Alors que le conflit intérieur qui déchire le Soudan depuis l’année dernière a créé la pire crise de déplacement au monde, le pays doit à présent faire face à une crise alimentaire sans commune mesure.
755 000 personnes sont déclarées en état de famine au Darfour, considérant l’ampleur de la malnutrition et du taux de mortalité dû à la faim. C’est le cas du camp de Zamzam, près d’El Fasher, qui accueille 500 000 personnes déplacées par le conflit. Dans cette zone, plus d’une personne sur cinq subit un manque extrême de nourriture et les taux de malnutrition et de décès ont atteint des niveaux critiques. Au total, 25,6 millions de personnes, soit la moitié de la population du Soudan, sont victimes de graves degrés d’insécurité alimentaire, ce qui en fait la plus grande crise alimentaire de l’histoire.
Au mois d’avril 2024, SOLIDARITÉS INTERNATIONAL participait à la « Conférence internationale humanitaire pour le Soudan et ses voisins » et alertait avec ses partenaires sur la situation humanitaire catastrophique que subissaient les habitants de ce pays, ainsi que sur son aggravement à venir. En effet, le conflit qui enflamme le pays depuis 2023 a jeté 12 millions de personnes sur les routes selon les Nations Unies, et entrainé une crise alimentaire particulièrement grave. Dès le mois de février, SOLIDARITÉS INTERNATIONAL rappelait que ”Si rien n’est fait, on va droit vers une situation de famine, notamment dans les États du Darfour !”.
Les pires prédictions sont aujourd’hui confirmées. Les Soudanaises et Soudanais ont massivement perdu leurs moyens d’existence dans le conflit, alors même que l’inflation a fait gonfler les prix jusqu’à parfois 300%¹. La nourriture n’est pas disponible en quantité suffisante. En cause, les entraves à l’approvisionnement des marchés dues au conflit et à ses parties. En cause également, l’impossibilité pour les agriculteurs et agricultrices de travailler dans leurs champs depuis la reprise du conflit l’année dernière.
Actuellement, la saison agricole ne peut toujours pas reprendre son cours habituel. Les populations n’ont toujours pas accès à leurs terres et manquent de moyens pour acheter semences et intrants.
Soudan
Contexte et action- 48,11 millions d'habitants
- 172ème sur 191 pays pour l'Indice de Développement Humain
- 367 391 personnes bénéficiaires
Face à ce tableau catastrophique, l’aide humanitaire devrait se déployer massivement. Pourtant, elle peine à accéder aux populations. Les obstacles physiques et administratifs se multiplient et ne permettent pas de distribuer l’assistance nécessaire. Cet accès est aujourd’hui la préoccupation principale : tous les Soudanaises et Soudanais qui ont besoin d’aide humanitaire doivent pouvoir en bénéficier quelle que soit la zone du conflit dans laquelle ils vivent. C’est un principe fondamental du Droit international humanitaire.
Pour faire face à l’inflation, SOLIDARITÉS INTERNATIONAL organise des transferts monétaires via la distribution de coupons et de cash. Cette solution aide les marchés à fonctionner en permettant aux personnes d’acheter leur nourriture. D’autres actions sont nécessaires pour faire face à la crise. Les acteurs humanitaires doivent pouvoir organiser des distributions alimentaires. Il faut aussi permettre rapidement aux fournisseurs d’accéder aux marchés pour les achalander et soutenir l’agriculture afin de produire localement la nourriture. Il faut enfin permettre aux infrastructures de fournir une eau saine nécessaire à l’endiguement de la malnutrition.
Aujourd’hui, SOLIDARITÉS INTERNATIONAL se mobilise pour faire parvenir plus d’aide humanitaire aux personnes en danger. Cette assistance doit être déployée à des échelles titanesques et nécessite une coordination de tous les acteurs humanitaires et bailleurs. Il faut exiger un accès humanitaire sûr, sans conditions et sans entrave, via le poste frontière d’Adré, au Tchad, ainsi qu’à l’intérieur du Darfour, à Khartoum et dans l’ensemble des régions touchées par le conflit, pour permettre de sauver les populations qui sont en danger de mort imminente. Face à cette catastrophe, l’inaction serait le pire choix.
Photo : © SOLIDARITÉS INTERNATIONAL
Source :
¹ Integrated Food Security Phase Classification – Avril 2024/février 2025