Le territoire de Beni, dans la province du Nord-Kivu à l’est de la République démocratique du Congo, est régulièrement confronté à des conflits entre groupes armés et entre communautés. La situation sécuritaire s’est encore dégradée en début d’année 2024. Ces affrontements, en plus des victimes qui les subissent, provoquent d’importants déplacements de populations civiles. Celles qui arrivent sont parties sans pouvoir emporter leurs biens. Celles et ceux qui les accueillent doivent s’adapter pour cohabiter et partager les ressources disponibles. Là où ces hommes, ces femmes et ces enfants s’installent, l’urgence humanitaire percute le besoin d’accompagnement sur le long terme. C’est le travail effectué par SOLIDARITÉS INTERNATIONAL dans le cadre de son projet d’« Assistance multisectorielle pour les populations affectées par les déplacements » mis en œuvre dans le territoire de Beni grâce au financement de la Direction du Développement et de la Coopération (DDC) de la Confédération suisse.
Présente en République démocratique du Congo depuis plus de 20 ans, SOLIDARITÉS INTERNATIONAL accompagne les civils victimes d’exactions et de violences à l’est du pays. Dans le cadre de ce projet, l’ONG contribue à renforcer la résilience des populations affectées par les violences dans le Nord-Kivu, à travers l’amélioration de leurs moyens d’existence et de leurs conditions sanitaires.
Face aux multiples crises, agir au plus près des communautés
Avec Goma, plus au sud, le territoire de Beni est considéré comme l’épicentre des déplacements de population au sein de la province du Nord-Kivu. Selon les Nations unies, elle compte aujourd’hui environ 2,6 millions de personnes déplacées.
« Quand tous ces gens sont arrivés, on a ressenti un changement important, il y avait plus de monde mais de moins en moins d’eau. La nourriture était déjà difficile à trouver et à acheter, alors l’augmentation des prix n’a fait qu’empirer la situation » nous explique Deborha, le visage grave, debout à côté de ses plants de légumes.
République démocratique du Congo
Contexte et action- 102,26 millions d'habitants
- 179ème sur 191 pays pour l'Indice de Développement Humain
- 975 048 personnes bénéficiaires
Les familles ont de moins en moins accès aux champs, aux outils et aux semences pour cultiver la terre, vendre et enfin se nourrir. Un engrenage qui menace la sécurité alimentaire de toutes et tous, alors que le nombre de personnes dans le besoin lui, ne cesse de grandir.
« Pour aider les familles qui nous ont accueillis et gagner un peu d’argent, je travaillais dans les champs. Mais je vivais péniblement avec mes quatre enfants. Il était difficile d’accéder aux vivres, à l’eau potable et je manquais d’argent pour les soins de santé ou encore les frais de scolarité », se souvient par exemple Wivine, une des nombreuses personnes déplacées à Mununze, dans la zone de santé de Mabalako.
Le travail de SOLIDARITÉS INTERNATIONAL s’inscrit dans un contexte marqué par plusieurs types de crise, subies à la fois par les personnes déplacées et par les populations hôtes.
Au-delà de l’urgence, améliorer les conditions de vie des communautés
Dans ce contexte, SOLIDARITÉS INTERNATIONAL a accompagné ces deux dernières années les populations accueillantes et accueillies dans le Nord-Kivu, plus précisément dans les zones de santé de Mabalako, Beni et Oïcha. En plus d’une aide financière apportée aux ménages, ce projet a permis de distribuer plusieurs types de semences (arachides, haricots, maïs, choux, aubergines) à 440 familles, ainsi que des parcelles de terre pour les cultiver. L’objectif est de leur permettre de développer une activité économique sur le long terme.
SOLIDARITÉS INTERNATIONAL a également accompagné les populations à l’utilisation des récoltes, à travers des ateliers et des démonstrations culinaires menés l’an dernier, afin de s’assurer que les personnes qui en bénéficient préparent et consomment des repas équilibrés et diversifiés. Des formations sur les techniques agricoles concernées ont aussi été réalisées, avec un volet « écologie » fléché sur le compostage, les engrais ou encore l’utilisation des pesticides, notamment biologiques.
