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Choléra dans le monde : une convergence de facteurs inquiétants

Publié le mardi 22 novembre 2022

Syrie, Cameroun, Liban, Nigéria, Mozambique… au total, une trentaine de pays a signalé des cas de choléra depuis le début de l’année*. Un chiffre inquiétant qui s’explique par une convergence de facteurs aggravants notamment climatiques, économiques et géopolitiques. Les épidémies de choléra sont plus nombreuses, plus graves et surtout, elles ressurgissent dans des zones qui n’avaient pas été touchées depuis plusieurs dizaines d’années. L’ONG SOLIDARITÉS INTERNATIONAL intervient dans sept de ces pays auprès des populations pour leur venir en aide et tenter de stopper ces épidémies galopantes.  

La région du Borno située dans le nord-est du Nigéria subit cette année une épidémie de choléra très importante. Plus de 11 000 cas ont été détectés depuis mi-septembre. C’est le double de l’année précédente qui était pourtant déjà une des plus grosses épidémies de choléra de l’année…

Chaque année, plus ou moins à la même période, la population de ce gouvernorat doit faire face à cette maladie diarrhéique pouvant être mortelle si elle n’est pas prise en charge rapidement. “Pourtant, le choléra est une maladie facile à soigner mais elle nécessite d’avoir un accès sécurisé à l’eau, l’assainissement et l’hygiène”, explique Emmanuel Rinck, Directeur des opérations de SOLIDARITÉS INTERNATIONAL. Ce qui n’est pas ou peu le cas de cette région touchée par l’insécurité. SOLIDARITÉS INTERNATIONAL, forte de son expérience en matière de prévention des maladies hydriques, vient en aide aux habitants à travers l’amélioration des services d’approvisionnement en eau et assainissement mais aussi en apportant une réponse rapide et ciblée aux épisodes épidémiques.

Cette réponse passe, entre autres, par la distribution de kits d’hygiène comprenant du savon, des pastilles de chlore pour potabiliser l’eau et d’autres articles pour la désinfection des domiciles, ainsi que la sensibilisation autour des pratiques permettant de se prémunir contre les risques de contaminations.  

Une crise dans la crise 

Si le Nigéria fait partie des pays qui doivent affronter des épidémies de choléra chaque année, certains, comme le Liban, n’en avait pas connues depuis très longtemps. « Cela fait 30 ans qu’on n’avait pas vu des cas de choléra au Liban. Cette épidémie est très inquiétante car elle touche un pays dont les infrastructures sanitaires et le système de santé publique se sont fortement affaiblis ces dernières années », témoigne Olivier Leconte, directeur pays de SOLIDARITÉS INTERNATIONAL au Liban.

La crise économique et par conséquent, la dégradation des services (accès à l’eau, santé…) qui secoue le pays depuis plusieurs années est un des facteurs majeurs de l’apparition de cette maladie. La population ayant plus de difficultés à avoir accès à l’eau, elle est obligée de se tourner vers des sources d’eau moins sécurisées et donc, plus à même d’être contaminées.

« Dès l’apparition des premiers cas, nous avons effectué des campagnes de désinfection et du transport d’eau potable par camion mais aussi des séances de sensibilisation aux pratiques d’hygiène. L’ensemble de ces activités fait partie de la chaîne à mettre en place pour juguler cette épidémie », explique Olivier Leconte.   

 

Quand le dérèglement climatique se mêle au choléra 

Le dérèglement climatique et l’augmentation des températures sur le globe ont aussi un lien très fort dans la multiplication des épidémies de choléra. Cette bactérie, comme beaucoup d’autres, apprécie les températures chaudes et se développe mieux dans ces conditions.

« L’augmentation des épisodes de sécheresse entraînant une raréfaction de l’eau donc plus de risques que la population ait recours à des sources d’eau contaminées, suivis d’épisodes de pluies intenses : c’est la recette parfaite pour la propagation des cas lors des épidémies ! », explique Baptiste Lecuyot, responsable du pôle Eau, Assainissement et Hygiène chez SOLIDARITÉS INTERNATIONAL.

La Syrie, par exemple, fait face aujourd’hui à une nouvelle catastrophe : une crise de l’eau. Le niveau de l’Euphrate, principal fleuve du pays, baisse et sa pollution augmente à cause de la sécheresse qui sévit depuis plusieurs mois. La population a du mal à avoir accès à l’eau pour répondre à ses besoins essentiels (boire, se laver, faire la cuisine…) mais aussi pour l’agriculture ou le bétail. Les habitants sont donc souvent obligés de s’approvisionner à des sources d’eau à fort risque de contamination comme le fleuve. Résultat, le choléra a refait son apparition dans tout le Nord Est du pays après avoir disparu pendant plus de 10 ans. Pour tenter de limiter la propagation de la maladie, SOLIDARITÉS INTERNATIONAL distribue de l’eau potable, organise des sessions de promotion à l’hygiène, soutient la recherche active de cas et la désinfection des infrastructures.  

 

Fuir la guerre, trouver le choléra 

Mais le dérèglement climatique et les crises économiques ne sont pas les seuls facteurs pouvant expliquer l’expansion et l’aggravation des épidémies de choléra dans le monde. La géopolitique internationale et, dans un nombre croissant de pays, la dégradation sécuritaire due aux guerres ou aux conflits ont un impact important sur le développement de cette maladie. Fuyant l’insécurité, les populations se mettent à l’abri dans des villes ou des villages n’ayant pas d’infrastructures sanitaires ou les ressources suffisantes en eau pour faire face à l’augmentation de leur population. La destruction des structures de santé, des infrastructures en eau comme les puits ou encore des canaux d’irrigation, à cause des combats, ne fait qu’aggraver la situation. Les conditions d’hygiène sont donc très insuffisantes et toutes les circonstances sont réunies pour un risque de propagation important des souches pathogènes de la bacille Vibrio cholerae. 

Face à l’augmentation du nombre d’épidémies de choléra dans le monde, des solutions à court terme pour répondre aux flambées épidémiques comme les met en place SOLIDARITÉS INTERNATIONAL sont nécessaires. Mais il est aussi important, voire essentiel, d’élargir le spectre de ces solutions en pensant à long terme à travers des programmes de mise en place de services pérennes d’approvisionnement en eau et en assainissement, à travers par exemple, la réhabilitation ou la construction d’infrastructures, ou encore en travaillant avec les institutions locales à renforcer durablement les pratiques d’hygiène permettant aux populations de se protéger de cette maladie.

« C’est l’ensemble de ces solutions à court, moyen et long terme qui permettra aux pays touchés de venir à bout de cette maladie. Malheureusement, réussir à contenir ces épidémies est souvent une question de moyens… », conclut Baptiste Lecuyot.

 

*La pénurie de vaccins contre le choléra entraîne la suspension temporaire de la stratégie à deux doses, alors que le nombre de cas augmente dans le monde, Relief Web

© Ralph Tedy Erol

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