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Épidémies : les alertes précoces comme bases de l’action humanitaire

Publié le mardi 3 juin 2025

La surveillance des épidémies est nécessaire à l’échelle mondiale. Elle subit pourtant elle aussi la tourmente de la fin des financements américains de la solidarité internationale. Ainsi, l’OMS voit ses financements être drastiquement réduits. L’OMS est l’organisation des Nations unies qui a en charge, entre autres, le suivi épidémiologique et la mise en œuvre avec les ONG et les gouvernements – des réponses d’urgence aux flambées épidémiques (campagnes de vaccination, suivi des malades). En perturbant le travail humanitaire, cette atteinte à la surveillance épidémique a un impact en premier lieu sur les personnes qui vivent dans des conditions précaires.

 

Au bon moment au bon endroit

La prévention des épidémies est une part majeure du travail humanitaire. Le repérage des zones à risque épidémique permet de déployer les actions dans les endroits pertinents. C’est le cas du Togo et du Bénin, où les équipes de SOLIDARITÉS INTERNATIONAL ont choisi d’organiser de très nombreux ateliers de sensibilisation à l’hygiène.
Le ciblage géographique sur la base de la surveillance épidémique permet également d’agir une fois l’urgence déclarée. Ce fut le cas en janvier 2025, quand le groupe armé M23 a pris le contrôle de la ville de Goma, en République démocratique du Congo (RDC), et imposé la fermeture des camps environnants. Presque un million de personnes ont dû reprendre la route vers leur localité d’origine, alors qu’une des plus grandes épidémies de choléra frappait le pays. Des groupes de personnes se sont disséminés dans les zones montagneuses peu accessibles, emportant le choléra avec eux. Pour les localiser et leur apporter de l’aide, les équipes de SOLIDARITÉS INTERNATIONAL ont fait le choix de suivre les poches d’émergence de la maladie afin d’établir la carte des points d’eau à réhabiliter et des actions à mettre en œuvre.
 

 

L’importance des alertes précoces

Les conditions de vie et l’environnement sont facteurs de prolifération de nombreuses épidémies, si bien que les camps de personnes réfugiées ou déplacées sont particulièrement vulnérables. La généralisation de la défécation à l’air libre et le manque d’accès à de l’eau et à du savon crée un environnement propice à la propagation des maladies diarrhéiques.

Pour agir avec efficacité et pertinence, il faut que les alertes sanitaires puissent être lancées et que les différents acteurs se coordonnent. C’est le cas, depuis deux ans, dans la ville tchadienne d’Adré, point d’entrée des 860 000 Soudanaises et Soudanais fuyant les graves violences dans leur pays. La construction de latrines dans les camps et la mise en place de l’assainissement permet de ralentir la prolifération des vecteurs comme les mouches et d’anticiper la propagation de virus tel que le choléra. Des efforts de potabilisation de l’eau, comme sa chloration, sont réalisés et les bonnes pratiques d’hygiène sont promues.
Toutes ces mesures sont adossées à une surveillance épidémiologique constante. Les patients des structures sanitaires sont testés, ce qui permet de lancer l’alerte le cas échéant. Les boues noires doivent aussi être testées régulièrement lors de cas de diarrhées aigües afin d’identifier la potentialité du
vibrio cholerae et de sécuriser leur traitement. En l’absence de tests, la maladie ne sera pas détectée et les boues ne subiront pas le procédé adéquat. 

Dans le contexte humanitaire, les épidémies sont une catastrophe supplémentaire qui s’abat sur les personnes déjà victimes de violence et de misère. Ebola sévit en Ouganda et menace la République démocratique du Congo. En République centrafricaine, Bangui subit pour la première fois une épidémie de fièvre jaune. Au Darfour, la rougeole tue, etc… La malnutrition et le manque d’accès au soin aggravent la létalité des maladies comme la Mpox, la fièvre de Lassa ou la rougeole. Empêcher les épidémies d’émerger et de se propager est un enjeu planétaire qui ne peut être abandonné. Alors que des campagnes de vaccination sont déjà annulées en conséquence de la baisse des crédits américains, la question de la surveillance épidémiologique reste ouverte.

Photo d’en-tête : © Guerchom Ndebo / SOLIDARITÉS INTERNATIONAL 

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