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Réduire les distances, dépasser les obstacles

Publié le mardi 18 juin 2019

TRIBUNE, par Alexandre Giraud, Directeur Général de SOLIDARITÉS INTERNATIONAL.

Depuis près de 40 ans maintenant, SOLIDARITÉS INTERNATIONAL se bat chaque jour pour accéder et porter secours à celles et ceux qui sont frappés par les guerres, les épidémies et les catastrophes naturelles.

Une lutte de tous les instants qui est LA condition sine qua non pour apporter en mains propres une aide digne et vitale aux hommes, aux femmes et aux enfants qui se retrouvent bien souvent hors des radars, loin de l’attention politique et médiatique… La distance qui nous sépare d’eux, dans un monde ultraconnecté et mobile, est pourtant bien relative. Les obstacles que nous devons dépasser pour les atteindre sont par contre bien réels.   

La campagne que nous lançons sur les lieux de voyages, reprenant photos et vidéos prises sur nos théâtres d’intervention, est une autre façon de rapprocher ces millions d’êtres humains de nos écrans et de nos préoccupations. Après une année 2018 pendant laquelle les associations ont accusé une sévère baisse de la générosité, particulièrement celles œuvrant à l’international, nous nous devions, en tant qu’acteur humanitaire de terrain, de réaffirmer une nouvelle fois une valeur qui nous est d’autant plus chère que notre ONG en porte le nom : la solidarité, qui ne connait pas de frontières.

Cette campagne, c’est aussi l’occasion de rappeler notre raison d’être qui nous pousse depuis près de 40 ans à aller là où les besoins sont les plus sévères, en dépit de tous les obstacles qui se dressent chaque jour devant nos équipes : l’insécurité, les contraintes logistiques, administratives, financières… et pire que tout, l’indifférence.

Une raison d’être qui se résume par notre devise depuis bientôt 40 ans : ‘’La première réponse à la souffrance humaine doit être la solidarité.’’

‘’Les travailleurs humanitaires se trouvent inévitablement contraints de négocier en pratique ce qui ne se négocie pas en principe.’’

 

Atteindre les personnes qui ont le plus besoin d’être secourues pour répondre à leur détresse et leur permettre d’accéder à cette aide humanitaire dont dépend leur santé et leur survie, nécessite des savoir-faire précis, des compétences rares, une intégrité constante, des moyens financiers toujours plus importants, un engagement et une détermination de tous les instants.

Or, ces dernières années, les ONG de terrain comme la nôtre n’ont jamais autant tiré la sonnette d’alarme, à travers les médias et auprès des gouvernements, sur la dégradation de l’accès humanitaire : au Soudan du Sud, en RCA, en RDC, au Nigeria, en Syrie, au Yémen, en Birmanie…

Pendant ce temps-là, alors que l’aide internationale ne parvient déjà pas à tous les couvrir, particulièrement en urgence, les besoins humanitaires ne cessent d’augmenter. La faute, notamment, au changement climatique qui génère de plus en plus de situations de crise, ainsi que des mouvements de populations d’une ampleur inédite.

 

Humanitaires par principe(s)

Pendant ce temps-là, aussi, la plupart des conflits auxquels le monde fait face sont tristement menés sans aucun respect des règles les plus élémentaires du Droit international humanitaire. Trop souvent, les belligérants n’ont que peu de considération pour les populations civiles. Femmes, hommes, enfants sont pris à partie, stigmatisés et ciblés, au lieu d’être épargnés et protégés. Leur droit à recevoir une assistance est bafoué. La légitimité des organisations humanitaires à leur porter assistance est contestée. Ces dernières sont tour à tour soupçonnées de partialité, accusées d’ingérence ou suspectées de poursuivre, à travers leur assistance, des agendas cachés. Leurs équipes nationales et internationales se retrouvent elles aussi bloquées, menacées, ciblées.

Pourtant, depuis bientôt 40 ans, c’est sur la seule base des principes humanitaires d’humanité, de neutralité, d’impartialité et d’indépendance, ainsi que sur l’obligation morale d’agir –ce que l’on appelle l’impératif humanitaire- que SOLIDARITÉS INTERNATIONAL fonde son action. Expliquer et revendiquer sans relâche notre solidarité dans ces contextes complexes est devenu LA condition sine qua non de notre présence. Qu’il s’agisse de crises épicentres des tensions géopolitiques mondiales ou de crises oubliées depuis toujours.

Chaque jour, sur chacune de nos missions et avec les personnes à qui nous venons en aide, ces principes fondateurs sont questionnés à chaque fois qu’ils sont mis en pratique. Les dilemmes sont posés sans concession, les conséquences de nos actions sont analysées. Comment s’assurer que nous apportons une aide impartiale à ceux qui en ont le plus besoin, alors que nous est parfois interdit l’accès à de vastes parties du territoire ? Est-il possible d’expliquer notre neutralité, lorsque les tensions intercommunautaires sont destructrices ? Comment demeurer indépendants des politiques étrangères des Etats dans certaines régions, alors même que nos financements sont majoritairement publics ? Comment maintenir notre humanité, quand l’insécurité nous garde à distance de certaines populations que nous aidons ?

À ces questions qui pourraient paraître insolubles, nos équipes, tant locales qu’internationales, trouvent des réponses pragmatiques et quotidiennes. L’intégrité, la ténacité, l’honnêteté et l’humilité avec lesquelles elles abordent des contextes de plus en plus complexes et dans lesquels notre solidarité est de plus en plus vitale, les honorent. Merci à elles qui demeurent ‘‘ humanitaires par principe(s) ’’, n’ayant pour seule boussole que celle des besoins de leurs contemporains.

 

Les besoins comme seule boussole

Pendant ce temps-là, enfin, de grands changements politiques et sociaux au niveau mondial ont affecté le paysage, la culture et l’environnement du secteur humanitaire, exposant ce dernier à un examen public accru, à un scepticisme, voire à une suspicion. Alors que les ONG se sont montrées de moins en moins enclines à gérer des niveaux de risque plus complexes dans certains contextes spécifiques, certaines se sont en plus concentrées sur leur propre croissance institutionnelle et leur survie, plutôt que sur l’atteinte de leurs objectifs : délivrer une aide humanitaire efficace pour celles et ceux qui en ont le plus besoin.

En tant qu’acteur humanitaire de terrain et de première ligne, SOLIDARITÉS INTERNATIONAL ne peut que redoubler d’efforts pour faire valoir sa conception de l’action humanitaire. N’être guidée par aucune autre considération que celle du besoin. Aller là où les besoins sont les plus sévères. Apporter une aide en mains propres. Maintenir les communautés au centre de leur travail, en tant qu’actrices de l’aide, et non pas seulement bénéficiaires.

C’est pourquoi, en France, en Europe comme au niveau mondial, SOLIDARITÉS INTERNATIONAL se bat aussi pour fédérer autour d’elle les organisations qui se reconnaissent dans les valeurs et les principes dont elle se réclame. Pour mettre leurs ressources en commun, mettre en œuvre leurs opérations de façon conjointe et faire entendre la voix de celles et ceux à qui elles viennent en aide. Parce ce que comme nous le rappelle notre signature, il nous faut toujours aider plus loin.

La campagne

> Le communiqué de presse.

En affichage cet été, dans les lieux de voyages, comme les gares

campagne solidarites international
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En affichage digital, sur les sites de voyages, les réseaux sociaux…

Photos : © Felipe Dana/AP/SIPA  – Vincent Tremeau / SOLIDARITES INTERNATIONAL