Irak : soutenir les entreprises agricoles pour relancer l’activité économique

Cinq ans après la fin de la lutte contre l’État islamique (EI), l’Irak subit les conséquences de décennies de guerre et d’instabilité politique, tout en étant confronté à la pire sécheresse de son histoire. Dans le territoire du Sinjar, la population, majoritairement dépendante de l’activité agricole, est en première ligne. Pour appuyer la relance de l’économie, SOLIDARITÉS INTERNATIONAL a lancé un projet de soutien à des entreprises agricoles. 

CRISE MULTIDIMENSIONNELLE  

L’Irak est confronté à une crise multidimensionnelle et complexe combinant des risques sécuritaires, politiques, économiques et sociaux qui se renforcent mutuellement. Bien que les combats contre l’Etat Islamique (EI) se soient terminés en 2017, les tensions internes et internationales persistent dans le pays.  

Une situation qui fragilise le pays déjà affaibli économiquement par deux années de pandémie de COVID19 et par l’inflation sur le coût des denrées alimentaires de première nécessité liée à la guerre en Ukraine, comme l’huile, les lentilles et le riz. De plus, alors que la courbe démographique ne cesse de croître, les chiffres indiquent une augmentation de la pauvreté et du taux de chômage en Irak.

La population doit également faire face depuis plusieurs années à des changements environnementaux majeurs, qui se manifestent par une recrudescence des tempêtes de poussière, une baisse des précipitations et une réduction des apports d’eau dans les rivières. La rareté accrue de l’eau entraîne une diminution de la production agricole, privant de nombreuses familles de leur source de revenus. 

Cette crise de l’eau exacerbe les vulnérabilités auxquelles la population doit déjà faire face : difficultés pour subvenir à ses besoins ou pour accéder aux services de santé, à l’éducation, à un abri ou un logement. 

LE SINJAR AU CENTRE DE L’ATTENTION 

Aujourd’hui, si les tensions se poursuivent en Irak, c’est dans le territoire contesté du Sinjar que se concentrent les conflits. Une série d’acteurs armés sont apparus ces dernières années, se disputant le contrôle de la zone frontalière et menaçant directement les civils. Près de 70% de la population du Sinjar reste déplacée. 

Pour les personnes qui sont restées ou retournées dans la région, majoritairement dépendante de l’agriculture à petite échelle et du travail saisonnier, les difficultés se multiplient. La destruction systématique des réseaux d’eaux, des terrains et des outils par l’EI, ainsi que les déplacements prolongés ont eu un impact important sur les revenus des familles retournées depuis 2020. Les jeunes enfants ont souvent très peu accès à l’école. 

Par ailleurs, le développement économique de ces populations est entravé par les conflits intercommunautaires ou encore les chocs environnementaux. Dans le Sinjar, les usines, concentrées principalement sur la production alimentaire, n’ont pas résisté à l’invasion de l’EI dans la région. Détruites, elles ont été forcées à la fermeture ou à l’abandon. 

SOUTENIR LES ENTREPRISES AGRICOLES  

Dans l’objectif d’appuyer la relance du secteur agricole (premier secteur d’emploi de la région dans les zones rurales), SOLIDARITÉS INTERNATIONAL est venue en aide à 16 entreprises agricoles. Un projet financé par le Centre de crise et de soutien (CDCS). 

Le but ? Soutenir les principales chaînes de valeur agricole dans le Sinjar (comme l’élevage de volaille, la production d’olives ou la récolte du miel) via le renforcement des capacités des acteurs agricoles ainsi que le développement de liens entre eux, permettant donc de redynamiser l’économie locale. 

« Avant le projet, j’étais sans emploi et à la maison. Grâce au financement que j’ai reçu de SOLIDARITÉS INTERNATIONAL, j’ai pu acheter des fournitures et créer mon entreprise à partir de rien”, explique l’une des personnes bénéficiaires du projet. 

A travers diverses formations, des soutiens financiers, des services de conseil et d’orientation personnalisés, SOLIDARITÉS INTERNATIONAL souhaite relancer, développer et durabiliser l’activité économique non seulement des entrepreneurs et entrepreneuses mais également des acteurs locaux pour leur permettre de mettre en place des solutions agricoles durables et respectueuses de l’environnement.  

© Laure LARROQUETT