suspect sur la route, on la contourne et on continue », raconte Victor.
Avant le déclenchement du conflit, Vladismlav Perepeliuk travaillait comme marin dans la marine marchande. La guerre a bouleversé sa vie, ses projets. Comme beaucoup d’Ukrainiens et d’Ukrainiennes, il a cherché à fuir mais il est resté coincé à Kherson avec sa famille. Ce n’est qu’à la fin du mois de novembre qu’il a enfin réussi, avec sa famille, à quitter la ville.
Vladislav travaille depuis janvier 2023 pour SOLIDARITÉS INTERNATIONAL en tant que chargé de la distribution des espèces aux personnes soutenues.
« Ce travail m’aide. Ici, je peux parler aux gens, je peux entendre leurs histoires. Je les écoute et j’essaie de les soutenir. J’espère que cela les aide « , raconte Vladislav.
Textes recueillis, écrits et photos prises par Myriam Renaud / Hans Lucas