Photo : © SOLIDARITÉS INTERNATIONAL
Fortes de ces techniques, et pour les aider à faire durer leurs exploitations et ces cultures, une soixantaine de familles ont reçu une aide pour lancer ou relancer leur activité économique à Mavivi, dans la zone de santé d’Oïcha. Chacune a ainsi reçu environ 200 dollars pour investir dans cette activité et la développer à moyen et plus long termes.
« Grâce à cet argent, je loue depuis six mois une cinquantaine de tiges de palmiers, ce qui me permet d’exploiter et d’extraire l’huile de palme. Cette activité me permet de subvenir aux besoins de ma famille, et m’a permis d’acheter une parcelle », raconte Flavien, croisé devant la maison aux murs de terre qui l’accueille désormais, après avoir fui les conflits de sa province de l’Ituri, 200 kilomètres plus au sud.
SOLIDARITÉS INTERNATIONAL accompagne également les populations qui s’organisent entre elles afin d’emprunter mutuellement de l’argent pour financer leurs activités économiques. Un enjeu primordial face au contexte sécuritaire critique.
Espérance, membre d’une association d’épargne et de crédit, est assise au milieu de sa petite boutique, où elle vend quelques vêtements et des haricots. « Dès que je gagne de l’argent, je cotise pour pouvoir emprunter quand j’ai besoin de renforcer mes activités ».
Photo : © SOLIDARITÉS INTERNATIONAL
Garantir l’accès durable à une eau saine
En parallèle, SOLIDARITÉS INTERNATIONAL encourage les populations à adopter de meilleures pratiques d’hygiène, notamment pour prévenir les risques d’épidémies, en particulier de choléra. Des points d’eau et des latrines ont ainsi été construits, avec des aménagements réalisés pour les rendre plus accessibles, notamment aux personnes les plus vulnérables (enfants, personnes âgées ou vivant avec un handicap). Une sensibilisation sur l’importance de ces infrastructures a également été organisée par les équipes de l’ONG.
Dans le cadre de ce projet, la construction d’un réseau d’eau incluant neuf bornes fontaines permet aux familles d’avoir plus facilement accès à l’eau, et de façon plus sûre. Une eau indispensable pour cuisiner, pour l’hygiène personnelle et collective. Les communautés ont aussi reçu des formations à l’entretien et à la maintenance de ces infrastructures, afin de s’assurer de leur pérennité, ainsi que des kits d’hygiène qui comprennent des seaux, des bidons et du savon.
Déplacé à Beni depuis 25 ans, Musubao a troqué sa bêche et ses cultures pour devenir président du comité de gestion d’un point d’eau, dans la localité de Ngadi. Vêtu d’une grande blouse bleue, il vérifie régulièrement l’état de la source d’eau de Mabakima, située à 1 km de chez lui. « Les formations nous ont permis de comprendre comment assurer le maintien d’une source d’eau et l’importance du travail communautaire ».
« J’espère pouvoir continuer à louer ma parcelle » : encore de nombreux défis sur place
Après l’intervention de nos équipes dans la zone, beaucoup de ménages expriment le besoin de continuer à recevoir de l’aide.
Pauline, originaire de Mununze et mère de sept enfants, n’a que deux bidons et aucune possibilité de stocker chez elle, l’obligeant à faire des allers-retours pour aller se fournir en eau. « Nous sollicitions SOLIDARITÉS INTERNATIONAL pour obtenir davantage de bidons et pouvoir stocker l’eau », explique-t-elle. Elle ajoute : « Nous aimerions aussi que le même type d’activités soit mené dans d’autres villages de la région ».
Les défis restent également importants en ce qui concerne les activités agricoles. « J’espère pouvoir augmenter le nombre de tiges et étendre la période de location après le mois de juillet 2024 », nous précise ainsi Flavien, déplacé dans la localité de Mavivi-Ngite.
Le contexte sécuritaire reste très instable dans la région, et la zone risque de continuer à être touchée par des déplacements de populations à moyen et à long termes. Malgré la prégnance des menaces, il faut construire l’avenir dès à présent par des actions de développement. SOLIDARITÉS INTERNATIONAL s’engage auprès des familles congolaises du territoire de Beni pour faire face à cette situation.