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Partir encore : Les réfugiés syriens du Liban face au redéplacement

Publié le vendredi 22 novembre 2024

Le 23 septembre 2024 au matin débutait une vaste campagne de bombardements israéliens sur le Liban dont l’intensité n’a fait que redoubler depuis. Face à cette déflagration de violence, la population a fui les zones ciblées. Une partie s’est enfuie en Syrie, pays qui subit pourtant lui-même une des plus importantes crises humanitaires de cette dernière décennie. Parmi les personnes qui ont traversé cette frontière, de très nombreux Syriens venus se réfugier au Liban il y a dix ans.

« Dès le 24 septembre, on a vu des personnes traverser la frontière. Un mois plus tard, ce sont plus de 425 000 personnes qui sont arrivées en Syrie pour fuir les bombardements au Liban, résume Colin Rehel, directeur pays en Syrie pour SOLIDARITÉS INTERNATIONAL. Ces personnes n’ont pas pu préparer leur voyage. Elles arrivent complètement démunies, sans savoir si elles vont rester ou repartir. » On estime que 30% des arrivants sont Libanais. Les 70% restants sont des réfugiés syriens au Liban qui se redéplacent en Syrie aujourd’hui. En effet, à la suite de l’éclatement de la guerre civile en 2011, la Syrie connaissait une crise humanitaire majeure, si bien que de très nombreuses personnes avaient dû fuir leur pays d’origine. Parmi elles, 1,5 million s’étaient réfugiées au Liban, souvent dans la vallée de la Bekaa où elles vivaient dans des campements informels depuis plus de dix ans. Malheureusement, cette vallée est aujourd’hui une cible privilégiée des bombardements israéliens. Pour ces familles syriennes à la vulnérabilité déjà exacerbée, ce nouveau déplacement, même s’il les ramène dans leur pays d’origine, rajoute une crise à la crise.

Se redéplacer dans le Nord-est syrien 

La grande majorité des Syriens réfugiés au Liban qui se redéplacent aujourd’hui en Syrie vont dans les provinces de Homs, de Tartus ou à Damas. Mais environs 20 000 personnes – jusqu’à aujourd’hui – ont choisi de retourner dans le Nord-est syrien dont elles sont souvent originaires. La plupart espèrent y être accueillies par de la famille ou des connaissances. Les autres seront réorientées vers des camps officiels déjà existants. Pour y parvenir, elles doivent passer par des check points, où elles sont enregistrées À Tabqa par exemple, quelques familles transitent encore chaque jour avant de pouvoir repartir, notamment vers Raqqa. Ils étaient plus environ 2000 par jour fin septembre. Afin de rendre ce voyage moins pénible et moins dangereux, SOLIDARITÉS INTERNATIONAL permet aux personnes d’avoir accès à de l’eau et à des latrines au checkpoint. 

  • 23,2 millions d'habitants
  • 150ème sur 191 pays pour l'Indice de Développement Humain
  • 693 917 personnes bénéficiaires

Latrines au checkpoint de Taqba

L’arrivée à Raqqa 

Dès le 24 septembre, les premières personnes sont arrivées dans la gare routière de Raqqa. Certaines y ont passé la nuit, dans l’attente d’un bus qui les amènerait vers d’autres destinations du Nord-est syrien. Très rapidement, SOLIDARITÉS INTERNATIONAL, déjà présente depuis longtemps dans les camps informels de la périphérie de la ville, a proposé un premier accueil à ces personnes. Pour cela, nos équipes ont installé une grande tente d’accueil de 120 mètres carrés avec de la lumière, des tapis et des coussins, permettant aux familles de passer la nuit en sécurité. Une trentaine de familles y dorment chaque nuit depuis. Elles y reçoivent des couvertures et des biscuits secs, avant de reprendre leur route le lendemain. SOLIDARITÉS INTERNATIONAL assure également l’accès à un point d’eau potable. 

Tente d’attente à la gare routière de Raqqa

Si la population syrienne accueille plutôt favorablement ces personnes, l’inquiétude pour leur avenir reste vive. La Syrie subit depuis plus de dix ans un grave conflit qui a entrainé une crise économique majeure, des centaines de milliers de déplacements internes à la Syrie et une véritable insécurité alimentaire. Les services de base ne sont que très partiellement accessibles voire, dans certaines régions, totalement absents. SOLIDARITÉS INTERNATIONAL prévoit de leur distribuer d’une aide monétaire afin de les aider à subvenir à leurs besoins les plus essentiels. Mais, dans cet environnement où tout manque, comment, vulnérables parmi les vulnérables, ces Syriens redéplacés du Liban pourront-ils avoir accès à la santé, à l’éducation ou même tout simplement à de l’eau et de la nourriture ? Une mobilisation de tous est indispensable.

Photos : © SOLIDARITÉS INTERNATIONAL

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