Une personne sur huit a été exposée à un conflit armé en 2024. Face à cette violence croissante, les ONG sont en première ligne pour porter secours aux civils proches des zones de combat, qui subissent — en plus des dangers et de la peur — le manque de tout : eau, électricité, nourriture, médicaments… De l’analyse des besoins jusqu’à la délivrance de l’aide, SOLIDARITÉS INTERNATIONAL a développé depuis sa création une expertise unique de « frontliner ».
Les civils, premières victimes des conflits
« Nous n’avons rien, pas de vêtements, pas de couvertures, rien pour dormir, rien pour manger, rien pour boire. Nous avons seulement la miséricorde de Dieu. »
— Fahima, déplacée d’Afrin, Syrie
Quand les combats éclatent, ceux qui le peuvent fuient. Des familles entières prennent la route, souvent à pied et exposées aux violences, puis se regroupent dans des sites de déplacés, dans un dénuement total. D’autres, les plus vulnérables — personnes âgées, handicapées — peuvent se retrouver confinées chez elles, sans soin ni secours, comme ce fut le cas dans les villages ukrainiens proches de la ligne de front en 2022, où de nombreuses personnes âgées s’étaient réfugiées dans leurs petits celliers souterrains. Tous se voient dans l’impossibilité de répondre à leurs besoins les plus essentiels. Pour les 305 millions de personnes ayant besoin d’aide humanitaire en 2025, les conflits armés sont en cause dans 80 % des cas.
Les civils sont pourtant protégés par les Conventions de Genève, ratifiées par 196 pays. Elles imposent aux belligérants de traiter les personnes qui ne combattent pas avec humanité et interdisent les traitements cruels. Leur application est malheureusement de plus en plus souvent bafouée et le nombre des victimes civiles des conflits augmente.
Agir au plus proche des zones de combat
Depuis 1980, SOLIDARITÉS INTERNATIONAL intervient là où les autres ne vont pas. L’ONG est née en Afghanistan, au moment de l’invasion soviétique. Alors que l’aide se concentrait sur les réfugiés dans les pays frontaliers, la mission fondatrice de SOLIDARITÉS INTERNATIONAL traversait les cols enneigés de l’Hindou Kouch à cheval pour secourir les civils au cœur-même de la guerre.
Aujourd’hui encore, 82 % du budget de l’ONG est consacré à des contextes de conflit : Sahel, Yémen, République centrafricaine… Après l’embrasement du Soudan en avril 2023, nos équipes ont été les premières à revenir au Darfour. En Ukraine, dès les premiers jours, nos équipes ont soutenu les cantines collectives, et organisé les distributions d’eau et de kits d’hygiène aux familles terrorisées qui fuyaient l’invasion russe. À Gaza, malgré les restrictions sur l’entrée des biens essentiels, quatre stations de désalinisation ont été mises en service, produisant 32 millions de litres d’eau potable pour plus d’une centaine de milliers de personnes. Une prouesse technique et humaine, rendue possible par la ténacité de nos équipes sur place.
Comprendre avant d’agir
Pour parvenir à aider efficacement les civils qui subissent un conflit, l’évaluation des besoins est une étape-clé. Les premiers intervenants sont l’équipe exploratoire, en charge de collecter les informations : combien de personnes sont restées chez elles ? Ont-elles des stocks de nourriture ? Sont-elles blessées ? Où se trouvent celles qui sont parties ? Sont-elles cachées dans des zones isolées ou arrivent-elles dans une grande ville ? Ces renseignements permettront de dessiner les contours de l’aide que l’ONG apportera.
Dans les zones dont l’accès est impossible ou trop dangereux, comme au Sahel, SOLIDARITÉS INTERNATIONAL utilise le HAACT, une équipe qui utilise des méthodologies innovantes afin de collecter des informations à distance. Pour cela, elle contacte des sources locales (habitants, commerçants…) pour obtenir des éléments précis, comme la présence de centres de santé, le fonctionnement ou non des arrivées d’eau…, et croise ces données avec l’imagerie satellite. Un état des lieux précis et circonstancié est ainsi dressé pour adapter l’intervention à venir.

© Abdul Fahim Ahmadi
Parvenir jusqu’aux populations
Dans les zones de guerre, accéder aux populations est un défi en soi. Routes détruites, combats actifs, groupes armés, État absent ou méfiant… Tout complique l’arrivée de l’aide. Pourtant, SOLIDARITÉS INTERNATIONAL parvient à franchir les difficultés jusqu’aux zones où les besoins sont les plus urgents. L’accès repose d’abord sur une diplomatie locale patiente et déterminée. Dans des contextes comme le Soudan ou l’Éthiopie, nos équipes négocient village par village, avec chaque chef local, chaque groupe armé, chaque autorité. Il faut expliquer ce qu’est une ONG, pourquoi nous venons, garantir notre neutralité et ne pas lâcher tant que nous n’obtenons pas satisfaction. Parfois, cela prend des semaines, mais c’est la condition pour pouvoir entrer, et rester.
Dans les quartiers les plus dangereux de Port-au-Prince, comme Cité Soleil en Haïti, gangrénés par les violences, l’accès passe par l’ancrage communautaire. SOLIDARITÉS INTERNATIONAL travaille avec des partenaires locaux comme Anacaona, qui connaissent les quartiers, les leaders et les chefs des différents groupes armés. Ils expliquent les projets, embauchent des jeunes locaux, et assurent un suivi quotidien. Leur présence constante dans la population, et ce depuis des années, permet de minimiser les risques de rackets et d’assurer une plus grande sécurité des équipes et des bénéficiaires.
Des besoins spécifiques
Une fois parvenues sur place, nos équipes doivent adapter leur aide à la réalité de la situation.
Par exemple, juste après un bombardement, l’électricité et l’eau peuvent être coupées, et le carburant indisponible. Il n’est pas possible de cuisiner. L’assistance alimentaire prend donc la forme de distribution de nourriture prête-à-manger, comme du houmous en boîte qui permet d’apporter des protéines.
Le danger impose aussi une forme d’agilité. Il faut éviter les rassemblements de personnes, éviter les longs déchargements de gros camions pour ne pas attirer l’attention des drones ou de l’artillerie.
Dans un second temps, des cuisines collectives peuvent se mettent en place pour servir des repas chauds et offrir plus de diversité. Nos équipes soutiennent alors ces initiatives en apportant de la nourriture à cuisiner, du gaz ou du combustible pour chauffer, de l’eau et s’assurer des conditions d’hygiène de la préparation des aliments. Dans les périodes de cessez-le-feu ou d’accalmie, des distributions de nourriture conventionnelles peuvent ensuite être organisées.
Dans les zones de guerre, où tout manque et où le danger est permanent, l’aide humanitaire ne s’improvise pas. Elle repose sur des compétences spécifiques, une connaissance fine des terrains, et une détermination sans faille. Depuis 45 ans, les équipes de SOLIDARITÉS INTERNATIONAL évaluent, négocient, agissent, souvent au péril de leur sécurité, pour que l’aide parvienne aux civils les plus vulnérables. Des personnes qui ne participent pas aux combats, qui ne devraient pas subir de telles menaces pour leur vie, et dont il faut protéger les droits et la vie.
Photos d’en-tête : © Dauda Malgwi Samson
